Sombre avenir

La tenue de la deuxième journée classique de la saison pour MTCSL, la Barbé Cup, a été sauvée de justesse cette semaine. Il a fallu qu’une demande d’un nouvel emprunt auprès de sa banque ait été acceptée pour que les salaires de ses employés soient enfin payés à 18 heures, mardi dernier. Cette situation n’est pas nouvelle, et dans ce contexte de situation financière précaire, amplifiée par les mesures imposées par la COIREC, la GRA et la HRD qui la prive désormais de tous les revenus qu’elle obtenait des activités et des services fournis dans la plaine où trône désormais People’s Turf, qui a investi les lieux sans partage. Pour couronner le tout, le renvoi de son assemblée générale qui a normalement lieu avant le début de la saison, qui avait été fixée au 12 août à cause des remous et de recomposition des conseils d’administration de MTCSL et du MTC, a été une nouvelle fois renvoyée à cause des différents rassemblements politiques prévus à cette date, même si rien n’a été arrêté à ce niveau.
L’assemblée générale du MTC s’avérera cruciale pour l’avenir du club qui, dès le début de la saison, a posé clairement la problématique : « As you are already aware, following a legislative amendment that came into force last January, the prerogatives of the MTC as a horseracing authority have been unceremoniously usurped by the Gambling Regulatory Authority (GRA). As a result, the role of the MTC has been downsized to that of a mundane racetrack operator and the State via the GRA now exerts absolute control over the governance, regulation and organisation of horseracing in Mauritius. This week, the authorities flexed their muscles even further by coercing the President of the MTC to resign since his crusade against illegal betting was not to the liking of a notorious bookmaking magnate who not only happens to be a special adviser of the Prime Minister, thereby wielding considerable influence at the GRA but also owns around 100 racehorses in training split among 8 trainers, on top of which he is developing a brand new training establishment. »
Dans ce contexte pour sa survie, il aura à décider de la vente d’une partie de ses terrains de Floréal pour renflouer les finances du MTC, ce qui devrait donner un peu d’oxygène à MTCSL, mais aucune garantie sur un avenir plus serein vu la politique d’étranglement financier mise en place par les autorités vis-à-vis du MTC. De même, avec les incentives proposés par la concurrence, le People’s Turf Club, qui récompense aussi financièrement les chevaux non-placés pour encourager les propriétaires à inscrire leurs partants lors des journées qu’il anime, ce surcroît de partants pour PTP regroupe un bon nombre de chevaux qui ont peu de chance de figurer à l’arrivée, ce qui est un non-sens hippique et un leurre pour le turfiste, mais tous les moyens sont bons pour prendre le monopole. Du coup, les champs de partants de MTCSL sont moins fournis, ce qui entraîne une masse de paris moins importante et des revenus limités pour l’organisateur de longue date.
Par ailleurs, certains entraîneurs n’ont toujours pas payé leurs palefreniers pour la deuxième partie du mois de juillet, alors qu’ils ont été prévenus par courrier de MTCSL le 15 juillet dernier que ces frais étaient désormais leur responsabilité. Un certain nombre d’entraîneurs font une résistance farouche à cette nouvelle donne qui vise à donner plus d’oxygène à MTCSL ,qui a trop longtemps subventionné à perte des entraînements qui, à la première occasion, ont viré leur cuti et sont allés courir leurs chevaux sous le sceau d’un nouvel organisateur des courses, du fait aussi qu’ils ont sous leur responsabilité un certain nombre de chevaux dont les propriétaires sont des prête-noms connus pour le compte d’un organisateur de paris que seules les autorités feignent de ne pas savoir.
Dans ce contexte, il apparaît clairement que l’avenir de MTCSL est sombre, parce qu’il faut le dire, il n’y a pas de place pour deux organisateurs de courses à Maurice vu le niveau des enjeux et des revenus générés. Le PTP du couple Lee Shim-Ubheeram, fort de ses finances apparemment illimitées, dont on ne connaît ni l’origine ni les limites, et dont les autorités financières sont apparemment satisfaites — à moins qu’elles ne ferment les yeux, — est plus à même de surpasser les épreuves actuelles et de durer, d’autant que Lee Shim règne sur le monde des paris hippiques et footballistiques, et des machines à sous à paiement limité, entre autres. Il n’y a qu’un changement au niveau politique qui pourrait modifier la donne — quoique, même dans ce domaine, les retournements de veste ne sont jamais à écarter.
Le monde économique est ainsi fait. Ne survivent souvent que ceux qui se donnent aujourd’hui les moyens, pas toujours obtenus de façon académique. Normalement, la pratique de certains jeux d’argent et de hasard comme l’hippisme suppose des connaissances spécifiques, le rôle du hasard resterait prédominant, même s’il n’est pas exclusif. Ceux qui se perçoivent comme des «experts» tendent à nier le hasard, tandis que ceux qui se considèrent comme peu compétents l’acceptent plus facilement. Mais au Champ de Mars, ça fait longtemps que le hasard est un leurre. Beaucoup de courses sont courues à l’avance et les heureux initiés usent et abusent de leurs connexions pour être dans le secret des dieux.
Aujourd’hui, plus que jamais, cela est une réalité. Ceux qui fréquentent toujours les lieux et les cercles intimes proches des dirigeants ou des entraîneurs confirment qu’ils reçoivent la plupart du temps des tuyaux gagnants, à la dernière minute, juste le temps de faire des paris de dernière heure. Mais, disent-ils, il faut attendre que le « chef » — personne n’ose l’identifier nommément — ait donné le feu vert pour prendre d’assaut les bookmakers ou les autres officines de jeu. Et la plupart du temps à bon escient !
Dans le contexte d’un programme souvent dégarni, les turfistes non-initiés tentent aujourd’hui leurs chances sur les doublés, triplés et quadruplés que n’offrent pas les bookmakers ,mais qui sont disponibles chez SMS Pariaz — où les paris sont plus conséquents en raison du fixed-odd — et les Tote. Mais ils sont nombreux à se plaindre à juste titre que le pari multiple à cote fixe ne débute pas à partir de la proclamation du programme officiel le jeudi, mais à partir de vendredi soir. Ce qui, au regard de la loi, est inacceptable, dans la mesure où les turfistes doivent avoir la possibilité de parier dès la parution du programme officiel. Le silence complice de la GRA à cet effet parle de lui-même et révèle ou confirme son asservissement vis-à-vis de certaines officines de paris qui sont les bases arrière du financement du principal parti au pouvoir.
Coïncidence ou pas, il est un fait indéniable que les Racing Stewards ont asséné leurs plus lourdes sanctions de cette année sur des épreuves s’étant déroulées sous l’égide de People’s Turf :
3e journée, 2e course : le jockey J. A da Silva (High Voltage) — 8 semaines de suspension, Amar Sewdyal (High Voltage) — 30 jours avec sursis
5e journée, 1e course : le jockey Abhishek Sonaram (Stone Circle) — 6 semaines de suspension
9e journée, 7e course : le jockey Tejash Juglall (Six Degrees) — 6 semaines de suspension.
Loin de nous l’idée de pointer du doigt l’organisateur des courses qui n’a évidemment rien à faire avec le déroulé des épreuves, car rien ne privera MTCSL d’en être aussi victime. Mais ce qui favorise sans doute cela actuellement, c’est le set-up en place de PTP au Champ de Mars, dans la plaine, où la promiscuité des différents acteurs rend les contacts plus ouverts et les possibilités d’arrangements plus forts. D’autant que des informations persistantes affirment qu’il existe une salle secrète, aménagée spécialement pour le contrôle des paris, l’évolution des cotes au sein même de cet espace vital, où se déciderait l’issue de pas mal de courses. Des jockeys nous ont même confié qu’ils n’avaient pas besoin de faire leur home-work et même certains entraîneurs nous disent eux-mêmes qu’ils ne pas savent pas comment vont courir leurs chevaux, car tout est décidé par le « boss ».
Turf Magazine n’a évidemment pas pu vérifier physiquement cela, vu la présence de gros bras qui se sont encore signalés le week-end dernier en tentant d’empêcher les photographes de presse d’effectuer leur travail après l’incident de Power Tower. Mais il y a trop de faisceaux concordants pour rejeter d’un revers de la main ces dires. On ne demande qu’à être rassuré par les autorités… dans une situation où l’hippisme mauricien continue à sombrer au lieu de s’élever dans sa nouvelle configuration.

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Des informations persistantes affirment qu’il existe une salle secrète, aménagée spécialement pour le contrôle des paris, l’évolution des cotes au sein même de cet espace vital, où se déciderait l’issue de pas mal de courses

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