VOYAGE—LES JEUNES DU CEDEM: L’émerveillement devant le paysage rodriguais

Durant les dernières vacances pascales courant avril, 13 jeunes du Centre d’éducation pour le développement des enfants mauriciens (CEDEM), souffrant de handicap physique ou mental, ont eu l’occasion de découvrir l’île Rodrigues lors d’un voyage de cinq jours. Un dépaysement total, loin des parents, qui les a émerveillé.
Donner l’occasion à ces jeunes d’échapper à leur quotidien, souvent fait de souffrance due à leur handicap, découvrir un nouvel environnement et une nouvelle culture – quasiment inaccessibles pour bon nombre d’entre eux pour des raisons financières ou de mobilité physique – et se détendre sont les objectifs que s’est fixés le CEDEM en entamant les préparatifs de ce voyage, pendant trois mois.
Pour Sarojinee, mère de Senthyl, âgé de 16 ans, c’est l’élément déclencheur qui a donné envie à son fils de partir. « Senthyl n’aime pas quitter la maison », raconte-t-elle. « Avec la préparation du personnel du CEDEM avant le départ, cela a été plus facile. Il a bien aimé. Pour lui, ce n’était pas son premier voyage à l’étranger, mais c’est la première fois qu’il allait se retrouver sans moi. » Senthyl vit avec sa mère à Quatre-Bornes. Pour s’assurer du bon déroulement du séjour, sa mère était en contact avec les accompagnateurs, à Rodrigues. « Il m’a manqué, mais cela a été une expérience très enrichissante pour lui. Et je me dis qu’un jour, il pourra être indépendant s’il a des facilités nécessaires autour de lui et des personnes qui l’accompagnent. Je suis contente. »
« C’était très joli ! » raconte Sirima, une jeune de 21 ans qui découvrait pour la première fois l’île. « J’ai bien aimé la piscine et les tortues. » Mais, poursuit-elle, « je ne me suis pas approchée d’elle parce que j’avais peur ». Sirima était aussi captivée par les paysages marins et terrestres. « On a été à Cavernes Patates, mais je ne suis pas rentrée parce que j’avais peur du noir », avoue-t-elle.
Résidents à la Villa Coco, à Caverne-Provert, la petite communauté du CEDEM a eu l’occasion de sillonner Rodrigues dans un bus de location, mais aussi dans le transport public. « Ils étaient complètement dépaysés parce que Rodrigues est si différente de Maurice. Il n’y a pas de bâtiments, comme on voit chez nous. On croise des animaux dans la rue. Ils pouvaient avoir vue sur la mer de l’intérieur, ce qui est assez différent de Maurice. C’était très agréable. Ils ont été un peu choqués aussi par toute cette nouveauté », raconte Yukime Venkatasawmy, animatrice et accompagnatrice du CEDEM. « Ils ont été très frappés par l’accueil des Rodriguais. A Rodrigues, les bus vous attendent, même si vous êtes loin. Ainsi, pour ceux qui ont un handicap physique par exemple, ils ne sont pas bousculés. Ils ont bien aimé », ajoute notre interlocutrice.
Loin, des parents, c’était une opportunité pour eux de découvrir leur potentiel d’indépendance puisqu’ils étaient appelés à prendre soin d’eux-mêmes, sous le regard des éducatrices certes, mais « pas comme à la maison, où maman et papa font tout », témoignent des parents. « Linn extra kontan », affirme Rajeshree, mère de Neha, atteinte d’un handicap mental. A 23 ans, le rêve de la jeune fille était de devenir hôtesse de l’air, souligne encore sa mère. « A sak fwa ki avion passe, li dir enn zour li pou vinn otess », ajoute-t-elle, heureuse aussi de voir sa fille se débrouiller loin d’elle avec ses amies, sous la responsabilité des accompagnateurs.
Au Mauricien, Sehenaz Hossain Saeb, directrice du CEDEM, explique la genèse du projet : « Cela fait très longtemps, peut-être 15 ans, qu’on n’a pas organisés de voyage à Rodrigues. En marge de la fête de l’indépendance, on a commencé à parler de la République de Maurice avec ses îles, dont Rodrigues. Comme les sorties éducatives et le camping font partie du programme du CEDEM, on a alors décidé de préparer ce voyage. Mais on n’était pas certains qu’il se concrétiserait. On a aussi organisé une levée de fond en vendant des gâteaux. On a fait appel aux sponsors et les parents qui ont les moyens ont aussi contribué à le rendre réel. Ils voulaient également offrir cette expérience aux enfants comme une forme de thérapie. Il est très important pour le développement de l’enfant de pouvoir vivre seul sans ses parents. Et le changement de lieu aide aussi à ce bien-être. »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -