Messe du Travail – Cardinal Piat : « La crise actuelle est plus grave que le Covid »

Nouveau plaidoyer du chef du diocèse de Port-Louis  en faveur du dialogue et la collaboration pour le bien commun de tous en particulier les plus pauvres

L’évêque de Port-Louis, le cardinal Maurice Piat, lors de la messe solennelle pour la Fête du Travail, considère que la crise économique et sociale qui secoue actuellement le pays est plus grave que le Covid-19. « Cette crise ne touche pas uniquement la santé mais la capacité de voir si nous pouvons vivre ensemble comme une société qui a une dignité », dit-il.

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À cette occasion, le cardinal a choisi hier de célébrer la messe entouré des pères Gérard Mongelard et Laurent Rivet, donnant une dimension symbolique à sa démarche à plus d’un titre. « La célébration a été placée dès le départ sous le signe de solidarité avec les travailleurs et tous ceux qui vivent dans l’angoisse et la souffrance devant la montée des prix des articles de consommation essentiels. Cette hausse du coût de la vie a été ressentie comme un coup de massue et un choc par les plus pauvres de la société ,» s’est-il appesanti.

S’inspirant de l’évangile du jour, le cardinal Piat a parlé de l’attitude de Jésus qui valorise le travail et le partage face à des disciples pris par le découragement et qui, non seulement, s’intéresse à leur peine et leurs activités quotidiennes, mais également leur fait confiance. Il a, dans le même souffle, parlé des inquiétudes de la population face à la détérioration de la qualité de vie.

« Devant ces augmentations brutales des prix qui peuvent durer, les gens sont inquiets dans leurs tripes et lorsque les gens souffrent ils ont tendance à crier ou à faire du désordre. Je n’approuve absolument pas la violence mais je dis que si nous voulons soigner leur angoisse, il faut en premier lieu comprendre ce qu’il y a derrière leur cri », fait-il ressortir en poursuivant : « si nous voulons soigner ses personnes, il faut comprendre ce qu’il y a derrière ces cris, comprendre leur souffrance et partager ce que nous avons. »

Le cardinal fait mention des initiatives de partage dans le pays avec entre autres l’agriculture solidaire et les boutiques solidaires . IL s’est appuyé sur un enseignement de son prédécesseur, feu cardinal Jean Margéot qui disait toujours que « bocou ti dimoune dan bocou ti lendroit kapav fer bocou ti kiksoz ».Ainsi, il a encouragé chaque famille qui a les moyens de penser à une autre famille qui est dans le besoin et qui n’a rien à manger.

« Une société qui laisse de côté une partie de sa population ne pourra jamais vivre en paix. Si elle sait s’occuper des plus pauvres la société revivra », reconnaît-il . Ce qui l’amène à mettre l’accent sur le bien commun estimant qu’une entreprise ne devrait pas se limiter à s’occuper de ses employés et de ses profits, elle doit également se soucier du bien commun et du bien du pays dans son ensemble.

L’évêque de Port-Louis ajoutera que cette remarque  s’adresse également aux partis politiques.

« Chaque parti a le droit de s’occuper de son organisation et des agents etc. Toutefois, une fois au pouvoir, ses préoccupations doivent dépasser les considérations partisanes pour s’occuper du bien commun. Cela s’applique également pour les partis de l’opposition qui ne devraient pas s’intéresser uniquement à leur popularité, à  marquer des point politiques ou  rod bout  mais doivent avoir à cœur le bien commun surtout des plus faibles. C’ est un devoir sacré pour le bien du pays »,précise le Cardinal.

« Toutefois, il ne peut y avoir de travail pour le bien commun sans un dialogue et une collaboration constante entre le gouvernement et les entreprises privées, la société civile, les religions. Personne ne peut se flatter de disposer seule de la solution à la crise actuelle. Il faut que les uns et les autres puissent se mettre autour d’une table. Si ceux qui détiennent les pouvoirs économiques et politiques se bagarrent entre eux, cela ne mènerait à rien. Kan de lelefan lager  banne ti béebet dans l’herbe ki krase », déplore-t-il.

Le cardinal Piat tire la sonnette d’alarme en faisant ressortir que  « la crise économique et sociale actuelle est plus grave que le Covid-19 parce que ce n’est pas uniquement la santé qui est concernée mais la capacité de voir si nous pouvons vivre comme une société qui a une dignité. Cette crise nous met au défi de voir si nous pouvons travailler ensemble dans le dialogue pour assurer que la population mange à sa faim sans gaspillage et en produisant le maximum de nourriture localement sans gaspillage en partageant, en organisant le partage tout en valorisant le travail et la contribution de chacun .»

La messe était animée par la chorale de la paroisse de Ste Hélène avec la participation de père Laurent Rivet entonnant un cantique invitant tout un chacun d’avoir un cœur, sachant prendre soin les plus démunis de la société.

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