Mauritius College : les étudiants retournent en classe sous conditions

Ils réclament des enseignants dans la durée, et non pas des remplaçants différents chaque trimestre

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Le management convoqué au bureau de l’Ombudsperson for Children

L’étudiant au cœur des incidents transféré dans un autre collège

Après une semaine de contestations, les étudiants du Mauritius College sont retournés en classe. La veille, ils avaient soumis une liste de doléances à la direction du collège. Leurs enseignants leur ont conseillé de reprendre les cours et de régler les problèmes plus tard, car les examens du deuxième trimestre débutent la semaine prochaine. Entre-temps, le bureau de l’Ombudsperson for Children a initié une enquête sur la situation dans cette institution scolaire et sur les propos sectaires allégués tenus à l’égard d’un étudiant. Ce dernier a fait l’objet d’un transfert dans un autre collège.

C’est le calme après la tempête, serait-on tenté de dire. Après une semaine de contestations, où ils ont refusé d’entrer en classe, soutenus par leurs camarades du département des filles, les étudiants du Mauritius College ont repris les cours hier. Devant cette situation chaotique, qui avait même commencé à dégénérer, avec des actes de vandalisme sur les voitures des enseignants, mercredi, le Management du collège a dû faire des concessions.
D’abord, il a été décidé que, pour le moment, les garçons pourront porter des blousons de couleur s’ils ne possèdent pas le pull noir du collège, car il fait très froid à Curepipe avec ce temps d’hiver. C’est pour cette même raison que des incidents avaient éclaté la semaine dernière. Le Manager voulait en effet réprimander un étudiant qui ne portait pas de pull réglementaire et aurait tenu des propos à caractère sectaire à son égard. D’où la colère des étudiants, qui aura duré une semaine et qui a été également l’occasion pour les étudiants d’exprimer leurs frustrations par rapport à d’autres problèmes au sein de l’établissement.
Dans la liste des revendications soumises à la direction, on relève ainsi que les étudiants souhaitent avoir des enseignants dans la durée. Les garçons de Grade 13, qui ont pourtant leurs examens de HSC dans quatre mois, ont ainsi fait ressortir qu’ils n’ont pas d’enseignants de biologie et qu’ils ont changé huit fois d’enseignants de mathématiques à ce jour. Ils veulent donc plus de stabilité, pour mieux se préparer à ces épreuves si importantes.
Mauritius College est réputé pour ne pas renouveler le contrat des enseignants. L’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE) a tiré la sonnette d’alarme à ce sujet à plusieurs reprises. Le dernier cas en date remonte à deux semaines à peine, où neuf enseignants avaient été remerciés à la veille de leur première année de service. Cela, alors même que les étudiants doivent passer les examens bientôt.
Dans leur lettre, les étudiants évoquent également des problèmes au niveau des infrastructures. « There are no fixed classes available for options like Business Studies, Maths, PE, English Sub, Maths Sub. No internet facilities in any computer room. Practical classes cannot be done. No printing facilities », font-ils comprendre. Et ce ne sont que quelques-unes des difficultés évoquées d’une longue liste. De plus, les étudiants réclament du changement au niveau du management, avec le recrutement de « personnes compétentes ».

Les étudiants évoquent aussi le fait que certains membres de l’administration leur « parlent mal, et même envers des enseignants ». Ils souhaitent également du changement à ce niveau. Concernant les propos sectaires allégués, pour le moment, le manager rejette les accusations. En conférence de presse en début de semaine, il avait accusé l’UPSEE de « manipuler » les étudiants.

Toujours est-il que le père de l’étudiant concerné a porté plainte à la police et au bureau de l’Ombudsperson for Children. S’il n’y a aucune nouvelle du côté de la police depuis, en revanche, les Investigators du bureau de l’Ombudsperson for Children se sont déjà rendus au collège cette semaine pour s’enquérir de la situation. Le Management du Mauritius College devra être convoqué dans les prochains jours pour s’expliquer sur cette affaire, ainsi que sur la situation qui prévaut dans cet établissement curepipien.

Sollicitée pour une réaction à ce sujet, Rita Venkatasawmy a confirmé que son bureau travaille sur le dossier du Mauritius College. « Je ne suis pas à Maurice pour le moment, mais dès mon retour, la semaine prochaine, je convoquerai la direction du collège. Nous avons reçu des plaintes d’étudiants ainsi que de parents. Nous attendons donc la version des faits du management », fait-elle ressortir.

Dans la foulée, Rita Venkatasawmy précise que la gestion d’un collège relève de son Management, et non pas du bureau de l’Ombudsperson. « J’ai entendu le Management dire en conférence de presse que le bureau de l’Ombudsperson n’a rien fait. Ce n’est pas à nous, mais au Management, de gérer sa structure. Nous intervenons quand il y a un problème. D’ailleurs, jamais la direction du Mauritius College n’a fait appel à nous », ajoute-t-elle.

Dans la conjoncture actuelle, précise Rita Venkatasawmy, la priorité demeure l’aspect académique, étant donné l’échéance des examens. « J’ai appris que les étudiants sont retournés en classe, ce qui est bien, car ils ont des examens. Mais je peux assurer que nous continuons notre enquête en parallèle. »

Par ailleurs, l’étudiant au cœur des incidents de la semaine dernière a, lui, été transféré dans un autre collège des hautes Plaines-Wilhems. Son père dit préférer privilégier l’avenir de son fils. « Après les incidents de la semaine dernière, mon fils avait été interdit du collège sans même que je ne sois prévenu. J’ai consigné une déposition à la police, ainsi que pour les propos sectaires proférés à mon fils. J’ai également porté plainte au bureau de l’Ombudsperson for Children. Je les laisse faire leur travail, mais, entre-temps, j’ai fait transférer mon fils dans un autre collège », déclare-t-il.

Ce père de famille explique que son fils, en Grade 9, doit prendre part aux examens du National Certificate of Education (NCE) bientôt, et qu’il préfère le laisser se concentrer sur ces épreuves. « S’il retourne au Mauritius College, il sera une cible, et je pense qu’il a été assez bouleversé par cette affaire. De plus, la situation au Mauritius College ne concerne pas que mon fils. On a vu comment les étudiants ont protesté pendant une semaine. La PSEA nous a dirigés vers un autre collège, et nous avons accepté cette option », dira-t-il encore.

Concernant la Private Secondary Education Authority (PSEA) justement, une prise de position officielle par rapport au Mauritius College se fait toujours attendre. Sollicité, le directeur, Shiv Luchoomun, nous a fait comprendre qu’il n’était pas disponible.

Youth for Human Rights International intervient
La branche mauricienne de Youth for Human Rights International (YHRI) a écrit cette semaine à la direction du Mauritius College, lui demandant de prendre les actions nécessaires pour que les étudiants puissent évoluer dans un environnement sain. Sous la signature de Manishwar Sharma Purmanund, coordinateur national de YHRI, l’organisation déplore les dérapages et les propos sectaires allégués. « Alleged racist words used by a member of your team to a student are experiencing significant concerns of discrimination and a violation of the Declaration of Human Rights, article 2. As service providers, academic institutions have legally mandated Human Rights obligations to their students under the Child Rights. »

L’organisation affirme qu’une telle situation ne pourrait être tolérée, d’autant plus en milieu scolaire. La branche mauricienne informe le Mauritius College qu’elle a déjà alerté la branche régionale sur cet incident au sein de l’établissement. YHRI dit également rejeter toute forme de discrimination et de harcèlement, et se dit disposé à en discuter avec la direction du collège.

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