COI : un exemple de coopération régionale

La célébration, le 10 janvier dernier, du 40e anniversaire de l’établissement de la Commission de l’océan Indien (COI), avec la signature de l’accord Victoria, aux Seychelles, en 1984, a été, à notre humble avis, un des événements phare de la semaine écoulée. Cet anniversaire nous renvoie à 1982. L’arrivée du nouveau gouvernement au pouvoir, après plusieurs années de stagnation économique, était porteuse alors d’un espoir et d’une vision nouvelle concernant non seulement l’avenir du pays sur le plan local, mais aussi sur le plan régional et international.
Nous nous garderons pour le moment d’évoquer la situation politique, mais beaucoup de journalistes et de politiciens se souviendront de l’émergence de la conscience régionale. Deux noms nous reviennent en mémoire. Le premier est celui de Pierre Yin, jeune économiste et visionnaire qui, dans le cadre d’un rapport sur les implications de la coopération régionale, arrive à la conclusion que « le projet de la Communauté de l’océan Indien n’est pas une pure invention de l’esprit, mais répond bien à une nécessité historique dans toutes ses dimensions économiques, culturelles, sociales et politiques ». Le second est Robert Scheiber, alors représentant à Maurice de la CEE, avec juridiction sur les Seychelles, les Comores, La Réunion et Mayotte. À eux deux, ils sont parvenus grâce à leur compréhension de l’état d’esprit qui prévalait dans le pays à contribuer à la création de ce qui allait devenir la COI.
Jean Claude de l’Estrac, alors ministre des Affaires étrangères du gouvernement MMM-PSM, et qui, comme les autres dirigeants du MMM, était un défenseur de la coopération régionale, aura donné une dimension politique à ce projet régional avec la signature de l’accord de Port-Louis aux côtés de Maxime Ferrari, ministre des Affaires étrangères des Seychelles, et du ministre malgache Remi Richard. Il aura cependant fallu attendre deux ans pour voir, en janvier 1984, la signature de l’accord de Victoria, aux Seychelles, qui établit formellement la COI. Anil Gayan, alors ministre des Affaires étrangères, a signé l’accord pour Maurice. Les Comores et La Réunion se sont joints à la COI par la suite.
Maneesh Gobin, qui préside actuellement le conseil des ministres de la COI, est revenu sur la raison d’être de la commission pour affirmer, dans un discours prononcé à la cérémonie d’anniversaire cette semaine, que « plus qu’un document légal, l’accord de Victoria, né de notre sentiment d’appartenance commune, renforcé par la réalité incontournable de notre voisinage, constitue un engagement à collaborer et à créer un avenir meilleur pour nos pays et nos peuples ». Il a aussi reconnu que la COI a beaucoup évolué durant ces quatre décennies, en faisant mention des succès obtenus dans des domaines tels que la sécurité maritime, la gestion des ressources naturelles et la facilitation des échanges commerciaux, qui témoignent, selon lui, de la capacité collective à relever les défis communs.
Le secrétaire général de la COI, Vêlayoudom Marimoutou, en poste depuis 2020, est lui aussi revenu sur le caractère remarquable du parcours effectué par la COI. « D’une structure légère de coopération technique, pilotée par les administrations nationales de nos pays, la COI s’est progressivement transformée en une organisation régionale de proximité et de référence, dont la mission s’est étoffée pour répondre aux besoins croissants des États membres. Depuis sa création, la COI a mis en œuvre plus de 70 projets de coopération, qui touchent directement ou indirectement tous les Objectifs de développement durable » affirme-t-il.
Aujourd’hui, la COI est reconnue au niveau international. Elle est invitée par les Nations Unies pendant l’Assemblée régionale annuelle. En plus des cinq pays membres, elle compte également sept observateurs – l’UE, la Chine, l’Inde, le Japon, l’ONU, l’OIF et l’Ordre de Malte – et est soutenue par 30 partenaires techniques et financiers. Le ministre des Affaires étrangères a annoncé que le secrétariat disposera bientôt d’un espace supplémentaire pour accueillir ses quelque 150 employés.
Espérons que la célébration de ce 40e anniversaire ne se contentera pas d’une réception où, malheureusement, le Premier ministre n’était pas présent. Pourquoi ne pas envisager l’organisation d’une manifestation culturelle, comme un concert régional réunissant des artistes des pays de la région ? Bon anniversaire à la COI !

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