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Coraliculture à pointe aux feuilles : Immersion dans un jardin de coraux

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Coraliculture à pointe aux feuilles : Immersion dans un jardin de coraux
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Dans le lagon de Pointe aux Feuilles, dans le Sud, un projet ambitieux est en cours depuis 2014. Nadeem Nazurally, lecturer à l’Université de Maurice, y a initié la coraliculture (culture de coraux) comme réponse à la dégradation de ces organismes qui joue un rôle capital dans les écosystèmes marins. En collaboration avec la Ferme Marine de Mahébourg, parmi d’autres, le scientifique a réussi à faire pousser plusieurs espèces de coraux grâce à des techniques révolutionnaires qui ont porté leurs fruits. Nous l’avons accompagné lors de l’une de ses plongées dans ce jardin de coraux.

Pour accéder aux sites où la culture de coraux est entreprise, rendez-vous est pris sur la jetée de la Ferme Marine de Mahébourg. Grâce à un bateau à moteur, nous voilà transportés à quelques centaines de mètres, non loin des récifs et d’une partie des cages de la ferme marine. “Le lagon de Pointe aux Feuilles est approprié pour la culture de coraux, nous avons remarqué que les nutriments qui proviennent de l’élevage de poissons ainsi que la rivière située non-loi, aident le corail à pousser”, dit Nadeem Nazurally.

Un océan de couleurs

Sur la première des cinq zones, l’attention est attirée par le magnifique spectacle qui s’o! re depuis la surface. Des mouvements sont perceptibles autour des ‘tables’ en fer qui servent de pépinières et de zones de transplantation alors que les autres parties sont particulièrement plus calmes. Pour en avoir le coeur net, nous plongeons dans ces eaux faisant 1m 50 à marée basse et 2 mètres à marée haute.

La ballade sur le site est une véritable immersion dans un océan de couleurs. Un rouge, tirant vers le rose, éparpillé sur la zone, attire l’attention. Il s’agit du corail pocillopora damicorni. Sur certaines ‘tables’, c’est le jaune qui prédomine à travers les coraux de feu. Si ces derniers sont beaux gare cependant au contact qui peut provoquer des démangeaisons désagréables. Chaque table contient au minimum 3 espèces de coraux, afin de favoriser la diversification. En tout, ce sont 5 espèces qui ont été retenues pour cette culture. Les 3 autres étant l’acropora formosa, l’acropora selago et les porites.

Un ballet de poissons

Ces coraux, placés sur des structures, font l’objet d’une culture visant à réhabiliter nos lagons. Outre Pointe aux Feuilles, le même projet est a été lancé à Flic en Flac, à Trou aux Biches, à Bel Ombre et bientôt à La Cambuse. Sur des cordes, rattachées aux tables, des boutures de coraux ont été greffées. Plus tard, ces mêmes boutures seront déplacées vers d’autres structures, des ‘spider frames’ ou alors sur des récifs abîmés afin de les réhabiliter. Si ces structures ne sont guère attrayantes au début, elles deviennent des habitats riches à la longue lorsque les coraux grandissent et à mesure que les algues et d’autres éléments les recouvrent.Devant nos yeux, un ballet de poissons issus de différentes espèces qui vivent en harmonie. On se croirait dans un aquarium. La vie s’est articulée autour des structures en métal auxquelles ont été rattachées des boutures de coraux et qui ont bien grossi depuis 2014. Chaque structure est habitée, les algues s’y sont greffées offrant de la nourriture aux locataires.

Imperturbables demoiselles bleues

Les résidents du jardin de corail sont curieux de notre présence. La diversité des espèces est impressionnante. Un ‘domino’, reconnaissable à sa robe noire et blanche nous pionne depuis sa cachette sur une des ‘tables’. À côte, quelques rougets creusent le sable à la recherche de nourriture alors qu’un petit câteau curieux vient s’enquérir de ce qui se trame. À quelques encablures, une vieille grise posée sur le sable guette une proie facile alors qu’une ‘madame tombée’ longe la zone avec sa nage rendue particulière par les mouvements typiques de sa queue.

Si certains poissons fuient devant notre présence, d’autres demeurent imperturbables. À l’instar des ‘demoiselles bleues’ qui semblent habituées à la présence humaine. Chaque mètre parcouru révèle son lot de surprise. Sous une des structures, nous apercevons une sole avec son aspect plat et sa colorie proche de celle du sable. Un battement d’yeux et le voilà imperceptiblement camouflé. Notre guide nous confie que les poissons ne sont pas les seuls occupants de la zone. “Nous voyons régulièrement des crabes, des crevettes des ‘ourites’ et même des tortues de mer. C’est la preuve que le projet que nous menons ici et dans d’autres régions de l’île a son importance.” Par contre, comme nous l’avions remarqué en surface, les zones autour du site sont dénuées de vie. Du sable et des algues à perte de vue et pas âme qui vive. Preuve s’il en fallait que les coraux sont des éléments essentiels des écosystèmes marins sans lesquels la vie a du mal à se développer.