Noël sous la menace de l’Omicron

Pour la deuxième année consécutive, Covid-19 oblige, la fête de Noël – comme cela a été le cas pour toutes les autres célébrations religieuses, toutes religions confondues – sera célébrée dans un environnement marqué par les restrictions sanitaires et sociales. Ce sera le cas non seulement à Maurice, mais dans beaucoup de pays du monde. Cependant, alors que l’année dernière, à cette même époque, on se laissait bercer par la chimère « Maurice Covid-Safe » et qu’on se flattait du faible nombre de cas positifs enregistrés et du nombre relativement peu élevé de décès, cette année, la situation est bien différente. Elle ne laisse personne indifférent, même ceux vivant dans le déni tout en considérant que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

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La réalité est bouleversante. Depuis le 5 mars, les statistiques officielles relèvent 756 décès liés à la maladie. D’aucuns considèrent que ce n’est un chiffre indicatif et qu’en vérité, ils sont plus de 1 000 à avoir perdu la vie en raison du virus. Durant la même période, et toujours sur la base des chiffres officiels, 23 020 personnes ont été contaminées, dont 21 548 ont été guéries. Le pire, c’est que le variant Omicron circule déjà parmi nous. Ce qui amène le gouvernement à insister sur l’importance de la vigilance et à effectuer un forcing pour amener la population à faire la dose de rappel, la fameuse “booster dose”. Ainsi, à partir du mois prochain, seuls ceux ayant obtenu la 3e dose seront considérés comme “fully vaccinated”.
Après presque deux ans de pandémie, d’innombrables leçons peuvent être tirées dans le monde et à Maurice. À commencer par le fait que les grandes puissances ont beau accumuler des millions de vaccins pour leurs populations, elles ne seront jamais à l’abri aussi longtemps que les autres pays, et en particulier les plus démunis, n’auront pas vacciné leurs populations. La preuve, c’est que c’est dans des pays de l’Afrique australe que s’est manifesté pour la première fois le variant Omicron, qui bouleverse actuellement les pays occidentaux.
Plusieurs ont depuis fermé leurs frontières et introduit des mesures sanitaires strictes, voire des “lockdown”, en cette période de fin d’année, afin de limiter la propagation du virus.

Maintenant, tous les pays producteurs de vaccins ont pris l’engagement que des mesures seront prises pour que le maximum de la population mondiale puisse y avoir accès. No man is an island. Cette logique s’applique aujourd’hui à tous les domaines, que ce soit la question environnementale, le réchauffement climatique, la malnutrition, etc. Ces sujets sont évoqués régulièrement par les institutions internationales, comme cela a été le cas à Glasgow pour la COP 26 ou à Tokyo pour le N4G (Nutrition for Growth).
À Maurice, la lutte contre la pandémie a connu des hauts et des bas. Pas moins de 79% de la population est vaccinée, mais avec des vaccins à l’efficacité variée. Parmi les personnes non vaccinées, le pourcentage de personnes vulnérables reste encore élevé. L’opposition reproche au gouvernement de n’avoir été suffisamment proactif et d’avoir trop tardé pour s’approvisionner en vaccins et en médicaments antiviraux. Le pire, c’est que les procédures de “emergency procurement” semblent avoir été utilisées abusivement au profit de groupes particuliers.

L’épisode de l’importation de Molnupiravir, dénoncée par le leader de l’opposition, a jeté une lumière nouvelle sur ces pratiques, qui doivent être sanctionnées. Il est en effet inacceptable que certains puissent utiliser la crise sanitaire à leurs seuls profits personnels et au détriment des contribuables. Ensuite, il y a une surpolitisation de ce problème national. Pour des raisons politiques, le gouvernement pense en effet pouvoir résoudre le problème de la pandémie seul. Pourtant, l’opposition, tout en jouant son rôle de chien de garde, peut également apporter sa contribution et faire preuve de solidarité sur des questions d’ordre national.
À la veille de Noël, les chefs religieux, dont le cardinal Piat, ont lancé un appel pour que la population applique strictement les protocoles sanitaires énoncés par le gouvernement. Ils demandent tous à leurs fidèles de sacrifier le plaisir personnel dans l’intérêt du pays et de la population. L’invitation du cardinal Piat, qui demande à chacun de faire de sa maison une crèche où est né le Christ, est lourde de symboles et de leçons d’altruisme. Joyeux Noël à tous les Mauriciens.

Jean Marc POCHÉ

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