Les JIOI, sacré dilemme !

Madagascar parviendra-t-elle à respecter son engagement qui est d’organiser les 11es Jeux des Iles de l’océan Indien ? Bien malin celui qui pourra répondre à cette question, alors qu’il reste un peu moins de quatre mois avant le coup d’envoi (25 août). Le nouveau ministre des Sports, André Haja Resampa, qui annonce, soutenu par son président, Andry Rajoelina, que la manifestation aura bel et bien lieu. Le président du Comité olympique, Siteny Randrianasoloniaiko, affirmant, lui, qu’il existe très peu de chance que les Jeux soient maintenus.
Ce sera donc au Conseil international des Jeux des Iles (CIJ) de faire un point important et neutre sur l’état d’avancée des travaux à l’issue d’une visite de quatre jours prévue cette semaine. Cela, par le biais de son rôle d’arbitre, lui qui a surtout la responsabilité de veiller à ce que les Jeux se déroulent dans des conditions décentes et optimales. D’autant que nous savons déjà que la compétition de natation n’aura pas lieu à Majunga. La piscine olympique qui devait y être construite étant à peine sortie de terre à la grande stupéfaction des membres du CIJ en décembre.
D’autres rénovations étaient en cours, alors que le dossier central, soit celui de l’hébergement, est demeuré en suspens. Les organisateurs n’ayant jusqu’ici donné aucune assurance sur comment loger les quelques…4 000 personnes. Une grande première, tout comme le record de 23 disciplines et dont l’accouchement est loin d’être une mince affaire. On se demande bien si les forceps suffiront devant l’ampleur d’une telle responsabilité !
La question que Week-End se posait à l’heure de l’organisation des Jeux “Cinq Etoiles” de 2019 à Maurice, était de savoir si les autres pays allaient pouvoir se hisser à une telle hauteur. Il y a d’abord ce chiffre de quelque Rs 5 Mds investis par l’État et qui, l’avions nous dénoncé, déformait la philosophie derrière l’organisation des Jeux des Iles. Au delà de la compétition, il était surtout plus important que les valeurs soient maintenues intactes avec notamment un Village des Jeux capable de créer cette chaleur humaine autour de l’amitié et de la fraternité. Malheureusement, les athlètes étaient éparpillés au moment venu !
Madagascar a-t-elle aussi voulu faire dans la démesure en organisant des premiers Jeux à 23 disciplines autour d’une population de quelque 4 000 âmes ? On serait tenté de penser ainsi. Les Malgaches, dont l’hospitalité n’est plus à faire, voulant, à n’en point douter, impressionner avec des Jeux en plaçant l’humain et le sport au centre des préoccupations. Et non l’ego financier donnant dans la dimension excessive comme d’autres !
Sauf que le plan malgache arrive à un moment où le Covid-19 a laissé des traces indélébiles sur l’économie mondiale. D’où certainement la difficulté du Comité organisateur des Jeux des Iles (COJI) malgache à réaliser ce pari fou. Souhaitons que tout se fasse dans l’intérêt des athlètes et que ces Jeux puissent être tenus dans les temps et sans que les intérêts des uns soient privilégiés au détriment des autres.
C’est justement cette décision cruciale que le CIJ aura à prendre communément avec le COJI malgache. D’autant que le temps presse et qu’il faudra, à un moment donné, prendre la décision qui s’impose. Soit les Jeux sont maintenus, mais avec un nombre réduit de disciplines, soit ils sont repoussés pour 2025. Les règlements n’autorisant pas de grand évènement l’année des Jeux olympiques, dont celles de 2024 à Paris.
Comment alors arriver à ce juste milieu de maintenir les Jeux, afin de ne pas casser l’enthousiaste des athlètes, somme toute déjà dans l’ambiance d’en découdre à Tana ? Eux qui sont en pleine préparation depuis plusieurs mois pour cette manifestation régionale incontournable. Ce sera d’ailleurs dur d’accepter un renvoi en considérant les priorités futures des uns et des autres, mais aussi ceux arrivant en fin de carrière.
Il y a également l’option de réduire la population des Jeux. Une éventualité qui semble faire son chemin et qui pourrait arranger certains. Mais le sera-t–elle cependant pour ceux qui auront à prendre ce coup de massue à quatre mois du coup d’envoi ? Comment encaisser une telle déception après avoir investi pendant plusieurs mois dans la préparation ?
Dans cette conjoncture, comment les décideurs trancheront ? Quelles sont les têtes qui tomberont ? Prendra-t-on le temps de juger la performance et les résultats régionaux, continentaux et même mondiaux ? Est-ce la popularité qui primera au final ? Agira-t-on dans la transparence où se concertera-t-on entre “petits copains” pour ensuite justement sauver d’autres “petits copains” ? Ce sont autant de questions qui demeurent malheureusement pour l’heure sans réponse.
Ce qui est certain, c’est que des disciplines comme l’athlétisme, le football ou encore la natation sont quasi-certaines de se retrouver à Tana. Cela, dans l’éventualité que le CIJ procède à une réduction de disciplines en consultation avec le COJI malgache. La petite poignée devra, elle, croiser les doigts dans l’espoir que le gouvernement malgache demeure jusqu’à la fin sur sa position de départ.
Le compte à rebours a donc déjà commencé et d’ici quelques jours, on devrait être définitivement fixé. Cela, en espérant que le sport sortira gagnant de cette éventualité qui s’annonce malheureusement plus cruelle que cruciale.

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