Chagos : les propagandes complotistes de Michaël Waltz

Aucun Mauricien ayant soutenu l’État mauricien dans sa lutte en vue de la décolonisation complète du pays et, par extension, de l’Afrique, n’acceptera que le pays se retrouve sous le diktat d’une autre puissance économique ou militaire quelle qu’elle soit. Cette lutte a commencé à la fin des années 1970 sous l’impulsion des forces politiques de gauche, alors symbolisées par le MMM. À force de manifestations, de grèves de la faim sur le plan local et de campagnes devant les instances internationales avec, à l’époque, le soutien de l’Inde, qui militait alors pour un océan Indien comme zone de paix, la question chagossienne avait gagné l’adhésion tous les partis politiques à Maurice et d’une majorité de pays à l’international.
L’exil brutal de la population des Chagossiens à Maurice, aux Seychelles et ailleurs est considéré aujourd’hui comme un crime contre l’humanité. Et a donné une dimension humaine à cette lutte et suscité la sympathie à travers le monde. Nous savons ce qui s’est passé ensuite sous l’impulsion de feu sir Anerood Jugnauth, qui avait gardé la flamme allumée au sein du MSM et ses gouvernements successifs. Et ce, avec l’apport des Chagossiens à la cour internationale de justice et aux Nations unies.
Aujourd’hui, nous suivons avec intérêt les discussions entre nos deux gouvernements, même si, à tort ou à raison, elles se déroulent in camera. Et nous souhaitons qu’elles débouchent sur des résultats concrets et positifs pour tous ceux concernés. Dans l’intérêt de la sécurité régionale et internationale, les principaux partis politiques sont d’accord sur le fait que la base militaire américaine doit être maintenue, mais des partis comme Lalit s’opposent à ce maintien.
C’est pourquoi nous nous insurgeons contre la propagande politique et complotiste des États-Unis qui, visiblement, visent à insuffler un élément de doute dans la tête des Britanniques. Quel toupet et quelle honte pour un pays qui se projette comme un défenseur des valeurs démocratiques, des droits de l’homme et des droits territoriaux ! Il veut grossièrement instiller la peur dans la tête des Britanniques en brandissant le dragon chinois. Dans le cadre de cette campagne injuste, voilà qu’un représentant républicain affirme dans la presse internationale, propos repris sur les médias sociaux, que « critics have warned that there would be nothing to stop Mauritius allowing China – which has poured USD 1 billion of investment into the country in recent years – to build facilities on one of the other, nearby islands ». E ou la ! Maurice n’est pas une colonie américaine, ne compte pas le devenir et n’a rien à voir avec les problèmes internes des États-Unis par rapport la Chine.
Par ailleurs, il ignore que la Chine est un pays de peuplement pour Maurice, avec qui elle entretient de bonnes relations. Et que Maurice a, dans la majorité des cas, soutenu les pays occidentaux, comme c’est le cas pour la guerre en Ukraine. Monsieur le représentant républicain Michaël Waltz doit savoir que Maurice est un pays qui connaît ses responsabilités internationales et qui comprend le rôle croissant qu’il est appelé à jouer sur le plan géopolitique dans la région. Le Pentagone fait un pas dans la bonne direction en avançant que « the specific arrangement involving the facilities on Diego Garcia is grounded in the unique close and active defense and security partnership between the United States and the UK ». Mais il doit également comprendre que ce n’est plus uniquement avec la Grande-Bretagne que les États-Unis seraient appelés à traiter à l’avenir, mais également avec l’État mauricien, complètement indépendant et souverain, et qui a accepté de maintenir la base militaire sur son territoire.
Concernant le dialogue Maurice/Grande-Bretagne, il est bon que nous ayons quelques bribes d’information par le biais du cabinet la semaine dernière. Il serait bien que les Mauriciens soient informés régulièrement sur cette question si le gouvernement souhaite avoir le soutien populaire face aux Britanniques, rompus aux négociations diplomatiques.

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