Du bon et du mauvais !

Invariablement, ce qui a surtout retenu l’attention et fait couler énormément d’encre (même plus qu’il n’en fallait d’ailleurs), c’est l’affrontement radiophonique de « deux enfants terribles de la politique », dixit Arvin Boolell, soit le bouillonnant député rouge et ancien ministre du Travail Shakeel Mohamed et le leader du Reform Party et ex-ministre des Services financiers, Roshi Bhadain. Cet épisode durera, hélas, longtemps encore dans les mémoires des Mauriciens. Pour quelques bonnes, mais surtout mauvaises, raisons. Ce que beaucoup retiendront, c’est qu’en ces quelques heures, ces deux « jeunes » de l’arène politique se sont évertués à nous offrir ce qu’il y a de plus laid de leurs facettes de politiciens. A ceux de nos jeunes qui sont réticents de se jeter dans la marmite politique, il n’en faut pas plus pour les convaincre de prendre leurs jambes à leur cou et de ne plus jamais envisager quelque carrière en ce sens !
Oui, bien sûr, Mohamed et Bhadain ne représentent pas l’ensemble de la classe politique locale. Mais, sérieusement, après le coup de Jenny Adebiro, la semaine dernière, force est de constater que ce que nos dinosaures des partis de l’opposition présentent comme la relève sont loin d’être dignes de notre confiance. D’aucuns apprécient (à juste titre d’ailleurs) tant Mohamed que Bhadain. Le premier, souvent, pour son élégance et la justesse de ses analyses. Et le second, bien qu’il soit un « cheval fou », parce qu’il s’est révélé être très fort sur tout ce qui touche aux sous et à leur gestion.
Sur la question cruciale qui était au centre des débats vendredi dernier, les deux ont raison et les deux ont tort. Oui, le commissaire électoral Irfan Rahman s’est disqualifié depuis la tenue des “snap elections” de novembre 2019 en se barricadant derrière des arguments qui frisent l’escroquerie intellectuelle quand il a été interrogé sur les multiples anomalies qui ont marqué ces suffrages. Et oui, le démettre, lui, son staff et tous ceux de l’Electoral Supervisory Commission, n’apportera pas la réforme en profondeur attendue.
Nos institutions sont gravement « malades », car elles ont été hautement contaminées par un virus quasiment indestructible : la corruption. Ce n’est un secret pour personne. L’argent est devenu la nouvelle religion d’un grand nombre qui lui ont servilement juré allégeance. Et le régime en place ne s’embarrasse guère de consolider ses pions les plus loyaux dans des postes stratégiques. Telle est par exemple la lecture de beaucoup de Mauriciens sur la confirmation au poste de directeur général d’Anooj Ramsurrun cette semaine à la tête de la très controversée MBC ! Quand on énumère la liste des manquements et déboires commis par les uns et les autres, pendant que la boîte évolue sous sa férule, on demeure sans voix.
La plus récente frasque étant la censure du cardinal Maurice Piat pour son message de Noël. Du jamais vu dans notre pays. Et pourtant, c’est bel et bien arrivé, et sous le règne du même Anooj Ramsurrun ! Ce triste épisode, c’est l’indécence à son comble. Dans une tentative de rétablir la balance, il y a quelques jours, lors d’une deuxième manifestation d’Affirmative Action devant le siège de la station nationale, Ramsurrun s’est fendu d’une déclaration qui n’a laissé personne indifférent en comparant la MBC à… Marie Madeleine ! Entre comparaisons et amalgames, il ne faut surtout pas s’y perdre, sinon cela peut s’avérer blessant. Voire insultant.
Pravind Jugnauth a présenté, la semaine dernière, en grande fanfare (comme pour chacune de ses sorties – lui, il bosse, pendant que l’opposition se chamaille comme des gamins dans la cour de récré, et le duel Mohamed/Bhadain est venu bien évidemment renforcer cela), le National Survey Report on People who use Drugs. Enfin un outil de travail adéquat, réalisé suivant une méthodologie appliquée. Une étude qui, d’ailleurs, se révélera très utile aux travailleurs sociaux et partenaires publics et privés engagés dans cet âpre combat. Car nous ne parlons pas là de répression contre le trafic de drogue, mais bien des efforts pour cerner et répondre qualitativement à l’addiction, ses facteurs et ses répercussions. Enfin des données spécifiques sur la question !

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