Journée mondiale : le quotidien angoissant des aides-soignants en pandémie

Pour ceux qui assistent les infirmiers en effectuant les tâches dites de “premières corvées”, la situation est devenue insoutenable. En marge de la journée internationale des aides-soignants, le 26 novembre, ces travailleurs de l’ombre s’expriment. C.L.

Manoj, Health Care Assistant, est en poste dans une flu clinic depuis quelques mois. “Avec la flambée de cas positifs que nous enregistrons ces derniers jours et les longues files d’attente pour se faire dépister, vous imaginez bien le stress de travailler dans ce département, car nous sommes directement exposés.”

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Tous les patients qui sont admis dans les covid ward doivent passer par ce département. John, qui exerce comme attendant, confie travailler directement avec ce virus et être autant en première ligne que les infirmiers et médecins.

“Nous recevons les patients qui arrivent en ambulance, poussons les brancards des positifs vers les unités spécialisées, les préparons avant la prise en charge par les infirmiers et les médecins. Certains jours, nous avons à peine de temps de nous poser cinq minutes, et prendre notre pause déjeuner. J’ai une vingtaine d’années de carrière, mais jamais auparavant, je n’ai travaillé dans un tel chaos”, explique-t-il.

Manque de considération

Face au manque de personnel – avec ceux qui sont malades, en congé, contaminés ou redéployés à la ENT, en centres de vaccination, dans les mediclinics ou à l’aéroport -, Vinay qui travaille dans un dispensaire a été amené à prêter main-forte à l’hôpital.

“Depuis deux semaines, pas un jour ne passe sans que je ne me fasse insulter par un patient, ou leurs proches. La plupart du temps, c’est par rapport au temps d’attente, pour être pris en charge ou être admis dans une salle. Nous sommes aussi épuisés physiquement que mentalement”. 

Bien que leur rôle soit essentiel, les aides soignants estiment être invisibles et de ne pas bénéficier pas de la même considération que les autres travailleurs dans ce même secteur. “Par exemple, les remerciements dans la lutte contre la covid-19 vont directement aux médecins et infirmiers” déplore Manoj.

Quel est le rôle d’un aide-soignant? “Nous sommes un peu comme des bouche-trous et touchons un peu à tout dans un hôpital. Nous assistons les infirmiers, mais ne sommes pas autorisés à donner des traitements et soins aux patients. Cependant, nous travaillons directement avec les patients, les enregistrons à leurs arrivées, prenons la pression artérielle, le poids et la taille, les préparons pour un x-ray, une échographie, une intervention médicale, les accompagnons vers leurs chambres, etc ».

D’autres donnent le bain aux patients alités, leur changent la couche, leur donnent à manger. En somme, les aides soignants proposent les ‘basic nursing care’.

Au bord du burn out

La semaine dernière, par le biais de la Nurses Union, les infirmiers ont fait entendre leurs voix sur cette situation devenue ingérable dans les centres de santé. Entre autres griefs, le manque d’effectifs suite à la contamination des membres du personnel médical à la covid-19.

Des allocations ont été demandées pour encourager ces derniers à travailler avec les patients positifs en cette période compliquée. Manoj tient à faire ressortir que les autres catégories d’employées dans les hôpitaux sont aussi épuisées que leurs collègues.

En raison du manque d’effectifs, certains jours, Saroja se voit obligée d’enchaîner deux shifts. “Bien que je sois rémunérée pour ces heures, ça ne remplacera jamais le temps que je ne passe pas avec ma famille. Personnellement, je suis au bord du burn-out”.

Sandra travaille pour sa part comme cleaner dans un centre hospitalier des hautes Plaines Wilhems. “Je ne fais pas que nettoyer et désinfecter les chambres. Je donne aussi le bain aux patients, leur sers à manger, débarrasse la vaisselle, essuie les vomissures, entre autres besognes”.

Elle est d’autant plus inquiète, car deux de ses collègues ont été testés positif la semaine dernière. “Nous prenons toutes les précautions nécessaires et suivons un protocole strict, mais nous sommes aussi des humains. Souvent, dans ce rush, il arrive qu’il y ait des moments de relâchement”.

Elle a peur de ramener le virus à ces deux enfants et son époux diabétique. Ainsi, la mère de famille part travailler chaque jour avec la boule au ventre. “J’aime mon travail, mais pas plus que j’aime mes enfants. Personne n’est à l’abri”.

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