Escalades

À en avoir le tournis ! Difficile ces jours-ci d’évoquer la corbeille de la ménagère, tant celle-ci ressemble de plus en plus à un pauvre oiseau que l’on déplume sans merci. Quant à nos portefeuilles, ce n’est pas au régime de jeûne intermittent qu’ils se sont soumis, mais carrément au carême permanent !

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Avec la dernière hausse du carburant, où l’essence est passée à Rs 61,30 le litre et le diesel à Rs 45,10, la flambée des prix des denrées alimentaires de base et de pratiquement tous les autres produits pointe du nez. Et n’oublions pas le transport en commun, les vans scolaires… À cela, prenant son ton faussement niais qu’il affectionne, Pravind Jugnauth nous a servi un laconique : « C’était inévitable ! » Et d’évoquer le conflit russo-ukrainien et donner un cours géopolitique, entre autres arguments, pour étayer le sien. À croire que nous sommes à ce point dupes…

Avec, en plus, les prix des médicaments et produits pharmaceutiques, qui ont pris l’ascenseur, chaque Mauricien voit désormais sa facture s’allonger de plusieurs centaines de roupies. Tant et si bien que plonger les doigts dans la poche est devenu un acte auquel on réfléchit plutôt à deux fois qu’une. Mais Pravind Jugnauth, ses ministres et ses PPS, qui roulent en berline et touchent des salaires astronomiques, n’en font que peu de cas…
L’escalade, c’est aussi cette invasion de la Russie en Ukraine. L’opération militaire fait craindre, au pire, une Troisième Guerre mondiale. Les enjeux sont évidemment d’une extrême importance, car tôt ou tard, les effets se feront ressentir.

Mais le plus cruel, c’est le déplacement auquel sont contraintes ces millions d’âmes innocentes qui préfèrent quitter l’Ukraine. Des familles entières ont ainsi abandonné leur maison, le nid douillet qu’ils ont mis tant d’efforts et d’amour à construire, fruit de tant de sacrifices, pour trouver refuge ailleurs, dans un pays étranger. Que leur réserve le sort ? Comment appréhender cette page brutalement entamée où ils auront à tout refaire ? Cet exode forcé n’épargne pas des Mauriciens se trouvant également en Ukraine, qu’ils auraient choisi comme terre d’asile ou pour leurs études.

Ce monde étant devenu un village global, ce type d’événements nous rappelle que personne n’est à l’abri nulle part. De surcroît, des cas rapportés d’Africains refoulés à certaines frontières sont matière à réflexions et réactions. Quelle époque vivons-nous ? Si l’on pensait que le Covid-19 était la calamité la plus terrible de ces derniers temps, il faut bien admettre qu’avec le conflit russo-ukrainien, doublé du spectre d’une guerre mondiale, des périodes très noires se dessinent.

Ce 8 mars marquera aussi la Journée de la femme. L’escalade des horreurs faites aux femmes n’a pas reculé. Un exemple parmi tant d’autres : le verdict donné en cour, en France, cette semaine, dans l’affaire de Shaïna Hansye, ado issue d’une famille de Mauriciens, établis là-bas depuis de longues années. L’affaire rappelle à quel point les femmes sont encore et toujours très vulnérables, qu’elles soient en Afrique, en Asie ou dans des pays dits développés, comme en Europe.

Les sévices subis par Shaïna Hansye ont révolté les habitants de Creil, où vit cette famille. L’an dernier, celle-ci avait organisé une marche pour dénoncer les crimes atroces subis par Shaïna et une foule très conséquente s’était déplacée. Pour rappel, Shaïna Hansye a été victime d’un viol collectif en 2017. Elle avait 13 ans. En 2019, elle a été tabassée, violentée, poignardée et brûlée vive. Les restes de son corps calciné ont été retrouvés par la police dans un cabanon isolé.

En début de semaine, les musulmans de Maurice ont observé le Shab E Miraaj, soit l’ascension du Prophète Muhammad (pssl) aux cieux. Outre son côté spirituel très fort, cette date annonce également le mois du Ramadan. Les hindous, eux, ont célébré le Maha Shivaratree durant cette même semaine. Tandis que les chrétiens ont entamé les 40 jours de carême, qui culminera avec la Pâques. Varusha Pirappu et Ougadi sont derrière la porte. Nombreux sont ces Mauriciens qui célèbrent notre pluralité et notre richesse. La portée purificatrice de ces célébrations ne peut qu’aider en ces jours sombres…

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