BUDGET 2012: Nous solliciterons un nouveau mandat en 2015, a déclaré Ramgoolam

Les débats sur le budget 2012 présenté le 4 novembre dernier ont pris fin hier avec l’intervention du Premier ministre Navin Ramgoolam, précédée par celle de l’ex-ministre des Finances Pravind Jugnauth avant que le VPM et ministre des Finances Xavier-Luc Duval ne résume les débats. Au terme d’un discours de près de 150 minutes, le Premier ministre a fait monter la tension lorsqu’il a affirmé que l’alliance gouvernementale reviendra vers la population pour un nouveau mandat en 2015. « Peut-être plus tôt », a lancé le leader de l’opposition Paul Bérenger, provoquant une agitation spontanée. Le PM, soutenu bruyamment par les parlementaires de la majorité, a alors fait comprendre que l’opposition devra attendre encore, alors que Paul Bérenger et les membres de l’opposition lançaient en coeur « donne élections générales ».
Tout en affirmant qu’il assume pleinement ses responsabilités, le PM a expliqué que malgré ses sollicitations, il a été consulté tardivement par l’ancien ministre des Finances. « Je lui avais dit que ses mesures fiscales laissaient à désirer », soutient-il. Il a, d’autre part, accusé le MSM de mener une campagne sectaire contre le budget.
Pour Navin Ramgoolam, Xavier Duval a présenté un budget responsable répondant aux attentes de toutes les composantes de la population et essayant de protéger le pays contre la crise mondiale qui menace. « Ce gouvernement est responsable et solidaire avec la nation. En 2005 et 2010, la population nous a fait confiance et nous avons le devoir de continuer à honorer l’engagement que nous avons pris pour un meilleur avenir pour une Île Maurice pour tous », dit-il. « Nous ne sommes pas de ceux qui mettent leurs intérêts avant ceux de la nation, qui ont essayé de faire un chantage honteux pour essayer de pervertir nos institutions. À ceux qui ont la mémoire courte, je rappelle ceci : il ne faut pas oublier. Nous avons devant nous des personnes qui quand elles étaient au pouvoir, ont fait dissoudre un organisme qui luttait cotre la corruption en moins de 24 heures en amendant la Constitution ».
Cette allusion indirecte à l’ECO a provoqué de vives réactions du leader de l’opposition. « C’est faux », a-t-il dit. Le Premier ministre a poursuivi pour dire que le gouvernement est résolument tourné vers l’avenir d’une île Maurice prospère pour tous. « En 2015 quand nous reviendrons vers la population pour un nouveau mandat, je ne doute pas qu’elle saura juger et faire le bon choix ».
Le Premier ministre a commencé son intervention en félicitant le ministre des Finances. « En trois mois il a maîtrisé son sujet et fait un travail remarquable durant cette période difficile dans le contexte international. I think he needs to be applauded for his achievement ». Il a affirmé avoir hérité d’une économie en pleine détérioration en 2005 avec une dette publique de 70 % du PIB et une croissance de 2,2 %. « Le secteur touristique enregistrait une croissance de 2,3 %, quelque 35 000 emplois avaient été perdus dans la zone franche, le FDI avait atteint Rs 1,6 milliard. La balance des paiements était au rouge alors qu’un montant de l’ordre de Rs 3 milliards devait être remboursé. We took over in 2005 with this economic mess, but we did not shirk from our responsibility. Nous avons arrêté le déclin économique malgré le triple choc : hausse du prix de l’essence, réduction de 36 % du prix du sucre et démantèlement de l’accord Multifibre, auquel s’est ajoutée la crise financière ».
Chantage
Navin Ramgoolam a nié les accusations de l’opposition selon lesquelles depuis son arrivée au pouvoir en 2005, il a effectué un zigzag sur le plan économique. Il a expliqué que sa méthode consiste à avoir des consultations avec son ministre des Finances après que ce dernier a fait tout le travail de base. « Je peux ne pas être d’accord avec certaines mesures. Nous avons de longues discussions avant que je donne finalement mon approbation. C’est ainsi que je procède et j’assume mes responsabilités ».
Pour le Premier ministre, la décision de l’ancien ministre des Finances d’introduire une taxe sur les dividendes et d’imposer une Capital gains tax sur l’immobilier a eu des effets désastreux. Ces mesures ont découragé les investisseurs locaux et internationaux, ont entraîné une baisse de 69 % des investissements et provoqué la stagnation dans le secteur de la construction. « Transactions in the housing market and land acquisitions and sales have dropped dramatically and stopped RES projects in its track. This has impacted negatively on the democratization process we had embarked upon ». Il s’est longuement appesanti sur les pertes encourues par les petits propriétaires de terrains qui n’ont pas obtenu une « fair chance to participate in and reap the reward from more productive use of their land capital and other benefits ».
Le PM s’est appesanti longuement sur la situation en Europe, au Japon et aux États-Unis, où la croissance économique a été réduite au minimum. Dans certains cas, dit-il, les gouvernements ont été forcés de revoir certaines mesures introduites afin de s’adapter à la situation de crise et respecter les normes des agences de notation. « Nous sommes un petit pays dépendant des pays européens. Il est de notre devoir d’adopter une réponse pragmatique déterminée par les faits et les circonstances ».
Navin Ramgoolam a lancé une pique à ceux qui soutiennent qu’il ne faut pas comparer le pays aux pays européens mais à des pays comme le Nigeria, le Kenya etc. Il a aussi critiqué ceux qui ont choisi de quitter le gouvernement à un moment difficile afin d’effectuer un chantage sur lui pour qu’il intervienne auprès de l’ICAC. « Si j’étais intervenu, les démissionnaires seraient retournés dans le gouvernement ». Il a conclu ce chapitre en affirmant que « it is abundantly clear that some of the policy changes introduced last year have created an impression of discontinuity and rupture in our economic strategy. We have restored our initial economic policy framework that has paid dividends. We have restored our initial economic policy framework that has paid dividends between 2005 and 2010 ».
Équilibre
Le Premier ministre a aussi expliqué les raisons pour lesquelles certaines nominations ont pris du temps. Il a cité le cas entre autres de la FSC, pour laquelle il avait suggéré un nom qui a été rejeté par le leader du MSM. « I also don’t want to go into “illico presto” actions to appoint some people in certain institutions who earned the nickname of “rent collectors” ».
Navin Ramgoolam s’est aussi appesanti sur les nominations dans les ambassades à l’étranger dont en Inde. Il a observé que les autorités indiennes ont pris du temps pour approuver la nomination de Mme Jeetah, qui est une ressortissante indienne. Lorsque sa nomination a finalement été acceptée, le MSM avait quitté le gouvernement. Il a, d’autre part, affirmé qu’il insiste pour que ceux qui veulent investir à Maurice fassent l’objet au préalable d’un “due diligence”. C’est ainsi qu’il a refusé d’approuver l’arrivée d’un homme d’affaires qui voulait investir Rs 8 milliards à Maurice.
Le Premier ministre a ensuite passé en revue les mesures budgétaires qui prennent en considération un équilibre entre la croissance économique et le social. « Economic growth means nothing if it does not involve and speak to the most vulnerable of our society », a-t-il dit. « Growth should be inclusive to have any meaning ». C’est dans ce contexte qu’il a critiqué certains membres du MSM qui, allègue-t-il, ont mené une campagne autour du fait que le budget est en faveur d’une communauté seulement. « Ils ont tort parce que le budget prend en considération la classe moyenne, que les pauvres ne se limitent à une communauté et que les raisons de la pauvreté sont nombreuses », a-t-il dit avant d’entrer dans le détail des mesures prises en faveur des plus défavorisés. Dans ce contexte, le PM a insisté sur le fait que les personnes âgées ont obtenu une compensation de 6,6 %, soit le taux de la compensation, et que les employés au bas de l’échelle ont obtenu une augmentation de l’ordre de 11,6 %.
Navin Ramgoolam s’est longuement appesanti sur les mesures prises dans le cadre du maintien de la loi et l’ordre. Il a observé qu’il y a une amélioration dans le taux de criminalité qui est passé de 5,4 % à 4,1 %. Des sanctions plus sévères, dit-il, seront introduites pour les crimes abominables.
Sur le plan infrastructurel, le Premier ministre a annoncé que la nouvelle aérogare sera livrée en septembre de l’année prochaine. Il a annoncé que le gouvernement est sur le point de choisir un partenaire stratégique pour la Cargo Handling Corporation. Il est également revenu sur le projet de construction d’un centre de formation pour les automobilistes à Highlands.
Au chapitre de la consolidation de la démocratie, Navin Ramgoolam a observé qu’après 44 ans d’indépendance, il était temps « to engage in a process of self examination so as to strengthen the democratic set up of our country and ensure that the system meets the exigencies of a modern and forward looking nation ». Il a affirmé qu’à la lumière du rapport du professeur Carcassonne, des discussions seront engagées en vue d’une réforme électorale.
Navin Ramgoolam a renouvelé son soutien à l’ICAC dans le cadre de la lutte contre la corruption. « Come what may, we will remain steadfast in our commitment to root out this scourge from our society ». Il a annoncé que Maurice et les Seychelles signeront un accord sur l’extended continental shelf en mars lors de la visite officielle du président de la République des Seychelles à Maurice. Concernant les Chagos, le Premier ministre a fait mention des démarches initiées contre la Grande Bretagne dans le cadre de la convention des Nations unies sur le droit de la mer. Navin Ramgoolam a finalement parlé des développements en cours à Rodrigues en particulier l’installation du câble sous-marin.

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