Assemblée Nationale : Shakeel Mohamed se fait expulser pour sa dernière PNQ

  • Le leader de l’opposition au Speaker : « Shame! Shame! You are a shame to this office. You are the prtextor ou are worth nothing else »
  • Quatre séances de suspension pour Shakeel Mohamed et trois pour Mahend Gungaparsad en sus de leur expulsion du jour
  • L’axe Ittoo/Jugnauth ramène de nouveau la connexion Richard Duval/Cindy Legallant à La Terrasse du SSRIA, avec mention des 89 VIP Facilities à l’aéroport accordées à Nandanee Soornack
  • Le PM catégorique : « Le rapport de la Court of Investigation sur le naufrage du MV Wakashio ne sera pas rendu public pour le moment »

Avec ce qui semble être sa dernière prestation en tant que leader de l’opposition, du fait du come-back parlementaire d’Arvin Boolell, Shakeel Mohamed s’est fait virer de l’hémicycle par le Speaker, Sooroojdev Phokeer. Et ce, même sans avoir pu compléter l’exercice axé sur les prix en hausse des médicaments dans le circuit commercial privé. Il a écopé de quatre séances de suspension des travaux de l’Assemblée nationale. Le député travailliste Mahen Gungapersad a aussi été sanctionné de trois séances, en sus de son expulsion pour avoir déclaré « You are a Shame! » lors de la première tranche des travaux. De son côté, le député de l’opposition Farhad Aumeer s’en est sorti avec un Final Warning et un rappel que pour la précédente séance, il avait été Named, mais sans aucune sanction imposée.

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Acculant la ministre du Commerce Dorine Chuckowry sur le dossier des prix des produits pharmaceutiques , le leader de l’opposition du jour, Shakeel Mohamed, avait allégué que les autorités ont refusé jusqu’ici de mettre en application des recommandations favorisant des importations pharmaceutiques parallèles, tout simplement pour privilégier la firme Hyperpharm Ltd, dont le siège social est situé dans la circonscription de Quartier-Militaire/Moka (No 8).

La seule mention de Hyerpharm Ltd par le leader de l’opposition a provoqué des allergies politiques, au point où Sooroojdev Phokeer est intervenu avec véhémence pour souligner « either you withdraw the word protect or I disallow the whole question ». Cette menace ne devait nullement atténuer l’ardeur de Shakeel Mohamed, qui en a ajouté une nouvelle couche en affirmant que « in the process, they are protecting Hyperpharm Ltd ».

À partir de là, l’escalade des invectives était engagée, avec le Speaker répondant : « I am asking you to withdraw from the Chamber and I’m naming you ! ». Ce à quoi, Shakeel Mohamed devait répondre promptement : « I know my name. » Sans compter qu’il lancera à l’encontre de Sooroojdev Phokeer : « You are a shame to this office. You are worth nothing else. You are the protector of ghese anti-democrats! You are a shame to this democracy. »

Le Speaker s’est contenté de répondre : « You will accept my order. You are doing cinema. Please walk out… ! » Dans un premier temps, le leader de l’opposition se fera accompagner des autres parlementaires du Parti travailliste, qui regagneront ensuite leurs places dans les travées pour la suite du Question Time, avec le député Gingapersad se faisant taper sur les doigts pour des propos qui n’auront pas plu au Speaker.

Pour le Prime Minister’s Question Time, Ashley Ittoo, de la majorité gouvernementale, persiste et signe avec la connexion Richard Duval/Cindy Legallant, notamment le passage à La Terrasse au départ du Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, prendra un malin plaisir à souligner que l’ex-Parliamentary Private Secretary Richard Duval avait fait une fausse déclaration en présentant la trafiquante de drogue Cindy Legallant comme sa cousine en reprenant une strophe du séga bien connu « Kouzin, kouzinn, fer mwa kontan bell kouzinn ! ».

Dans le même temps, l’ancien Premier ministre et leader de l’alliance PTr/MMM/ND, Navin Ramgoolam, n’a pas non plus été épargné. Pravind Jugnauth a ainsi révélé que Nandanee Soornack, à l’étranger depuis le lendemain des élections législatives de décembre 2014, avait bénéficié, à l’époque de Navin Ramgoolam en tant que Premier ministre, et en pas moins de 89 occasions, de VIP Facilities au départ du Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport.

De son côté, signant son retour au sein de l’hémicycle, après avoir purgé sa suspension, avec la première interpellation au Prime Minister’s Question Time, Joanna Bérenger a essayé en vain d’obtenir la publication du rapport de la Court of Investigation sur le naufrage du MV Wakashio et la marée noire catastrophique le long de la côte sud-est en juillet/août 2020. Le Leader of the House a été catégorique : « Ce rapport ne sera pas rendu public pour le moment. »

Pour la Private Notice Question, Shakeel Mohamed s’est appesanti sur les prix des produits pharmaceutiques. Il a ainsi demandé à la ministre du Commerce et de la Protection des consommateurs, Dorine Chukowry, si, eu égard à la hausse constante des prix des médicaments à Maurice, et ce, malgré les Consumer protection (Pharmaceutical Products) (Maximum Mark-up) Regulations de 2023, elle pouvait dire si le gouvernement comptait introduire des mesures urgentes pour alléger le fardeau des consommateurs. Ce à quoi la ministre a répondu que la santé de la population « constitue une des priorités du gouvernement ». Elle ajoute au passage que le budget consacré aux produits pharmaceutique s’élève à plus de Rs 1,5 milliard.

« Les patients peuvent choisir de se faire traiter gratuitement dans les hôpitaux publics ou de payer dans le privé. Par conséquent, les consommateurs peuvent être affectés par les prix pratiqués sur le marché s’ils choisissent d’avoir recours à un médecin du privé », dit-elle. Ainsi, selon elle, 75% des patients ont recours au service public, contre 25% donc pour le privé. Elle explique toutefois que les prix des médicaments sont affectés par plusieurs facteurs, notamment le contenu chimique, le coût de production ainsi que la stratégie commerciale des producteurs.

Dorine Chukowry fera aussi comprendre que, selon les informations obtenues du ministère de la Santé, depuis la pandémie de Covid-19, le pays a connu une pénurie d’ingrédients actifs pour la production de produits pharmaceutiques au niveau international. Ce qui, poursuit-elle, a un impact direct sur le prix final des médicaments. « De plus, les prix des produits pharmaceutiques sont affectés par le fait que les cargos doivent effectuer des trajets plus longs pour le transport maritime de produits », indique-t-elle. Sans compter que certains pays sont disposés à payer des prix plus élevés que ceux offerts par Maurice.

Les prix des produits pharmaceutiques sont affectés par trois composantes, explique-t-elle : le pourcentage du Mark-Up, le fret et l’assurance, ainsi que les frais des fournisseurs. L’objectif du système de Mark-Up, reprend la ministre, vise à aider les importateurs, les grossistes et les détaillants à couvrir leurs frais, tels que l’administration, l’entreposage, le transport et le profit, et ce, « tout en offrant un juste prix aux consommateurs ».

Elle avance qu’en 2023, le système de Mark-Up avait été introduit par le gouvernement afin de s’assurer que les prix des médicaments soient à la portée de toutes les bourses. Ainsi, si les médicaments sont classés selon des catégories établies, le Maximum Mark-Up est appliqué. Ce nouveau système de Mark-Up a remplacé le système précédent, précise-t-elle.

Un pourcentage de 2% était alloué pour les frais de débarquement et un Mark-Up de 35% était appliqué pour tous les produits pharmaceutiques. Tandis que le nouveau système comprend un Mark-Up graduel. « Un mark-up régressif était appliqué pour huit classes de produits pharmaceutiques », dira-t-elle encore, citant des produits pharmaceutiques contre le cancer, le diabète, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires, ainsi que les produits biologiques.

Le nouveau mécanisme catégorise les produits médicaux selon leurs prix. La ministre révèle que les médicaments à un prix maximum de Rs 500, représentent 60% des produits importés, ont un Mark-Up maximum de 35%. Les produits coûtant entre Rs 500 et Rs 5 000, soit 27% des importations et ont un Mark-Up maximum de 32%.

Quant aux autres produits tombant dans la marge de Rs 5 000 et Rs 15 000, soit l’équivalent de 3% des importations, le Mark-Up est de 29%. Finalement, ceux dépassant les Rs 60 000, comptant eux aussi pour 3% des importations, ont un mark-up de 26%. La ministre fait aussi mention de trois catégories de médicaments ayant un Mark-Up fixe de 30%, et qui représentent à peu près 21% de tous les produits pharmaceutiques.

Poursuivant sa réponse, elle révèle que l’introduction du Mark-Up a généré un effet immédiat sur tous les produits classifiés et entraîné une baisse de 4,6% des prix. La ministre a par ailleurs donné en détail l’évolution des prix suivant l’introduction du Mark-Up sur différentes catégories de produits pharmaceutiques. Avant d’estimer que le nouveau système de Mark-Up a également engendré une baisse des Non-Classified Products.

En fin de compte, la ministre estime que le système de Mark-Up aura permis aux consommateurs de bénéficier d’une valeur ajoutée. Le système a ainsi, selon elle, « protégé les consommateurs contre les prix élevés des produits pharmaceutiques ». Et d’affirmer que 80% de ces produits ont enregistré une baisse des prix. « Le système de Mark-Up a démontré son efficacité avec une baisse des prix transmise aux consommateurs » , se félicite-t-elle.

Par ailleurs, Dorine Chukowry estime que le ministère de la Santé joue un rôle majeur en s’assurant que les médicaments essentiels sont disponibles et à des prix raisonnables, en plus d’être accessibles à tous les citoyens. Elle souligne que la collaboration avec les petits États insulaires permet de créer une force en vue de négocier un prix favorable pour des médicaments de qualité. « Cela permet au gouvernement d’acheter une plus grande quantité de médicaments avec, pour conséquence, que le fardeau des consommateurs a été allégé. »

À ce stade, le leader de l’opposition a souligné que sa PNQ ne portait pas sur la disponibilité des médicaments dans le secteur public et concernait seulement des règlements, le poussant ainsi à demander au Speaker d’intervenir. Ce à quoi ce dernier a rétorqué : « Si la ministre considère que c’est la réponse appropriée, que peut-on y faire ? »

Et la ministre de renchérir en disant que « sa réponse est très appropriée » et que le système mis en place par le gouvernement permet à ce dernier d’acheter des produits pharmaceutiques de qualité et à meilleur prix. « Affordability is of utmost importance to this government. We are all striving to make health care services affordable to every citizen regardless their financial situations. »

En conclusion à sa réponse liminaire, elle maintiendra que s’assurer que les prix des soins de santé restent à la portée de tous demeure une priorité du gouvernement.

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