Le Central CID a procédé, hier, à l’arrestation du skipper Mike Brasse à son retour de l’île de La Réunion. Il est accusé d’entente délictueuse avec l’ancien commissaire de police, Karl Mario Nobin au sujet de l’octroi d’un passeport en vue d’un déplacement à La Réunion en septembre 2016.
Dès sa descente d’avion peu avant 15 heures au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport, alors qu’il a voyagé sous escorte de deux gendarmes réunionnais, cet habitant de Grand-Baie a dû se plier aux protocoles sanitaires en vigueur avec un test PCR. Il avait déjà été vacciné contre le Covid-19 lors de sa détention à La Réunion où il avait été condamné à une peine de huit ans de prison pour trafic de drogue.
Une fois les résultats obtenus après plus d’une heure, une équipe du Central CID l’a conduit directement aux Casernes centrales où il a été informé des allégations portées contre lui. Puis, il a été placé en détention à Alcatraz. Il est attendu au tribunal de Port-Louis ce mardi où il doit faire face à une accusation d’entente délictueuse.
La police reproche au skipper d’avoir ourdi un complot avec l’ex-commissaire de police pour bénéficier d’un Temporary Passport en septembre 2016 pour se rendre à l’île sœur. Officiellement, il devait récupérer son bateau, « Ilot Gabriel », en réparation sur place.
L’interrogatoire de Mike Brasse n’a pas encore débuté hier étant donné qu’il était fatigué et qu’il n’avait pas d’avocat. Ses proches ont contacté un membre de l’équipe d’avocats des Avengers pour l’assister, mais le Central CID ne l’a pas encore rencontré pour confirmation et établir un calendrier de travail.
L’équipe du DCP Heman Jangi dispose de plusieurs éléments pour soutenir des soupçons de bonnes relations entre l’ex-CP Nobin et le skipper. Au moment de son arrestation en décembre 2020, Mario Nobin a nié avoir fait une faveur ou exercé des pressions sur ses subordonnés pour que Mike Brasse obtienne un passeport pour se rendre à l’île sœur.
Ce dernier a été appréhendé par des douaniers dans le port de St-Rose en novembre 2016 à bord du bateau Sweet Love Mama en compagnie des Mauriciens Royce Almonzo Capdor et Kamil Osman Mohamed. Ils ont tenté d’embarquer 42,2 kg d’héroïne et 6,2 kg de haschich d’une valeur marchande de Rs 640 millions. En 2018, le tribunal de St-Denis avait condamné Mike Brasse à huit ans de prison, alors que ses deux complices ont respectivement écopé de quatre et trois ans.
Outre le Central CID, l’Anti Drug & Smuggling Unit (ADSU) compte interroger Mike Brasse pour obtenir des informations sur le réseau de drogue pour lequel il a travaillé. Lors de son procès à l’île sœur, il a évoqué le nom de Toto comme étant le commanditaire des Rs 640 millions de drogue. La brigade anti-drogue veut en savoir plus sur le dénommé Toto. L’ADSU a pour le moment une idée derrière l’identité de ce personnage, mais elle souhaite avoir la confirmation auprès du skipper.
Mike Brasse intéresse également l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), qui enquête sur le patrimoine financier de Mike Brasse et ses acolytes. D’ailleurs, l’équipe de Navin Beekarry avait arrêté Jean-Noel André à Rodrigues pour l’achat du bateau 20 Degré Sud à Rs 2,4 millions auprès du skipper. L’ICAC souhaite interroger Mike Brasse sur plusieurs autres transactions suspectes.