Cable SAFE : on n’est pas sortis de l’auberge

Les vagues provoquées par les révélations de l’ex-CEO de Mauritius Telecom formulées il y a plus de deux semaines continuent de secouer la classe politique avec une forte intensité. La police poursuit son enquête initiée à la suite de la déposition faite contre Sherry Singh par Pravind Jugnauth qui, dans ses déclarations publiques, affirme qu’il fait l’objet d’un complot en vue de salir sa réputation, mais que la vérité sortira. Le chef de file du groupe parlementaire travailliste, Arvin Boolell, s’étonne dans un post sur sa page Facebook que c’est au bureau du Premier ministre que la police a recueilli sa proposition. Il se demande si cette déclaration a été faite en tant que PM ou en tant que citoyen.

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La forte pression exercée par l’apposition sur le Premier ministre s’est accentuée cette semaine avec la PNQ du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, qui a réussi à instiller un doute concernant un rapport soumis par l’ex- Chief Technical Officer du MT, Girish Guddoy, concernant la visite des techniciens indiens à la station terrestre du MT de Baie-du-Jacotet.

Aux yeux du public, cela a eu pour effet que l’ex-CTO, Girish Guddoy, a soumis le même jour sa démission, évoquant des raisons liées à sa conscience. C’est ce moment qu’ont choisi les quatre représentants du gouvernement au conseil d’administration de MT, dont son président, Nayen Koomar Ballah, qui occupe également le poste de secrétaire au cabinet, pour soumettre leur démission. Alors que l’opposition considère que tout ce remue-ménage a un lien direct avec l’affaire Sherry Singh, le Premier ministre parle de nécessité d’avoir du sang neuf après la nomination d’un nouveau CEO en la personne de Pritam Reesaul.

Entre-temps le public mauricien est toujours dans l’attente de la vérité, car jusqu’ici les différents protagonistes ont chacun leurs propres vérités. À l’heure où nous écrivons, l’ex-CEO n’avait pas encore donné sa troisième interview en un peu plus de deux semaines. On ne pouvait pas savoir encore quelle devait être la portée de ses nouvelles révélations.
Alors que tous croient qu’une vague de fonds secoue dangereusement le pays et le gouvernement, ce dernier s’évertue à projeter l’image d’une surface calme de “duty as usual” en multipliant les activités officielles. Le Premier ministre a procédé, jeudi, au lancement du projet de construction de 12 000 logements sociaux sous la direction de DPM Steven Obeegadoo. Il était à Curepipe durant la semaine pour visiter la station de Métro Express à la place Jan Palach alors que les premiers essais du métro connectant Phoenix à Curepipe ont commencé jeudi. Tout cela nous renvoie à un exemple cité autrefois par le défunt Gaëtan Duval, à savoir, « si les cygnes ont l’air parfaitement calme à la surface du lac, c’est sous l’eau que tout se passe ».

Les débats sur les nouvelles dispositions de l’Immigration Bill se poursuivront cette semaine. Tout le monde reconnaît la nécessité d’exercer un meilleur contrôle sur l’immigration et sur l’abus des mariages blancs afin d’obtenir la citoyenneté mauricienne qui, semble-t-il, est très recherchée. Le hic réside dans les pouvoirs discrétionnaires absolus accordés au Premier ministre pour priver un citoyen du droit de citoyenneté qu’il aurait obtenu. Les dispositions de la loi stipulent que sa décision est incontestable comme s’il était plus infaillible que le Pape. Ce qui nous renvoie à une question posée par Kailash Purryag dans Le Mauricien la semaine dernière : à quoi servent nos institutions ? À quoi servent la Cour suprême, voire le Conseil privé, l’ultime instance d’appel, qui sont considérés comme des remparts contre tout abus constitutionnel.

Pourquoi une personne qui se verrait priver de citoyenneté ne peut avoir aucun recours ? Admettons que, comme le soutiennent les orateurs de la majorité, on peut faire confiance au Premier ministre, on doit avoir en tête qu’il n’est pas éternel. Un autre Premier ministre, encore plus autocratique, pourrait en faire une utilisation dangereuse demain. Les thuriféraires d’aujourd’hui peuvent devenir les victimes demain.

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