Océan Indien : la pêche au centre des préoccupations

A Port-Louis et à Balaclava, ce jeudi 13 septembre, deux regroupements ont œuvré à leur manière pour une pêche responsable dans les eaux mauriciennes et indianocéaniques. Des plaidoyers qui interviennent alors que l’océan Indien s’ouvre à d’autres nations.

- Publicité -

Assis à même le bitume devant le ministère de la Pêche, des familles, des écologistes, des pêcheurs, des plaisanciers, des artistes, des politiciens, entre autres, ont occupé pacifiquement une des artères principales de la capitale.

Ce mouvement de contestation a été motivé par une annonce du ministre des Affaires étrangères. Le 21 août, Vishnu Lutchmeenaraidoo a informé que l’ébauche d’un accord de pêche entre Maurice et le Japon était à l’étude.

Dès lors, un collectif réunissant une pléiade d’associations a vu le jour : Lavwa Losean Indien, dont l’objectif consiste notamment à défendre l’écosystème marin.

Plus tôt au Jardin de la Compagnie, à Port-Louis, plusieurs intervenants se sont succédés au pied de la statue d’Adrien D’Epinay. Les grandes lignes du combat de Lavwa Losean Indien ont été dessinées devant une foule brandissant des pancartes aux slogans écologistes.

« Que restera-t-il quand ils auront tout détruit ? », questionne la pancarte

« Pendant plusieurs années à travers plusieurs mouvements, nous avons dénoncé sous plusieurs formes l’accaparement et la dilapidation de notre bien et notre patrimoine commun : notre mer », a déclaré Stephan Gua, porte-parole du collectif.

Il poursuit : « La mer et l’océan appartiennent à tous les Mauriciens de cette génération et de la génération future. N’importe quelle décision que nous prenons aujourd’hui aura des conséquences pour nos enfants demain ».

Lavwa Losean Indien a, par la suite, déposé une lettre au bureau du ministre de la Pêche, Prem Koonjoo.

Quatre points y sont défendus.

Le collectif plaide pour que l’accord de Pêche évoqué par M. Lutchmeenaraidoo ne soit pas signé.

De plus, le collectif souhaite l’institution d’une National Marine Coastline Audit Commission (NMCAC), qui devrait permettre à tous de faire entendre leurs opinions concernant l’utilisation des eaux mauriciennes.

Le collectif réclame, en outre, que les projets d’aquaculture et les accords de pêche avec des pays étrangers soient stoppés. Du moins en attendant les conclusions de la NMCAC pour savoir si les Mauriciens y sont favorables.

« Nous sommes convaincus que ces urgentes réclamations vont contribuer à ouvrir une nouvelle ère démocratique qui engagera l’ensemble des citoyens dans des discussions sérieuses et une approbation continuelle concernant l’usage et la gestion de nos ressources », plaide le collectif dans sa lettre.

COI/UE.

A plusieurs kilomètres au nord de l’île, dans un tout autre décor, des représentants des Nations unies et de la Commission de l’Océan Indien (COI) ont ratifié un nouveau programme de 28 millions d’euros.

Le but, selon un communiqué conjoint, consiste à promouvoir la gestion durable des pêches dans les îles de l’océan Indien, de même qu’en Afrique orientale et australe. Sous l’intitulé ECOFISH, le programme s’échelonnera sur six ans.

Le secrétaire général de la COI et l’ambassadeur de l’UE auprès de Maurice ratifiant le programme de 28 M euros. A l’arrière, Vishnu Lutchmeenaraidoo

« ECOFISH contribuera à consolider les acquis des Etats de la région en faveur d’une pêche durable génératrice de croissance et d’emplois », a déclaré Hamadi Madi, secrétaire général de la COI.

Trois axes stratégiques y sont inclus.

ECOFISH prévoit de renforcer les politiques régionales et les cadres institutionnels pour une gestion durable des ressources partagées, tant au niveau des pêcheries continentales que marines.

Le deuxième axe stratégique concerne la surveillance à travers le Plan régional de surveillance des pêches (PRSP). L’objectif : renforcer des capacités pour la prévention, la dissuasion et l’élimination de la pêche illicite.

De plus, des initiatives concrètes de gestion et de gouvernance des pêcheries continentales et marines seront soutenues, indique le communiqué.

Autour de la table des discussions, ce même Lutchmeenaraidoo qui, quelques jours plus tôt, annonçait l’ouverture des eaux mauriciennes au Japon.

Le ministre des Affaires étrangères mauricien (à gauche) en compagnie de son homologue japonais, Masahisa Sato, en août

D’ailleurs, hier au Brésil, le Japon et d’autres nations soutenant la chasse à la baleine ont pu freiner une importante mesure écologique. Celle-ci proposait la création d’un sanctuaire de baleines dans l’Océan sud Atlantique. Mais la proposition n’a pas reçu la majorité de deux-tiers en vue de permettre son application.

Attablés dans de somptueux locaux à Balaclava, les représentants de l’Union européenne et de la COI partagent l’avis que l’ouverture inévitable des eaux de l’océan Indien doit se faire de manière responsable.

« Les activités en mer ne font que s’accroître, et nous devons nous assurer que les océans soient utilisés de manière durable », a déclaré Marjaana Sall, ambassadeur de l’Union européenne auprès de Maurice.

De son côté, le secrétaire général de la COI a affirmé que « grâce au soutien de l’Union européenne, les pays de l’Afrique orientale et australe et de l’océan Indien pourront renforcer les différentes pêcheries et aussi poursuivre les actions conjointes de surveillance des pêches ».

Les baleines à bosses sillonnent nos eaux de juillet à octobre, en migrant vers le Sud du globe. Ici, une photo de Warren Lamport à St Antoine.

Au début du mois, le Japon a soumis une motion afin que soit réintroduite la pêche commerciale de baleines, qui sillonnent l’océan Indien. Une décision à ce sujet est attendu au courant de la semaine.
Une question émerge dès lors : l’océan Indien pourra-t-elle préserver son écosystème?

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -