Des chiffres à faire tourner la tête

À jour J-4 de son quatrième grand oral au sein de l’hémicycle, le Grand Argentier, Renganaden Padayachy, doit être fin prêt pour présenter un budget national dans des conditions sanitaires différentes des trois précédents.

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Ce qui ne veut nullement dire que le virus du Covid-19 a été vaincu. La prudence et la vigilance restent de mise. Cela est un autre débat.

Rien n’empêchera le ministre des Finances de se lancer dans une analyse quantitative comparative pour faire la démonstration de la reprise post-Covid. Il alignera des chiffres, surtout les milliards, à faire tourner la tête de plus d’un alors que pour d’autres, cela passera au-dessus de la tête. Le discours du budget privilégiera  les pourcentages d’évolution du Produit intérieur brut (PIB) en général ou encore du nombre d’arrivées touristiques d’une année à l’autre, voire même les recettes brutes générées par les exportations de biens et services. Avec pour point d’honneur de s’appesantir sur le fait que par rapport à la période pré-pandémique, le pays a enregistré des avancées.Et à chaque chiffre positif, des applaudissements se feront entendre au sein de l’hémicycle. Au chapitre de l’endettement public, le ratio par rapport au PIB en progression avec la reprise des activités économiques apportera un réconfort éphémère. Mais attention très vite, avec les dernières tendances  la montagne de la dette publique se dressera en pic difficile à maîtriser.Le budget ne se résume jamais, et nullement à un simple exercice comptable.

Encore moins que le compte est bon si le Bottom Line de la colonne de gauche est le même que celle de droite. Le budget est davantage la somme d’espoirs ou encore la détermination chiffrée des solutions proposées et envisagées aux problèmes, dont fait face la population à chaque instant du quotidien.

La préoccupation unanime, quelle que soit la couche socio-économique, porte sur la perte du pouvoir d’achat. Le ministre des Finances sait que les chefs de famille, de surcroît les ménagères, l’attendent au tournant du budget.

Qu’en sera-t-il pour alléger le fardeau de la hausse des prix à chaque tournée des rayons du supermarché ? L’application Mopri du ministère du Commerce est un gadget.  En quoi apportera-t-il le réconfort qu’en rentrant des courses, l’on aura la satisfaction que la roupie mauricienne pèse encore de son poids dans le panier de la ménagère? Que ce soit pour les produits aussi bien que ceux importés et facturés en devises étrangères.

Le signal, quoique symbolique, viendra de toute décision du gouvernement au sujet des prix des carburants à la pompe. Le consommateur continuera-t-il à être l’éternel tondu pour essayer de masquer l’incompétence flagrante au niveau de la gestion des fonds publics? Donc à financer les trous par milliards dans des corps para-étatiques.

Le cas d’espèce demeure les pertes incompréhensibles de la State Trading Corporation, qui fait que les automobilistes n’ont pu jusqu’à l’heure bénéficier de la tendance à la baisse du cours mondial du pétrole.

La jeunesse est l’une des cartes de l’espoir d’une nation. Mais autour de chacun de nous, quel est le mood de ce jeune venant de boucler ses études? C’est l’exode. L’effet aspirateur du Canada sur cette jeunesse, le demain de la République de Maurice, fait craindre le pire.

La tentation de faire carrière sur les croisières pour cette même jeunesse formée et aguerrie  fait déjà des ravages dans l’Hospitality Sector. Au point où l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’île Maurice n’a pas hésité à emboîter le pas à l’industrie du bâtiment et à la manufacture pour avoir recours à de la main-d’Å“uvre importée.La palette de mesures du quatrième budget de Renganaden Padayachy saura-t-elle faire comprendre à cette jeunesse fougueuse que l’herbe n’est pas aussi verte ailleurs qu’à Maurice? Mais qu’il ne s’agit pas de croire mais de mettre en place des politiques pour retenir des jeunes en vue de consolider cette île Maurice de demain.Mais de l’autre côté du spectrum démographique, les aînés n’ont que pouvoir de marchandage qu’à l’approche des élections législatives. Ils n’ont aucune perspective à l’étranger comme les jeunes. Avec le gouvernement de L’Alliance Morisien entamant bientôt sa cinquième année, la valeur de ce Bargaining Chip augmente. Ils gardent espoir de voir le montant de l’Old Age Pension passer à au moins Rs 13 500, voire même Rs 15 000. Monsieur le ministre des Finances, vendredi prochain ils seront quelque 250 000, calés dans leurs fauteuils, à vous attendre au guichet des allocations sociales de ce budget présenté comme étant annonciateur du prochain rendez-vous des élections générales.Avec une moyenne de quelque 11 000 par circonscription, c’est un chiffre qui ne fait pas seulement tourner la tête mais aussi renverser des tendances lors du dépouillement.

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