Le Petroleum Pricing Committee s’appuie une nouvelle fois sur le déficit de Rs 4,7 milliards du Price Stabilisation Account pour justifier sa décision
Ceux qui s’attendaient à une baisse des prix de l’essence et du diesel sont restés sur leur faim, pour ne pas dire extrêmement déçus. La réunion du Petroleum Pricing Committee (PPC), tenue, hier, a pris la décision de maintenir les prix record de l’essence et du diesel en vigueur depuis le 18 mai de l’année dernière. Le comité a eu recours à l’amendement de la Consumer Protection (Control of Price of Petroleum Products) Regulation, apporté en janvier dernier, pour maintenir les prix, estimant que le Price Stabilisation Account (PSA) est déficitaire de Rs 4,7 milliards.
Considérant le cours sur le marché mondial – 865.47 USD par tonne métrique – entre février et avril 2023, et celui qui sera appliqué de mai à juillet 2023, le litre d’essence aurait dû se vendre à Rs 72 le litre; soit une baisse de 2,83%. Toutefois, le PPC a eu recours à la Regulation (2), stipulant que: « subject that there are funds in the PSA, the retail price of a petroleum product shall be decreased.» Et comme la STC dit faire des pertes, estimées à Rs 4,7 milliards, cette section de la loi n’a donc pas été appliquée. Ce qui veut dire que le prix du litre d’essence reste à Rs 74.10.
Même scénario pour le diesel. Selon les explications de la STC, le baril de diesel se vendait à 94,31 USD pour la période de février à avril 2023. Le taux de change étant de Rs 46.08. Dans un tel contexte, le prix du litre de diesel aurait dû être ajusté à la hausse Rs 5,05. Soit Rs 59,60 le litre. Toutefois, le ministre du Commerce, Soodesh Callichurn, est intervenu, sous les dispositions de l’article 8A de la Consumer Protection (Control of Price of Petroleum Products) Regulation pour maintenir le prix à Rs 54,55 le litre.
Le STC indique que le Price Stabilisation Account est déficitaire depuis un an et demi, comme suit: décembre 2021, le déficit était de Rs 1,5 milliard ; en février 2022, de Rs 2,1 milliards ; en avril 2022, Rs 2,8 milliards ; mai 2022, Rs 3,3 milliards ; septembre 2022, Rs 4,5 milliards ; janvier 2023, Rs 4,4 milliards et mai 2023, Rs 4,7 milliards.
Les prix du carburant avaient été majorés à quatre reprises entre janvier 2021 et mai 2022. En septembre 2021, le litre d’essence se vendait à Rs 50.70 et le diesel à Rs 37.30. En décembre, ils sont passés à Rs 55.75 et Rs 41, respectivement. Une nouvelle hausse des prix est survenue en février, soit Rs 61,30 le litre. Le diesel a augmenté de Rs 4,10, soit Rs 45,10 le litre.
En avril 2022, le Petroleum Pricing Committee a revu le prix du carburant à la hausse une nouvelle fois. Le litre d’essence est passé à Rs 67,40 le litre et le diesel, 49,60 le litre. En mai, il y a eu une nouvelle majoration de Rs 6,70 et Rs 4,95, respectivement. Lors de la dernière réunion du PPC en janvier dernier, les prix étaient restés inchangés.
Réactions
Jayen Chellum : « On est en train d’embobiner la population »
« C’est une situation à laquelle nous nous attendions. D’ailleurs, c’est pour cela qu’ils ont amendé la loi en janvier dernier, afin de pouvoir maintenir le prix à un haut niveau. La question qui se pose est pourquoi la STC a dû amender la loi si elle faisait des pertes et qu’il n’y avait pas de surplus ? Pour moi, c’est totalement faux. Les chiffres sont fabriqués, on est en train d’embobiner la population. De plus, nous avons envoyé une lettre à la STC pour demander où est passé le surplus de Rs 4 milliards qu’il y avait dans la PSA, mais nous n’avons reçu aucune réponse à ce jour. »
Nishal Joyram : « Au ministre des Finances d’agir »
« Comme je l’avais déjà dit dans une lettre adressée au Premier ministre, Pravind Jugnauth, récemment, c’est le gouvernement qui devra injecter de l’argent pour combler le trou de la PSA, comme il l’a fait pour Air Mauritius. Une solution devra venir du budget. C’est au ministre des Finances d’agir. Compte tenu de la situation actuelle, je prévois une série d’initiatives que je dévoilerai bientôt. »