Ranjiv Woochit : « Nous étions tous étonnés lorsque nous avons vu les résultats »

Il s’attendait à être en tête de liste dans la circonscription Pamplemousses/Triolet (No 5) mais a été élu à la troisième place avec un écart de 292 voix du quatrième candidat de l’Alliance Morisien. Ranjiv Woochit, candidat de l’Alliance Nationale, « doute la manière dont se sont déroulées les élections générales » et estime que « l’Alliance Nationale allait former le prochain gouvernement mais qu’à la dernière minute, les choses ont drôlement changé et les résultats obtenus ont provoqué un étonnement ».

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Comment qualifiez-vous le sentiment qui règne dans le pays après les élections générales ?

Je constate une tristesse dans le pays, car personne ne s’attendait à ces résultats. Ceux que j’ai rencontrés la veille de ces élections m’ont dit qu’ils ne peuvent plus continuer avec ce gouvernement en raison de la fraude, la corruption et le népotisme que nous entendons. Se basant dessus, tout le monde a voulu un changement, car nous ne pouvons plus continuer avec ce gouvernement. Et lorsque nous avons organisé notre rallye, nous avions quatre fois plus de voitures que l’Alliance Morisien. Ceci a prouvé que nous allions vers la victoire. De plus, lorsque nous avions vu l’ambiance qui régnait, cela démontrait que nous allions vers une victoire. Nous étions tous étonnés lorsque nous avons vu les résultats.

Selon vous, qu’est-ce qui explique un tel résultat alors que la veille vous étiez confiant que l’Alliance Nationale allait vers la victoire ?

Je pense qu’il y a eu une tricherie surtout lorsqu’on a transporté les urnes des écoles vers le centre de dépouillement. Auparavant, nous avions des éléments de la SMF qui transportaient les urnes. Comment se fait-il que nous ayons des camions du Conseil de District pour la transportation des urnes ? Avions-nous vérifié ces véhicules ? On ne sait pas combien d’agents étaient présents. Il y a plusieurs aspects qui n’ont pas été pris en considération. Je n’ai pas vu mon scellé dans des boîtes et les bulletins étaient très bien classés. Comment peut-on mettre en ordre les bulletins ? Et les policiers m’ont empêché de prendre des photos alors que je suis candidat. Lorsqu’on a ouvert les classes que j’ai remarqué ces anomalies. On a même changé les lois permettant aux gens de voter en présentant d’autres preuves d’identité et non seulement la carte d’identité nationale. La plus grande question est comment cela s’est-il produit ? Les gens me posent cette question. C’est un gouvernement contre nature.

À un certain moment, l’un des candidats de l’Alliance Morisien était à la troisième place et vous suiviez tout près. Aviez-vous peur que vous ne soyez pas parmi les trois premiers à ce moment ?

Jamais de la vie. Au contraire, je pensais toujours à être tête de liste. Je connais la circonscription et, à deux reprises, j’ai été le président du Conseil de District de Pamplemousses. Je connais le nombre de personnes que j’ai aidé et le nombre de maisons où je me suis rendue. J’ai fait du porte-à-porte partout. Il n’y a pas de place où je ne me suis pas rendu. Je suis allé dans des régions les plus difficiles et chez des personnes pauvres où je les ai soutenues. J’ai donné l’assurance aux gens que je serai là pour eux. D’ailleurs, j’ai montré quels sont les projets que j’ai réalisés lorsque j’étais président du Conseil de District. Ces gens ont voté pour moi. Malheureusement, je n’ai pas été élu en tête de liste. Mais si demain on apprend qu’on a changé les boîtes, je sais que je serai fait tête de liste. Je suis la dernière personne qui a quitté l’école. J’étais sûr que j’allais être élu même si j’étais de 1 900 voix derrière le troisième. Mais l’écart s’est raccourci à 300 voix et j’ai terminé sur une avance de 292 voix. Et à ce moment que j’ai quitté l’école. J’étais sûr que j’allais être élu, mais pas à la troisième place. Mais je sais quelque part qu’il y a une tricherie.

Vos deux colistiers ont cependant perdu, contrairement à vous. À quoi attribuez-vous leur défaite et votre victoire ?

S’il n’y avait pas de magouille, mes colistiers seraient élus avec une large victoire. Les habitants de la circonscription s’étaient retournés contre le gouvernement.

Vous attendiez-vous à ce que l’électorat rejette à nouveau le Parti Travailliste ?

À aucun moment, les activistes du PTr, qui sont partis au MSM, y sont restés. Le chiffre est très négligeable. En 2015, nous avions 20 000 votants du PTr à un moment où cette vague a surgi. Aujourd’hui, pour qu’on soit élu, il nous faut 3 000 personnes avec nous. Depuis 2014 à ce jour, nous avons plus de 3 000 personnes qui sont retournées. Le MSM n’a pas d’électorat. Ce sont les travaillistes, qui étaient frustrés, qui sont partis mais ils sont retournés. Je leur ai donné l’assurance que je veillerai sur eux beaucoup plus que lorsque Navin Ramgoolam était présent ici. Je reçois des gens tous les jours chez moi. Je n’étais pas intéressé à avoir un ticket, car je fais du social, et ce sans rien attendre en retour. Si j’étais resté chez moi sans faire de campagne, j’aurais été élu. Je suis aussi populaire car je fais du social. Lorsque j’étais à l’école, personne n’a utilisé de langage déplacé. Une partie du MSM a voté pour moi. Je n’ai pas fait une campagne dénigrante contre mes adversaires. J’avais rencontré le ministre Soodesh Callichurn et nous avons discuté pour une campagne civilisée.

Pensez-vous que l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, aurait pu se faire élire à nouveau au No 5 ?

Il aurait été élu ici. Les gens qui sont retournés vers le PTr sont nombreux. Et si Navin Ramgoolam était retourné, je crois que Soodesh Callichurn serait le seul élu. Mais si on n’avait pas triché, on aurait eu un 3-0. J’avais demandé à Navin Ramgoolam de retourner au No 5 et je lui ai dit que les gens l’aiment plus qu’un Woochit. Je lui ai dit que rien n’est trop tard et de retourner au No 5 car les gens l’aiment bien. Il m’a dit qu’il me fait confiance que je veillerai sur les habitants de la circonscription et qu’il avait déjà pris sa décision.

Contrairement à l’Alliance Morisien et l’Alliance Nationale, les candidats du MMM ont obtenu peu de votes. Étant donné que vous êtes habitant de cette circonscription, que pouvez-vous dire sur leur performance ?

Tout le monde sait que le MMM ne sera jamais élu dans les villages. Le nombre de votants du MMM est de 14 000 et, aujourd’hui, ils ne sont que 9 000. Je trouve drôle que Paul Bérenger n’agisse pas. Si ce n’est pas aujourd’hui, demain, lorsque ses membres exécutifs lui poseront des questions, il devra répondre.

Quelle est la leçon que vous retenez de ces élections ?

J’ai fait plusieurs élections, j’ai même été Campaign Manager mais il s’est produit plusieurs choses louches pour celles de cette année. J’ai constaté que les fonctionnaires étaient complices dans ces élections générales. Nous sentons un parfum de complicité à tous les niveaux. Lorsque nous analysons le “body language” des candidats le jour du scrutin, ils se demandaient s’ils auront une sécurité lorsqu’ils partiront chez eux car, moralement, ils savent qu’ils perdaient. Comment se fait-il qu’on célébrait le soir après le scrutin ?

Quelles sont maintenant vos priorités étant donné que vous ferez bientôt votre entrée à l’Assemblée nationale ?

Tous les dossiers qui concernent les administrations régionales seront analysés. J’ai été président du Conseil de District à deux reprises et je veillerai de près tout ce qui concerne les administrations régionales. J’avais un rêve sur ce que je voulais faire une fois au gouvernement. Dans le monde entier, on fait le tri des déchets, mais pas à Maurice. Lorsque la fosse de Mare Chicose a été remplie, nous avons délogé les habitants de cette région et avons fouillé une autre fosse et nous avons continué à tout y jeter.

À aucun moment, nous n’avons trié les déchets pour la production de l’énergie. Je voulais aussi que ceux qui travaillent dans les municipalités et les conseils de districts d’asphalter leurs routes en leur donnant des équipements. On pourrait aussi changer les ampoules des lampadaires dans les rues. Nous avions le projet Maurice Île Durable et j’avais fait venir des ampoules économiques à Maurice. Lorsque j’étais président du Conseil de District, j’avais réalisé un projet pilote à Mapou en installant des ampoules économiques. Grâce à ce projet, le tarif d’électricité avait baissé de Rs 47 000 à Rs 16 000. Il nous faut uniformiser la lumière sur tout le pays. Il n’est pas possible que les ampoules installées dans certaines régions soient plus faibles que d’autres. Malheureusement, je ne pourrais pas le réaliser. J’avais beaucoup d’idées pour le pays mais la manière dont les élections se sont déroulées, c’est décourageant. En toute honnêteté, nous avions une grande vision pour le pays.

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