1er mai : la guerre des foules aura bien lieu

La célébration du 86e anniversaire de la Fête du travail à Maurice prendra inéluctablement cette année l’allure d’une confrontation nationale entre les principaux partis politiques en vue des élections générales, que beaucoup pensent derrière la porte. Pour la première fois depuis plusieurs années, la guerre des foules aura bien lieu cette année. L’année dernière, après la pandémie de Covid-19, le MSM avait mobilisé ses partisans en solitaire à Vacoas. Cette année, nous nous attentons à un affrontement entre les deux principales alliances, soit celle de la majorité parlementaire et celle de l’opposition, qui se réuniront respectivement à Vacoas et Port-Louis. Le regroupement extraparlementaire Linion Moris fera, de son côté, son baptême du feu à Rose-Hill.
Les deux principaux protagonistes, à savoir le MSM-Linite Militant d’une part, et l’alliance Ptr-MMM-ND d’autre part, ont jeté tout leur poids et toute leur énergie ces dernières semaines dans une campagne de mobilisation à travers l’île. L’alliance gouvernementale avait donné à un moment l’impression d’avoir pris une avance sur le terrain. Mais depuis la semaine dernière, après le remplacement du PMSD par le parti Nouveaux Démocrates, les partis de l’alliance de l’opposition ont battu le rappel de leurs troupes, rattrapant leur retard sur le terrain avec l’organisation de plusieurs réunions des activistes quotidiennement. Il est intéressant de noter que Linite Militant mène campagne séparément de son partenaire du MSM, tout en avançant dans la même direction. Pour sa part, le PMSD devait annoncer ses couleurs aujourd’hui lors d’une conférence de presse pour, entre autres, inviter ses partisans à Grand-Gaube le 5 mai prochain.
Le Parlement, qui visiblement a perdu son âme et son caractère de temple de la démocratie, a été relégué en deuxième position. Le présent Speaker est devenu la cible privilégiée des partis de l’opposition, qui utilisent allégrement son image pour effrayer la population et démontrer la catastrophe qui attend le pays si le Speaker devait retrouver son poste après les élections.
Au fur et à mesure qu’on s’approche du 1er mai, le ton des orateurs sur les différentes plateformes se durcit. Pour l’opposition, le meeting de mercredi est comparé à une mini-élection générale. Elle veut faire de ce meeting prévu devant la municipalité de Port-Louis une manifestation de force afin non seulement de galvaniser ses partisans pour les prochaines élections, mais aussi pour démontrer qu’elle est à la porte du pouvoir. Mais le leader du MSM et chef du gouvernement, Pravind Jugnauth, n’y va pas de main morte non plus, affirmant jeudi soir à Vacoas : « Mo pas kwar nou anvi met pei dan lame bann rapas ! »
Il va de soi que cette joute politique qui dominera la semaine prochaine sera suivie avec beaucoup d’intérêt par les électeurs et la population toute entière. D’aucuns souhaitent que le choc verbal, qui est inévitable, soit également l’occasion d’un choc des idées. On espère ainsi que de ce choc jaillit la lumière, notamment en ce qui concerne les propositions et les programmes électoraux et gouvernementaux. Sinon, ces meetings ne seront que des bruits passagers. La population a besoin de voir avec clarté quels seront les enjeux des élections et ce que proposent les uns et les autres pour redonner confiance en l’avenir, non pas à travers des dons ponctuels, mais à travers des projets et programmes concrets concernant la gouvernance, la démocratie et les institutions du pays.
Il ne faut pas non plus perdre de vue que le 1er mai marque la célébration de la Fête du travail à travers le monde. À Maurice, ce sera l’occasion de se souvenir que le premier meeting du 1er mai a été organisé en 1938 sous l’impulsion du Dr Maurice Curé, d’Emmanuel Anquetil et de Pandit Sahadeo. Il avait marqué un tournant dans l’histoire politique du pays. Ce sera également l’occasion d’avoir une pensée spéciale pour Guy Rozemont, qui a mené une lutte acharnée pour que, finalement, le 1er mai soit décrété jour férié à partir de 1950. Bonne Fête du travail à tous les travailleurs du pays.

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Jean Marc Poché

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