MADOGS OF DIEGO: Fiers et satisfaits, déclare Gaston Valayden

De retour de San Francisco en début de cette semaine, Gaston Valayden et les membres de la Trup Sapsiway, se disent « certainement fiers de notre passage au San Francisco Fringe Festival. Et satisfaits. Nous avons le sentiment que nos efforts ont été justement récompensés ! » Et pour cause, la Trup Sapsiway n’est pas rentrée les mains vides, ayant décroché le trophée Best of Fringe au festival de théâtre de la côte ouest U. S !
C’est le sourire aux lèvres, le coeur débordant d’émotion et les yeux encore plein d’images du festival, que Gaston Valayden est rentré au pays, en début de semaine. La plupart des membres de la troupe l’ont accompagné. Seul son compère et complice, Marsel Poinen n’est pas encore rentré au bercail.
« Notre passage au San Francisco Fringe Festival a permis à de nombreuses personnes de découvrir Maurice, signale G. Valayden. Mieux encore, la majorité, sinon tous, ignoraient totalement ce qui s’est réellement passé à Diego Garcia et les conditions dans lesquelles la population a été exilée de force ! » Madogs of Diego, version anglaise de Les Chiommes, raconte justement cet épisode où « les habitants de ces îles ont été confrontés à la dure et triste réalité qui les attendait… », rappelle le dramaturge et comédien mauricien. Par le biais de l’imagerie et des métaphores, surtout en ce qui concerne « les calorifères où les chiens des habitants étaient brûlés », la pièce a « beaucoup ému et attristé les Américains, qui ne savaient pas que leurs concitoyens étaient derrière cette tragédie. »
Ce qui a amené, souligne Gaston Valayden, « la directrice du festival, Christina Angello, à nous confier ces propos que je trouve très symboliques et qui résument ce que de nombreux Américains sont venus nous dire : “I am proud of my country ; but not of my government !” »
Six représentations de Madogs of Diego ont ponctué la tenue du San Francisco Fringe Festival. « Sur ces six représentations, confie encore G. Valayden, d’un ton qui ne cache ni satisfaction ni fierté, nous avons eu droit à cinq standing ovations ! » Il explique : « Pour l’une des représentations, nous avions une assistance majoritairement constituée de Mauriciens qui s’étaient déplacés pour venir voir leurs compatriotes. S’ils ne nous ont pas fait de standing ovation, ce n’est pas par inélégance. Mais simplement, on l’a compris, que cela ne fait pas partie de notre culture. »
Il poursuit : « Les Américains, eux, manifestent leur joie et expriment leur contentement en se mettant debout, applaudissant à tout rompre pendant des minutes ! À l’issue de la toute dernière représentation, celle du 18 septembre, ils se sont mis tous debout. Sont restés silencieux pendant quelques longues minutes puis ont applaudi chaudement. Pendant plus de quatre minutes ! » G. Valayden ajoute : « c’était leur manière à eux de nous exprimer leurs émotions. Il y avait même certains qui criaient tellement ils étaient contents ! Quand on s’est parlés, ils nous ont expliqué que la pièce les avait tellement émus, jusqu’aux larmes, et que c’était là, leur façon de partager leurs sentiments avec nous. »
Riches d’une expérience « inénarrable, tant elle est forte et intense ! », qualifie notre interlocuteur, la Trup Sapsiway « a été totalement prise à dépourvu quand on nous a appris qu’on avait décroché la palme de Best of Fringe ! » Le principal concerné raconte : « On nous avait informé simplement qu’un cocktail allait se tenir et que ceux ayant participé au festival devaient y être présents. Or, à un certain moment, il y a eu l’annonce que le comité organisateur du festival décernait des prix à 17 des 46 formations qui avaient pris part au festival ! Et la Trup Sapsiway faisait partie de ces 17 primés ! » Un prix décerné après consultations et concertations avec « des médias spécialisés et des organismes concernés par le festival. »
L’émotion est « très forte, admet M. Valayden. Ce n’est pas un classement ou autre. Juste un prix que chacune des formations s’est vue remettre. Un trophée symbolique, mais qui a tellement d’importance à nos yeux ! » D’autant que cette année, la Trup Sapsiway était l’unique formation étrangère qui a participé au festival ; toutes les autres troupes émanaient des autres États US.
Une « juste récompense » donc, qui n’a pas manqué surtout de faire remonter chez le metteur en scène et les membres de sa troupe « ce sentiment qu’on avait bossé dur, avec notre coeur, qu’on avait fait beaucoup d’efforts et qu’ils étaient enfin justement récompensés ! »
L’artiste ne peut s’empêcher de se rappeler toutes les difficultés qu’il a rencontrés l’an dernier au pays, quand les autorités lui ont appris qu’il ne bénéficierait pas d’un parrainage de l’État pour représenter le pays à San Francisco. « Depuis le moment où nous sommes arrivés là-bas, poursuit G. Valayden, et pendant les répétitions générales qui ont précédé la tenue du festival, on n’arrêtait pas de se demander : “Est-ce qu’on est bien en Amérique ?” ; “Est-ce qu’on n’est pas en train de rêver ?”… »
La Trup Sapsiway dit son « plaisir d’avoir été de la partie, cette année. Nous avons été traités avec respect et sincérité. » G. Valayden ajoute encore : « Nous étions l’unique troupe à ne pas être des professionnels du théâtre. Quand nous en parlions avec les autres participants, ils nous ont dit : “Stop using the word amateur. You are all very passionate about theatre. That’s it !” Cela nous a fait vraiment chaud au coeur… »
De retour au pays, la Trup Sapsiway compte prochainement « reprendre la pièce au niveau des collèges, pour continuer à faire véhiculer le message et partager le calvaire des Chagossiens. » Des reprises publiques sont aussi à prévoir.
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« Que pouvons-nous faire ? »
« Dans la salle, lors d’une des représentations, relève Gaston Valayden, nous avons eu, une fois, une femme qui nous a expliqué qu’elle avait travaillé sur la base de Diego Garcia. Elle y avait été opératrice. Mais elle n’était pas du tout au courant de ce qu’avait subi la population locale. Elle et une amie, ainsi que d’autres Américains sont souvent venus nous voir à l’issue de nos représentations pour nous demander What can we do for these people ? Nous leur avons expliqué la situation et renvoyé vers l’Ong Chagossians International, leur site internet, entre autres… » Selon notre interlocuteur, « nous avons réussi à toucher 300 Américains et leur faire prendre conscience de la cause chagossienne. »
G. Valayden explique que « les règlements pour la présentation des pièces étaient très strictes. On avait un temps limité pour planter le décor et commencer à jouer. Comme nous jouons avec un décor très dépouillé, cela nous laissait une avance sur notre horaire et nous permettait ainsi de bénéficier d’une dizaine de minutes à la fin de la représentation pour dialoguer avec le public… C’est là que les questions et la prise de conscience s’est faite. »

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