Shalinee Valaydon, médaillée d’or : «On ne devient pas un homme en pratiquant l’haltérophilie»

Star montante de l’haltérophilie, Shalinee Valaydon n’est plus une inconnue à Maurice. Cette championne d’haltérophilie a décroché trois médailles d’or dans la catégorie de plus de 87 kilos lors des récents Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI), qui se sont tenus à Maurice du 19 au 28 juillet dernier. Rencontrée à son domicile, Shalinee Valaydon confie qu’elle s’était « préparée » pour ces trois médailles d’or. Elle promet de revenir pour les prochains JIOI, qui se tiendront aux Maldives. Cette fois, pas en tant que participante, mais en tant qu’entraîneuse. Rencontre.

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Shalinee Valaydon, âgée de 31 ans, est étudiante en “Sports Coaching” à l’université de Maurice. Son plus grand rêve, c’est de devenir entraîneur en haltérophilie. Avec déjà dix années d’expérience dans cette discipline, elle se dit prête à assumer ce nouveau rôle. D’ailleurs, elle confie qu’après avoir participé à quatre éditions des Jeux des Îles de l’océan Indien, elle souhaite renouveler l’expérience en 2023, pas en tant que participante mais plutôt en tant qu’entraîneur. « Je pense que je participerai à des compétitions pendant encore deux ou trois années, le temps que je complète mes études. Ensuite, je pratiquerai en tant qu’entraîneur. D’ailleurs, c’est ce que je souhaite être pour la prochaine génération d’haltérophiles dans le cadre des prochains JIOI », confie-t-elle.

Ancienne élève du collège N. Saddul, à Vacoas, Shalinee a commencé à pratiquer le sport alors qu’elle n’avait que 11 ans. « À l’époque, je me suis lancée dans l’athlétisme, notamment à l’école de l’athlétisme de Vacoas-Phoenix. Je me suis aussi inscrite au centre de formation en athlétisme. J’ai pratiqué cette discipline jusqu’à l’âge de 17 ans. Puis, j’ai opté pour l’haltérophilie », relate Shalinee.

Et d’ajouter que, dans un premier temps, l’haltérophilie ne l’intéressait guère, car, comme la majorité des filles, elle percevait l’haltérophilie comme un sport d’homme. Mais, très vite elle s’est passionnée pour cette discipline. « Quand j’ai commencé à pratiquer l’haltérophilie, j’ai réalisé que j’avais non seulement le talent mais aussi beaucoup de potentiel. Physiquement, je suis une fille très forte et cette qualité m’a encouragée à aller de l’avant », dit-elle.

Shalinee est seul le membre de sa famille à s’être professionnalisé dans le sport. « Quand j’ai réalisé que j’avais un bon niveau, j’ai décidé d’aller de l’avant avec le soutien de ma famille. Ainsi, j’ai pris part à mon premier Championnat d’Afrique qui s’est tenu au Maroc, dans la catégorie Junior. C’était ma première compétition et j’avais ramené une médaille d’argent, ce qui a confirmé mon potentiel pour ce sport. Ensuite, il y a eu les JIOI en 2007 lors desquels j’ai remporté une médaille d’or et deux médailles d’argent », raconte la jeune sportive. Au cours de sa carrière, Shalinee a participé à quatre éditions des Jeux du Commonwealth et également à quatre éditions des Jeux des Îles de l’océan Indien. Elle précise avoir ramené trois médailles lors des trois dernières éditions des Jeux des Îles, à savoir 2011, 2015 et 2019.

Ses performances lui ont permis d’entrer dans la sélection nationale. Depuis, elle n’a fait qu’avancer sans regarder en arrière. « Outre le soutien de ma famille, j’ai été grandement motivée par mon entourage, en particulier mon entraîneur Gino Sooprayen. Il a toujours été là pour moi, surtout dans les moments les plus difficiles. À un certain moment, j’envisageais d’abandonner en raison de plusieurs blessures que j’ai eues pendant mes entraînements mais il a été ma motivation pour ne pas baisser les bras », précise Shalinee.
La femme a-t-elle sa place dans l’haltérophilie, perçue comme un sport d’homme ? Shalinee déclare qu’à Maurice les femmes ont plus de potentiel dans cette discipline que les hommes. « Lors des récents JIOI, quatre filles ont ramené chacune trois médailles d’or. Que ce soit sur le plan local ou international, les filles ont une meilleure performance en haltérophilie que les garçons. Ce sport est divisé en plusieurs catégories et il commence à partir de 45 kilos.

L’haltérophilie est définitivement un sport difficile mais est adaptée aux femmes également. Les qualités requises sont notamment la force, la maîtrise des techniques et surtout la motivation », fait-elle ressortir.
Et d’ajouter qu’à ce jour, peu de femmes pratiquent cette discipline mais beaucoup y montre un intérêt.  « J’invite les filles à venir essayer l’haltérophilie qui, pour moi, est un moyen de s’exprimer. De plus, c’est l’occasion de pratiquer un sport olympique qui permet de prendre part à des compétitions internationales. L’haltérophilie ne change pas le corps d’une femme. On ne devient pas un homme quand on pratique ce sport. D’ailleurs, moi, j’ai toujours été très féminine, je prends bien soin de moi, je me maquille comme toutes les filles », indique notre sportive.

Interrogée sur son quotidien, Shalinee explique qu’il ne lui reste pratiquement pas de temps pour les loisirs. « Ma vie tourne autour de mes entraînements, mes stages à l’étranger, les compétitions et mes études. Je trouve rarement du temps pour les loisirs. Mais je ne le regrette pas. Cette année-ci, nous sommes partis en stage deux fois. J’ai fait trois mois en Roumanie et, à mon retour, j’ai dû reprendre l’avion pour me rendre en Égypte pour le Championnat d’Afrique auquel j’ai remporté trois médailles d’argent. Tout de suite après, je me suis rendue en Chine pour deux mois. Puis, il y a eu les JIOI. Les Jeux d’Afrique sont prévus dans trois semaines et en ce moment je me prépare pour cet événement. Mon objectif est de remporter au moins une médaille d’or. Dans mon palmarès, il ne me manque que la médaille d’or aux Jeux d’Afrique », avance Shalinee.

La sportive avance que sa journée est bien planifiée. Elle se rend à son entraînement qui dure deux heures, soit de 10h à midi. Puis, elle se repose jusqu’à 16h avant d’entamer une deuxième séance de trois heures. Les samedis, elle n’a qu’une séance d’entraînement. Puisqu’elle est étudiante à temps partiel à l’université, Shalinee doit aussi trouver du temps pour ses études. Elle soutient que le sport n’affecte pas celles-ci, car elle sait trouver la balance. « Ce trimestre sera un peu difficile pour moi puisque je n’étais presque pas à Maurice pendant ces derniers mois. J’ai raté mes cours mais j’ai quand même pris part aux examens. J’attends les résultats et on verra ce que cela donnera », dit-elle.

Shalinee confie qu’elle rêve de devenir entraîneur, d’où la raison pour laquelle elle ne veut pas que ses études soient affectées. « Ma carrière en haltérophilie s’étale sur dix années et je souhaite partager mon expérience avec d’autres jeunes, surtout les femmes. Avoir une femme comme entraîneur, pourrait les motiver davantage. À ce stade, nous n’avons pas d’entraîneur femme en haltérophilie à Maurice mais j’aspire à être la première. Mon objectif est de former une nouvelle génération d’haltérophiles pour assurer la survie de ce sport à Maurice », explique-t-elle.

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