Économie : pire que prévu

Toutes les analyses économiques publiées à la fin du troisième trimestre arrivent presque à la même conclusion : la situation est pire que prévu initialement, même si au début de ce dernier trimestre, on peut observer des signes timides de reprise. Dès la semaine dernière, la MCCI avait ainsi observé que le FMI avait révisé les prévisions de croissance pour 2020 de -12,2% à -14,2%. Les secteurs économiques comme le tourisme et les industries orientées vers l’exportation seront dans le rouge pour un bon bout de temps encore. Tous deux sont dépendants de la situation sanitaire et économique au niveau international et dans nos principaux marchés.
On ne s’attend à aucune amélioration de la situation avant l’arrivée d’un vaccin crédible sur le marché. En conséquence, les recettes fiscales et les rentrées en devises étrangères dans le pays sont durement affectées, forçant un rétrécissement de notre Produit intérieur brut, notre gâteau national. À ce train-là, il est peu probable que le classement de Maurice par la Banque mondiale comme pays à revenus élevés soit maintenu l’année prochaine. Quant aux investissements directs étrangers, ils suivent la tendance mondiale à la baisse.
L’inclusion de Maurice sur la liste noire de la Commission européenne n’arrange pas les choses, surtout dans le secteur des services financiers. Hier, les autorités étaient toujours dans l’attente des résultats des travaux de la Financial Action Task Force, qui devait décider du maintien ou pas de Maurice sur sa liste grise. Cette Task Force aurait demandé une série de précisions aux autorités mauriciennes après la soumission du “progress report” le mois dernier. Le gouvernement espère toujours pouvoir faire retirer Maurice de cette liste grise et, par la suite, de la liste noire de la Commission européenne d’ici le milieu de l’année prochaine, cette dernière ayant confirmé qu’aucune exigence de complément ne sera appliquée pour la radiation de Maurice de sa liste noire.
À deux mois de la fin de l’année, le commerce, lui, reste morose, alors que la fermeture de plusieurs commerces peut être observée. Dans l’ensemble, les risques pesant sur les perspectives de croissance du PIB pour l’année prochaine sont réels. Dans la dernière édition de MCB Focus, devenue une référence pour les observateurs économiques, le Chief Strategy Officer de la MCB, Gilbert Gnany, reste prudent concernant les prévisions de croissance pour l’année prochaine. « Overall, the risks to the domestic real GDP growth outlook for next year are, as mentioned previously, tilted on the downside. In fact, our macroeconomic forecasts will be recalibrated over time in light of enhanced visibility regarding key dynamics and forces impacting the international and domestic operating landscapes », souligne-t-il.
L’économiste prévoit toutefois une croissance de l’ordre de 7,6% à partir d’un niveau très bas à la suite d’une contraction estimée à 14,2%. Il poursuit que « our forecasted growth for next year implies that activity levels would remain well below the pre-pandemic position, at around 92% of 2019 levels in real terms ». C’est-à-dire à -8% du PIB enregistré en 2019.
Devant la situation économique actuelle, beaucoup d’employés sont encore dans l’incertitude et craignent pour leur emploi. D’autres attendent avec impatience la décision du gouvernement au sujet du paiement ou pas du bonus de fin d’année. Toujours est-il que l’aide gouvernementale aux entreprises en difficulté doit être maintenue. Pour le moment, l’ouverture contrôlée des frontières est suivie avec intérêt. L’application stricte des protocoles sanitaires doit rester à l’ordre du jour, et ce, sans aucune dérogation, car le pays ne pourra pas se permettre un nouveau “lockdown”. À ce propos l’entrée en opération du laboratoire à l’aéroport a été accueillie favorablement.
Par ailleurs, l’annonce de la fermeture d’une usine comme Esquel Mauritius n’est pas de bon augure. Cela a créé un certain malaise dans le secteur industriel. Souhaitons qu’une formule puisse être trouvée pour maintenir cette entreprise en activité et, ainsi, sauvegarder l’emploi des employés concernés.

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