Perpétuer la mémoire du Dr Charles Yip Tong

KRISH PONNUSAMY, CSK

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J’ai connu le Dr Charles Yip Tong en 1967. Fraîchement nommé Clerical Officer au Chief Secretary’s Office qui devient par la suite le Prime Minister’s Office, je vois régulièrement les hauts fonctionnaires et les responsables syndicaux quand ils viennent prendre part aux réunions du Central Whitley Council, haute instance bipartite pour résoudre les litiges au sein de la Fonction publique.

Après ses études de médecine à Dublin, Charles se joint au ministère de la Santé en 1959 en tant que Medical Officer et travaille dans presque tous les hôpitaux de l’île avant sa dernière affectation à l’hôpital Brown Séquard. Son intérêt pour la psychiatrie lui ouvre des avenues et plus tard des boulevards. Après sa spécialisation en psychiatrie à Londres, il retourne au pays en 1965 au moment où se préparent les grandes manœuvres politiques en vue de la bataille pour l’Indépendance du pays. Débordant d’énergie et d’idées, le jeune médecin spécialiste veut se mettre au service de son pays. Il se distingue à l’hôpital Brown Séquard comme un brillant professionnel et gestionnaire et il est tout naturellement choisi par ses pairs pour assumer la présidence de la Government Medical and Dental Council en 1967.

Charles se fait vite remarquer pour ses qualités de fin  stratège. Les syndicalistes et les fonctionnaires ont besoin d’un homme de cette trempe. Sans hésiter, ils l’élisent Président de la puissante Federation of Civil Service Unions qu’il dirige avec un dévouement inlassable de 1968 à 1970. Dans le sillage de l’indépendance, le pays a besoin de tous ses cadres pour mettre en place les nouvelles institutions et soutenir par là même son développement socio-économique. Charles comprend bien les multiples enjeux pour notre jeune nation. La classe politique dirigeante menée par le Premier ministre, Sir Seewoosagur Ramgoolam, rencontre régulièrement le syndicaliste Charles et ils parviennent à trouver des terrains d’entente afin d’éviter des grèves dans la Fonction publique. Charles est reconnu comme un négociateur redoutable, intelligent, habile et réaliste. Il a la fibre patriotique. La démagogie est absente de son vocabulaire.

Charles est un visionnaire. Il lance l’idée de fédérer toutes les associations s’occupant des personnes souffrant des maladies mentales. Il s’emploie à fond et crée la Mental Health Federation qui est dûment enregistrée en 2005. C’est son bébé et il le fait grandir avec amour et générosité. Il lègue une solide institution à la postérité.

Son immense expérience lui vaut d’être nommé à siéger dans des corps importants tels que le Civil Service Tribunal, l’Electoral Supervisory Commission, le Medical Council en sus de ses affiliations avec des organisations de santé prestigieuses comme la World Federation of Mental Health et l’African Association of Psychiatrists.

À la retraite, Charles considéré comme doyen des psychiatres de Maurice, se consacre aux organisations volontaires et apporte sa riche expérience et son savoir-faire au Special Fund for the Welfare of the Elderly dont il est le président de 2001 à 2005.

Moi, j’ai continué mon parcours dans la Fonction publique jusqu’à 2008 tout en admirant l’œuvre fascinante et inspirante de Charles. Et puis, les retrouvailles avec Charles et Solange au sein d’un groupe d’amis sous l’appellation de CREW (Civil Responsibility Working Group). On se voit tous les mois dans la demeure d’un membre, discutant dans la bonne humeur d’un sujet d’actualité ‘autour d’une tasse de thé’ et des gâteaux faits maison. Charles et Solange apportent leur rayonnement à l’équipe de CREW. Aujourd’hui, profondément attristé, le CREW se joint à moi pour rendre un vibrant hommage à notre très cher ami Charles et saluer ses inestimables réalisations pour le pays et je me permets d’espérer que les autorités compétentes trouveront une formule pour perpétuer la mémoire du Dr Charles Yip Tong. Nous présentons nos sincères condoléances à Solange, leurs trois enfants, Mike, Shirley et Kenny ainsi qu’à toutes les familles endeuillées.

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