Trente ans après La Route des esclaves : une poésie de Michel Ducasse mise en musique

Un extrait de la poésie Île va sang dire, datant de 2002 et signé Michel Ducasse, figure parmi les cinq textes choisis pour une composition musicale qui sera jouée par le Chœur philharmonique international, groupe d’artistes de l’Unesco pour la paix, sous le titre Rhapsodies Noires, à l’église Saint Eustache, à Paris, le 25 juin prochain. L’événement s’inscrit dans le cadre des célébrations du 30e anniversaire du projet de la Route des personnes mises en esclavage, anciennement connue comme La route des esclaves.

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La sélection de son texte pour l’événement constitue une fierté pour le poète. « Je suis fier d’être parmi les Senghor et Césaire, qui ne sont plus de ce monde. Je suis aussi fier pour mon pays. Quand on commence à écrire, on ne sait jamais ce qu’il adviendra du texte », soutient au Mauricien le poète, heureux de cet accueil international plus de 20 ans après la publication de ses écrits.

« Il s’agit d’un poème extrait de mon premier recueil, Mélangés, paru en 2002, et dans lequel je parle de l’esclavage de façon différente. Je l’ai abordé de manière poétique en mettant l’accent sur ce qu’il a généré à Maurice : la langue créole et le séga », dit-il. Pour lui, il est clair que la situation à Maurice est similaire de celle des Etats-Unis, avec l’émergence du séga, qui est comparé au blues. Michel Ducasse rappelle ainsi que le créole est né dans un contexte contraignant de communication entre esclaves venus de différents pays ou tribus, et n’ayant aucune langue en commun au départ.

« Dans mon texte, il y a tout cela », dit-il. « La compositrice Leïla Olivesi, pianiste et cheffe d’orchestre, a créé une composition à partir de ces extraits de textes. » Il s’agit de : Ils m’ont dit, de François Sengat Kuo ; Celui qui a tout perdu, de David Diop (1927-1960) ; Et ce pays cria, C’était un très bon nègre, d’Aimé Césaire (1913-2008) ; et A New-York, de Léopold Sédar Senghor (1906-2001).

Aimé Césaire était un politique et écrivain né en Martinique, et fondateur et représentant majeur du mouvement littéraire de la négritude avec Léopold Sédar Seghor et Léon Gontran Damas. Quant à Léopold Sédar Senghor, il était en outre président de son pays, le Sénégal, mais aussi le premier Africain à siéger à l’Académie française.

Le Camerounais François Sengat Kuo, lui, était politicien, diplomate et poète, et David Diop (1927-1960), professeur d’université et écrivain sénégalais. Quant à la compositrice Leila Olivesi, elle a reçu le prix Django-Reinhardt en 2022. Elle puise son inspiration des racines du jazz à travers un mélange d’influences africaines, des îles caribéennes, du blues et de l’harmonie classique occidentale.
Le chœur amateur Chœur philharmonique international est une association à but non lucratif créée en 1997 par Amine Kouider dans le but d’abolir, par la musique, les frontières entre les âges, les pays et les cultures. Le chœur a été nommé Artistes de l’Unesco pour la paix. À ce titre, il s’engage dans les campagnes initiées par l’Unesco, dont celui « d’élaborer et d’accompagner des créations contemporaines autour des thèmes de l’esclavage, de traites et de leurs conséquences contemporaines, d’où l’engagement du Chœur philharmonique international, artistes de l’Unesco pour la paix, avec le concert « Rhapsodies Noires » .

Le concert sera en trois parties : « Héritages », « Poèmes choisis » et « Rhapsodies in Black ». La première mettra en lumière cinq compositeurs noirs, à savoir José Maria Nunes Garcia (1767-1830), le Chevalier de Saint-Georges (1745-1799), William Grant Still (1895-1978), William Levi Dawson (1899-1990) et Edouard Delale (né en 1980). La deuxième, elle, sera consacrée à la lecture des poèmes choisis sur une improvisation de Leila Olivesi, et enfin, la troisième sera Rhapsodies in Black. Le premier concert se tiendra le 25 juin à l’église Saint-Eustache, à Paris. Un deuxième est prévu le 4 octobre à la Maison de la radio et de la musique, toujours à Paris, et un troisième dans un port négrier français.

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