Morts prématurés

L’hécatombe continue. Les décès prématurés de Kelina Mohono-Naiko, 15 ans, et de Sarah Jane Lootfun, 17 ans, viennent s’ajouter à la déjà longue liste de nos compatriotes à périr dans des accidents de la route cette année encore malheureusement. La collision survenue dans l’est du pays, à Haute-Rive, et qui a pris la vie de ces adolescentes, relance une foule de questions, choque et émeut. Mais pas que…

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Un des oncles de Kelina Mohono-Naiko, l’ex-jockey de carrière Vinay Naiko, reste sans réponse quant à la manière dont sa nièce s’est retrouvée avec ces autres passagers (huit !) de la voiture que conduisait le policier Sooveer Sungun, 20 ans. Agent de police qui était en état d’ivresse au moment des faits. Ce qui interpelle le plus, bien évidemment, c’est le fait qu’un agent de police aussi jeune ait pris le volant en sachant qu’il avait consommé de l’alcool !

Voilà qui jette l’opprobre, une nouvelle fois, sur les hommes en bleu. De quoi remettre en question, d’une part le recrutement des nouveaux agents appelés à faire respecter l’ordre et, surtout, donner l’exemple ! Après les policiers hors la loi qui frappent, martyrisent et torturent, comme si cette barbarie et cette violence faisaient partie de leur culture de travail, place à ceux qui sont payés pour faire respecter la loi et qui se fichent pas mal des règles. Le cas de Sooveer Sungun n’est hélas ni le dernier, ni le premier des hommes du CP Dip à faire parler d’eux pour les plus mauvaises raisons. Cette semaine a démarré par l’Opération Mazik de Rivière-Noire, où un policier, le constable Jonathan Rabot, figure parmi les suspects arrêtés.

Que se passe-t-il donc chez nos représentants de l’ordre ? Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez eux ? Il y a quelques années, Le Mauricien donnait la parole à d’anciens policiers qui remettaient en cause le recrutement, la formation et les critères de sélection de ceux qui rejoignaient la MPF. Cela après une série d’incidents impliquant de jeunes policiers pris pour consommation de drogue, voire d’alcool, entre autres frasques.

L’instance la plus pointée du doigt est la Discipline Forces Service Commission (DFSC). Cette structure est notamment responsable du recrutement des agents de police. Aurait-elle modifié ses critères ? Est-ce fini le temps où rejoindre les rangs des hommes en bleu était synonyme d’une sélection très rude et rigide, avec, par exemple, le respect de la taille et du poids, en sus d’être bon nageur ? Y a-t-il eu nivellement par le bas ou une ingérence politique ?

Le fait de porter l’uniforme et de bénéficier du privilège d’être un représentant de l’ordre confèrent-ils un sentiment d’impunité à certaines jeunes recrues ? Se sentent-ils au-dessus des lois ? Le CP Dip ne devrait-il pas envisager une remise à niveau de ses troupes ?

Pravind Jugnauth a parlé de « prendre des actions contre les brebis galeuses ». C’est un refrain archi-répété et qui ne vaut que pour la forme, nous semble-t-il. C’est une chose qui ne fait pas l’unanimité, car même suspendus, ces éléments qui font honte à leurs collègues continuent de percevoir salaires et autres “benefits”. Ne pourrait-on pas envisager une véritable refonte du système régissant les agents qui comporterait un moyen d’ôter ou de diminuer certains privilèges à ceux qui fautent ?

Par ailleurs, quand est-ce que les autorités viendront avec une solide campagne, pourquoi pas permanente ou à long terme, de sensibilisation, avec le concours de partenaires comme la police, certes, mais également de compagnies d’assurances, de membres du personnel soignant et de secouristes, ainsi que de survivants ? Cela changerait des sempiternels slogans creux, voire même risibles, qui n’atteignent, reconnaissons-le, pas leur but. La meilleure conscientisation, à notre sens, viendrait de la responsabilisation de chaque conducteur, qu’il soit ado, adulte mature ou fou de la vitesse. Chacun doit comprendre que tourner la clé ou appuyer sur un bouton de démarrage implique et entraîne une foule de responsabilités. Et cela comprend le fait de protéger et de sauver des vies.

On ne sauvera pas des vies avec des « plus jamais ça », « un mort de trop » ou d’autres messages à caractère répressif. La solution, c’est l’information et l’éducation de manière constante et suivie.

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