La crise du coquelet

Tout ça pour ça ! La crise provoquée par le fils Duval au sein de la fragile alliance des partis de l’opposition aura surtout profité au MSM. Elle aura permis aux porte-parole du parti orange et de ses alliés de se moquer – avec raison – de cette alliance dont le divorce a failli précéder les fiançailles. Les ténors du MSM ont abouti à cette question que beaucoup de Mauriciens se sont posés pendant la crise du coquelet : « Si lor ticket, zot pas kapav tombe d’accord, ki pu arrivé demain si zot pran gouvernement et bizin pran ban décisions graves pou pays ? » Effectivement, si pour un partage de tickets, le PMSD est capable de déclencher une polémique publique de cette envergure, à quoi faut-il s’attendre si demain, il faut voter un amendement à la Constitution qui pourrait ne pas convenir à Adrien Duval ou à un autre membre du PMSD ? C’est une question qui a de quoi troubler les électeurs qui, au départ, expriment des réserves sur les partis politiques, les alliances et la nécessité d’aller accomplir son devoir civique.

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Si, dans cette polémique, l’alliance PTr/MMM/PMSD a certainement laissé des plumes en termes de manque de crédibilité et de sérieux, le grand vaincu de ce mauvais cinéma est celui qui l’a déclenchée: le PMSD. À commencer par son leader, dont l’image de leader de l’opposition – capable d’être incisif sans jamais dépasser la mesure, d’être percutant sans avoir besoin de monter le ton, et d’élever la voix – a été remplacée par celle d’un chef de parti, capable de soutenir un de ses membres, qui plus est, son fils, dans une revendication de tickets perdue d’avance. En effet, comment est-ce que Navin Ramgoolam – qui avait lui-même annoncé les détails du partage de tickets – aurait pu revenir sur cette question et se dédire, en ne mettant pas en cause son autorité de leader du PTr et de l’alliance ?

Comment est-ce que le leader du MMM – qui a, sans doute, des problèmes de distribution de tickets dans son propre parti – aurait pu soutenir le PMSD dans sa campagne « partaz la pa équitable » ?
On commençait à s’habituer à l’image d’un Xavier-Luc Duval, homme d’État en devenir, il aura suffi de la crise du coquelet pour faire disparaître cette image. À la place, s’est imposée celle d’un chef de parti, d’un chef de clan essayant de soutenir les déclarations de son fils revendiquant plus de tickets au nom d’une popularité sur le terrain qui reste encore à démontrer. Il semblerait que cette démonstration n’ait pas été faite puisqu’aux dernières nouvelles, le PMSD, après quelques jours d’agitation provoquée par la crise du coquelet, est rentré dans les rangs de l’alliance, a accepté les tickets qui lui avaient été attribués et que son leader n’avait pas contesté. Les revendications du fils ont été étouffées dans l’œuf et il lui a été demandé d’arrêter de se dresser sur ses ergots. On aurait également dû lui demander de méditer sur la phrase suivante : never start something you can’t stop. Car une mécanique mal réglée finit toujours par se retourner contre celui qui l’a mis en marche. Car finalement au lieu de faire le PMSD obtenir plus de tickets électoraux, selon sa supposée importance sur le terrain, la crise du coquelet n’a fait que ramener le PMSD à ce qu’il est réellement : un petit parti d’appoint. Le cinq sous qu’il manque toujours pour faire une roupie, pour reprendre une expression connue et que l’on rattache toujours au parti du coq!

Cette crise aura, tout de même, obligé les tortues face au lièvre de se secouer et de donner l’impression de vouloir enfin se réveiller. Alors que l’on sait qu’il faut essayer de mobiliser le maximum de personnes pour le meeting du 1er Mai, ce n’est que cette semaine, à un peu plus de quinze jours de l’évènement, que l’alliance commence à se décarcasser. Vendredi, le PTr a tenu la première réunion de mobilisation de ses principaux agents à Ébène. Hier, le MMM a réuni ses instances. Est-ce que ce branle-bas de combat de dernière minute mobilisera les partisans des trois partis et les pousser à faire acte de présence à Port-Louis le 1er Mai ? L’avenir nous le dira. Mais au-delà du meeting démonstration de force et de la guerre des foules, l’alliance a beaucoup de retard à rattraper, ne serait-ce qu’au niveau de son programme gouvernemental, dont on attend la publication depuis des semaines et des mois. Pendant ce temps, le MSM suit son plan – au moins, lui, en possède un ! –, organise régulièrement des réunions pour mobiliser directement ses troupes, sans compter la campagne qu’il mène tous les soirs dans les journaux télévisés de la MBC. Et sans compter sur les munitions que lui a données, gratuitement, l’alliance PTr/MMM/PMSD avec la crise du coquelet !

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