Banque de Maurice – Digital Currency : « La phase pilote lancée avec une banque depuis décembre »

Le gouverneur de la Banque de Maurice (BoM), Harvesh Seegolam, confirme que la phase pilote de l’émission prochaine de la Central Bank Digital Currency (CBDC) a déjà été entamée avec une banque commerciale depuis décembre. Ce projet pilote sera étendu à d’autres banques et au grand public dans un avenir prévisible, a-t-il souligné à l’occasion d’une table ronde organisée dans le cadre de la conférence organisée par l’Institut africain de formation du FMI pour la célébration du 10e anniversaire de sa création.

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Harvesh Seegolam fait ressortir que, comme le souligne un rapport du FMI, la plupart des banques centrales du monde explorent l’idée d’introduire une CBDC. « Elles en sont à différentes phases de la phase expérimentale, ce qui nécessite de réfléchir aux caractéristiques de la conception du projet et de tracer une feuille de route pour sa mise en œuvre. Les raisons varient d’une banque centrale à l’autre dans le monde en ce qui concerne la justification de l’introduction d’une CBDC. En combinant la technologie à la monnaie de banque centrale, les CBDC visent à juxtaposer le meilleur des deux mondes en offrant un nouveau système de paiement pour la société », ajoute-t-il.

Au niveau de la Banque Centrale, la motivation pour l’émission de CBDC est de parvenir à des paiements numériques plus sécurisés et de promouvoir l’innovation continue. « Nous arrivons maintenant à la dernière phase de notre voyage. Nous avons dépassé les discussions théoriques et sommes entrés dans la phase expérimentale. Nous avons travaillé sur une CBDC de détail, qui sera distribuée par l’intermédiaire des banques, et nous avons adopté un modèle hors ligne à deux niveaux pour minimiser les perturbations, car notre île est sujette à des conditions météorologiques extrêmes », affirme-t-il à cet effet.

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Dans son intervention, le gouverneur Seegolam indique que la numérisation a joué un rôle déterminant dans la modernisation du système de paiements. Ainsi, en 2019, la BoM a réalisé des avancées notables dans la transformation des paiements de détail avec la mise en œuvre d’un commutateur de paiement national, le Mauritius Central Automated Switch (MauCAS), en vue de fournir une infrastructure d’acheminement des transactions par cartes, et un système de paiement rapide, le MauCAS Instant Payment System (IPS).

Cette plateforme de paiement numérique fonctionne 24/24h et encourage les paiements sans numéraire tout en facilitant l’interopérabilité entre les services bancaires, le commerce électronique et les paiements mobiles. « La valeur des paiements a été multipliée par huit dans le système », dit-il encore.

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La Banque de Maurice a également introduit le code QR MauCAS en 2021, lequel permet de payer via n’importe quelle application mobile et profite aux petits commerçants.

Du côté des finances publiques, la BoM a mis en place un portail de paiement pour améliorer l’efficacité des paiements et des services gouvernementaux. Différentes entités gouvernementales ont ainsi été connectées au système pour accélérer les paiements en toute sécurité. Les avantages de la numérisation ne seront cependant pas complets en l’absence de banques numériques à part entière et, plus généralement, de banques ouvertes dotées d’interfaces de programmation d’applications (Application Programming Interface (API) – Enabled Open Nanks).

Harvesh Seegolam revient par ailleurs sur le fait qu’à Maurice, les autorités bancaires sont au courant des exigences qui accompagnent la mise en place de banques numériques et ouvertes. « En parallèle, nous sommes conscients de l’importance de faire évoluer notre infrastructure pour faciliter le digital onboarding des clients. Au plus fort de la pandémie, la loi a été modifiée pour donner à la banque centrale le pouvoir de délivrer des licences bancaires numériques. Cela a été complété par d’autres révisions de la loi sur la BoM pour permettre à la Banque centrale d’établir un registre central KYC dans le but, entre autres, de réduire la charge et les coûts associés à la réalisation de multiples vérifications de documents KYC sur les banques, les institutions de dépôt non bancaires ou autres institutions financières », a-t-il poursuivi.

Le projet, qui sera lancé prochainement, « changera la donne », selon lui, car il permettra l’intégration numérique des clients de bout en bout. La Banque Centrale  s’appuie sur la plateforme InfoHighway du gouvernement pour son projet e-KYC. « Nous devons créer un environnement réglementaire et un paysage institutionnel propices pour encourager l’innovation continue », rassure Harvesh Seegolam.

À cette fin, la Banque Centrale est en train de mettre en place un centre d’innovation Fintech et un laboratoire numérique, lesquels fourniront un « testing environnement » pour le développement de solutions Fintech. À cet égard, cette institution travaille en étroite collaboration avec les principales banques centrales et les pôles d’innovation en vue d’établir des accords de collaboration dans ce domaine. Le gouverneur de la Banque centrale a par ailleurs encouragé les autres banques centrales à utiliser ces facilités pour résoudre leurs problèmes. Des discussions préliminaires ont déjà été entamées avec quelques gouverneurs intéressés par la proposition, dit-il.

Le parcours de transformation nécessite une refonte de la législation régissant la Banque Centrale afin d’en assurer la pertinence, ainsi que de nouveaux textes réglementaires qui tiendront compte de manière adéquate différentes innovations et différents risques. La BoM travaille actuellement à la refonte des lois bancaires avec l’appui du FMI, a encore annoncé Harvesh Seegolam.

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