Enquête de fond(s)

L’affaire de détournement de fonds allégué à l’Association mauricienne d’athlétisme (AMA) a pris une tournure assez inattendue dans l’après-midi de lundi. De par surtout sa médiatisation, un modus operandi questionnable et des déclarations qui ont suivi après la descente policière dans le bureau qu’occupait l’ancien trésorier, Claude Duval, au stade Maryse Justin à Réduit.
Au total, Rs 150 025 ont été découvertes dans une boîte en bois dans le sillage d’un détournement de fonds allégué totalisant Rs 306 354 et rapporté en juin de l’année dernière. Des fonds qui auraient transité par un compte dont l’assemblée générale avait, dans le passé, pris la décision de fermer, mais qui a été réactivé à l’insu des membres.
Ce qui avait coûté, dans un premier temps, une suspension pour “misconduct” à Claude Duval, avant qu’il ne soit remercié. Depuis, la police a mené son enquête jusqu’à sa convocation de janvier, au même titre que celle de Vivian Gungaram, ancien assistant-secrétaire, quelques jours plus tard. Celui qui est pointé du doigt pour avoir signé des chèques au nom de la confiance à l’égard de Claude Duval !
En janvier donc, Claude Duval aurait révélé l’existence de cette boîte en bois contenant Rs 150 000. Tant mieux donc si la police a fait son travail. Tant mieux aussi si l’argent s’y trouvait encore. Mais toujours est-il qu’on ne peut se demander pourquoi la police a réagi deux mois plus tard, alors qu’il était tout de même question d’un des éléments centraux de l’enquête.
Fallait-il bénéficier d’une quelconque autorisation pour s’assurer de la véracité des propos de Claude Duval ? Ne devait-on pas réagir instantanément dans le but de “secure” cette importante somme d’argent ? D’autant qu’une éventuelle disparition n’est pas à exclure dans pareille situation !
Que se serait-il d’ailleurs passé si, de janvier à mars, l’argent s’était volatilisé ? Si un simple téléphone « voyeur », rapporté fin juillet 2021, a disparu en très peu de temps dans les toilettes des dames à la Mauritius Football Association à Trianon, alors imaginez Rs 150 000 !
L’autre question qui demeure n’est autre que cette convocation émise à la fois à Claude Duval et à Vivian Gungaram par l’AMA ! Étonnant n’est-ce pas, quand on sait que cette prérogative revenait de droit à la police. La police était-elle au courant de cette convocation ? Si tel est le cas, pourquoi a-t-elle approuvé ce modus operandi tout en sachant, en âme et conscience, que c’était contraire à la loi ? D’autant que la descente de lundi était bien la sienne !
Il ne faut pas non plus oublier qu’en janvier, Claude Duval et Vivian Gungaram ont bien été convoqués par la police dans le cadre de cette enquête ! Alors, pourquoi la police n’a-t-elle pas fait de même lundi dernier ? Faut-il aussi savoir, selon une information qui circule, si l’argent retrouvé a été vraiment remis à l’AMA ? Car, logiquement, cet argent est considéré, dans le jargon de la police, comme une “evidence” et ne peut en aucun cas être remis à l’association tant que l’enquête n’est pas bouclée !
Ces questions légitimes méritent d’être éclaircies dans l’intérêt et le bon déroulement de cette enquête. Loin de nous de défendre les intérêts de qui que ce soit, mais uniquement les principes de la bonne gouvernance.
Sauf que la façon de procéder de l’AMA, lundi, interpelle. D’abord, pour s’être substituée à la police lors d’une procédure aussi importante. Et ensuite, par sa décision de convoquer la presse à une descente policière ! Pourquoi tout ce tape à l’oeil ? Forcément, on ne peut que demeurer perplexe, tout comme cette déclaration interpellante de presse du président de l’AMA qui avance que Vivian Gungaram n’a jamais évoqué l’existence de cette boîte au Rs 150 025 !
Est-ce insinuer que l’ancien assistant-secrétaire de l’association était au courant de l’existence de cette boîte ? Alors même qu’une enquête est en cours et que ce genre de supposition pourrait entraver sa bonne marche.
Dans ce contexte, n’est-il pas important que certains à l’AMA apprennent à respecter certains paramètres de l’enquête en laissant à la police le soin de faire son travail en toute indépendance ? Contrairement au croche-pied de lundi à Réduit et qui, étrangement, ne semble pas avoir interpellé le responsable du dossier !

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Jean-Michel Chelvan

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