Vivre avec le changement climatique et la pluie

Faut-il revoir les critères concernant l’émission d’avis de fortes pluies ? À quel moment devrait-on fermer les écoles ? Peut-on faire entièrement confiance aux prévisions du temps du service météorologique de Vacoas ? Les débats autour de ces questions font rage depuis ces dernières semaines, que ce soit dans les médias ou dans les partis politiques, ceux au pouvoir comme de l’opposition.

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Personne n’a jusqu’ici trouvé de réponses satisfaisantes à ces questions, qui méritent pourtant une réflexion en profondeur. Même le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à qui ces questions ont été posées pas plus tard que le 1er février dernier, avoue que ce sont des questions complexes pour lesquelles il n’a lui-même pas encore trouvé de réponses. Il a révélé avoir soulevé la question avec les techniciens du service météorologique, qui lui ont expliqué que ce qui se passe est attribué au changement climatique.

« J’ai eu des rencontres avec les techniciens pour essayer de comprendre le phénomène qui nous affecte. Ils m’ont fait comprendre que la zone de convergence intertropicale – située normalement au sud de l’équateur, au nord de Maurice, et qui est génératrice de pluies et de mauvais temps –, s’est déplacée pour s’approcher plus près de l’île. Ce qui explique la formation rapide des nuages porteurs de pluies, qui ne peuvent être anticipés bien en avance, comme c’est le cas pour le déplacement des cyclones. Ainsi, il se peut qu’il y ait de fortes averses dans des endroits précis pendant une courte période de temps », explique-t-il, en citant le cas de jeudi de la semaine dernière où, en deux heures, 130 mm de pluies ont été enregistrés dans certaines régions. Ce qui fait que la décision gouvernementale de fermer les écoles dépend des informations transmises par des techniciens et des experts. « Nous préférons fermer les écoles parce que nous ne pouvons prendre de risque. Nous devons prendre nos responsabilités. » Voilà où nous en sommes.

Tout en reconnaissant que la météorologie n’est pas une science précise, il faut reconnaître que le service mauricien a commis quelques bourdes ces derniers temps. Personne ne comprend ainsi pourquoi un avis de grosses pluies n’a pas été émis le jeudi d’avant et comment le mauvais temps prévu pour le 1er février ne s’est pas concrétisé. On conclut donc qu’au niveau de la météo, c’est encore “work in progress” concernant l’utilisation du radar Doppler, qui peut aider avec précision à prévoir l’intensité et le lieu où il va pleuvoir au Japon mais pas dans les régions tropicales. Peut-être qu’il faudrait solliciter l’aide des techniciens japonais eux-mêmes qui, à l’heure de l’intelligence artificielle, pourraient trouver une solution.

Pour le moment les prévisions du temps dépendent des prévisionnistes en fonction. On se demande s’il n’y a entre eux une compétition. En fait, les pluies, grosses, modérées ou petites, ne posent pas de problème. Sinon tous les Curepipiens seraient restés enfermés chez eux durant toute une partie de l’année. Ce qui est vrai, c’est que les inondations provoquées par les grosses pluies sont dues aux infrastructures publiques défectueuses et à l’absence d’une politique d’urbanisation. À ce propos, le gouvernement est pris à défaut. Des sommes considérables ont été jetées à l’eau en raison de l’incompétence de certains, qui ont décroché de gros contrats pour la construction des drains.

Le ministère de l’Éducation aura à trouver un juste milieu avant de décider de la fermeture des écoles, surtout après les bouleversements provoqués par Covid-19. Est-ce qu’un avis de veillée de fortes pluies justifie une telle décision ? Il doit comprendre que ce n’est pas tous les enfants qui ont les moyens pour suivre des cours en ligne. Sans compter les bouleversements et les complications que l’annonce subite de la fermeture des institutions scolaires peut avoir pour les parents qui travaillent, pour les femmes seules qui ne disposent d’aucun soutien, ou encore pour les grands-parents qui doivent souvent se sacrifier.

Comme nous avons appris à vivre avec le Covid, il nous faut réapprendre à vivre avec la pluie et le changement climatique. Ce n’est pas la mer à boire. Bonne fête de Cavadee à tous nos compatriotes de culture tamoule !

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