Zone de libre-échange continentale : « Le commerce intracontinental est beaucoup trop faible », plaide Charles Cartier

Il annonce une stratégie pour développer des centres d’excellence manufacturiers à Maurice

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Le président de l’Economic Development Board (EDB) Charles Cartier, qui participait la semaine dernière à un “Stakeholders Workshop” organisé par Vision Network Africa sur la zone de libre-échange continental, est d’avis que le commerce intracontinental « est beaucoup trop faible ». L’atelier de travail a été inauguré par le vice-président de la République, Eddy Boissezon. D’ailleurs, ce fut la dernière intervention de Charles Cartier en tant que tel puisque le siège de Chairman de l’Economic Development Board a été déclaré vacant depuis la fin de la semaine dernière.

Charles Cartier a annoncé la volonté de l’EDB « de rehausser la connectivité et d’améliorer le  commerce intrarégional ». De plus l’EDB, en collaboration avec les ministères, institutions gouvernementales et agences régionales concernés, formulera une stratégie pour développer des centres d’excellence manufacturiers à Maurice.

Charles Cartier a souligné la détermination des dirigeants du continent « de façonner un avenir meilleur pour l’Afrique ». C’est ainsi qu’en 2018, 44 pays ont adhéré au cadre légal menant à la création d’Afrique sans frontières, a-t-il rappelé. Deux ans après, le nombre de pays africains qui se sont joints à la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) s’élève à 54. Ce qui constitue la plus grande zone de libre-échange du monde. « Ce projet phare vise à approfondir l’intégration régionale et à stimuler la coopération économique entre les États membres pour favoriser une croissance inclusive et surtout libérer le potentiel du continent. La ZLEC africaine engage les pays à supprimer les droits de douane sur 90% des marchandises, à libéraliser progressivement le commerce des services et à éliminer une multitude d’obstacles non tarifaires, notamment le protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de séjour, le droit d’établissement et le Marché unique africain du transport aérien », a observé M. Cartier.

Comme d’autres intervenants à l’ouverture de cet atelier de travail, Charles Cartier a souligné  que l’Afrique « est pleine de promesses et de richesses inexploitées » provenant du pétrole et des minéraux et d’une grande quantité de terres arables. « Le continent abrite une abondance de ressources naturelles, notamment des diamants, de l’or, du pétrole, du gaz naturel, de l’uranium, du platine, du cuivre, du cobalt, du fer, de la bauxite, de l’argent, etc. Il possède environ 30% des ressources minérales restantes de la terre et près de 60% des terres arables disponibles dans le monde. Pourtant, le décollage économique de l’Afrique demeure instable et le continent reste fragmenté », constate Charles Cartier.  Il a observé « que le commerce intracontinental ne représente qu’environ 17% de la valeur totale du commerce africain, ce qui est nettement inférieur à son équivalent pour la plupart des autres blocs régionaux tels que l’ANASE (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) et l’Union européenne (UE), soit près de 60% ».

Charles Cartier s’est dit convaincu que la mise en œuvre de la ZLEC « donnera un nouvel élan économique à la région ». Il créera un marché africain unique de plus d’un milliard de consommateurs avec un PIB total de plus de USD 3 000 milliards. La Commission de l’UE estime que la ZLEC, couplée à d’autres mesures complémentaires de facilitation des échanges qui accéléreront et réduiront le coût des procédures douanières et de la manutention portuaire, portera la part du commerce intra-africain à 22% du commerce total d’ici 2022. En outre, l’établissement d’une Afrique sans frontière» devrait stimuler le PIB de l’Afrique de 1% et l’emploi total de 1,2%.

« Il est clair que le potentiel commercial serait libéré une fois que la ZLEC sera mise en œuvre et offrirait aux pays africains des avantages considérables. Cet accord continental changera la donne pour stimuler le commerce intra-africain et, de la même manière, il créera de nouvelles opportunités pour Maurice », a souligné M. Cartier. Il estime que l’élimination des barrières non tarifaires, l’harmonisation des lois commerciales et la standardisation des processus seront bénéfiques pour les exportations mauriciennes. Tirant profit du potentiel inhérent à la ZLEC, les produits mauriciens bénéficieront ainsi d’un avantage concurrentiel et accéderont à un marché africain plus diversifié. « Cela stimulera en effet les exportations mauriciennes vers l’Afrique qui représente actuellement environ 23% de nos exportations annuelles totales. Maurice  peut également jouer un rôle plus important dans la région et consolidera sa position de couloir commercial entre l’Asie et l’Afrique », a-t-il déclaré.

Charles Cartier a rappelé que Maurice connaît une balance commerciale négative. « Toutefois avec le vent de changement sur le marché mondial à la suite des nombreux défis tels que la libéralisation du commerce, le Brexit et plus récemment l’épidémie du nouveau coronavirus, la mise en œuvre de la ZLEC déclenchera indéniablement de nouvelles opportunités commerciales pour Maurice », a-t-il expliqué.

Pour Denise Kodhe qui préside Ecosoc, le but de l’atelier de travail est « d’impliquer d’avantage les citoyens dans le processus de  création de la Zone de libre-échange continental qui sera opérationnelle bientôt ». La réunion est organisée par le Chapitre d’Ecosoc à Maurice. « Nous voulons travailler avec les pays membres comme un partenaire des autorités du pays et aider à ce que les populations africaines puissent se familiariser et se rencontrer de façon à porter ce projet à la base dans chaque pays ».

Vikash Chintaram, président de l’AfCFTA, a déclaré que Maurice fait partie intégrante de l’Afrique tout en gardant son identité. « Notre objectif est de toucher chaque personne à travers tout le continent, qu’il soit un grand chef d’entreprise, un petit planteur ou un simple petit détaillant. Chacun doit pouvoir s’intéresser au processus menant vers la Zone de libre-échange continental », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Le continent africain est une enveloppe économique mondiale énorme. Non seulement, il compte 1,3 milliard d’habitants, mais il dispose de 60% des terres arables et peut être le grenier du monde. Sa jeunesse qui représente 30% de la population africaine constitue une force énorme sans compter les ressources naturelles. Il s’agit pour nous de porter tout cela à la connaissance d’un maximum de Mauriciens. »

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