Lorsque le soleil 
se couche à l’Est…

Une pause, le temps des fêtes, sur les rave parties sur chassé de l’État où des trafiquants de drogue se la coulaient douce, et que la marchandise était, elle, écoulée auprès de jeunes personnes bien protégées et à l’abri des actions d’éclat de la Special Striking Team ou des enquêtes orientées de l’ICAC.
La team et ses porte-parole, les uns plus creux que les autres, viennent de se rappeler subitement que la côte ouest est le lieu de prédilection pour l’entrée et la commercialisation de la drogue. Après avoir laissé filer un certain Franklin, malgré les condamnations de tribunaux voisins, après une stratégie plus que limpide visant à retarder le plus longtemps possible son extradition, ils ont redécouvert l’Ouest avec une opération à Baie du Cap. Dont il reste évidemment à établir le vrai des fabulations ou autres fabrications habituelles de cette très “special team”.
Impossible, par contre, de faire l’impasse sur le bilan désastreux de la route cette année avec, à hier 30 décembre, 137 victimes contre 108 pour toute l’année 2022. Encore un record pulvérisé par la team de Pravind Jugnauth qui, à part une campagne, nécessaire mais bien trop tardive sur la sécurité routière, n’a jamais fait un inventaire des causes autres que celles convenues de la conduite en état d’ivresse, de drogue, de négligence ou d’imprudence.
A-t-on entrepris une étude récente sur l’état du réseau routier pour identifier les causes des accidents ? Il n’y a qu’à commencer par le tracé du tramway. À Floréal, par exemple, pour expliquer comment on a pu autoriser un ouvrage avec un carrefour à cinq voies d’accès. À moins que les autorités n’attendent qu’il y ait des morts pour confier à un ingénieur du transport indépendant une vraie étude sur les nouveaux black spots.
Est-ce qu’il existe, par ailleurs, un protocole établi lorsqu’il y des victimes d’accidents de la route ou bien, comme c’est le cas partout ailleurs, la politique est de get finir. Pourquoi M. Gungadin, apparemment la nouvelle star de la police, ne vient-il pas nous expliquer pourquoi une conductrice qui a mortellement renversé une dame de 72 ans à Cassis n’est toujours pas en détention en attendant que la Cour décide de son sort, alors qu’il a été établi qu’elle utilisait son portable au moment des faits ?
Même lorsqu’il s’agit d’une négligence criminelle comme l’usage du téléphone au volant, c’est toujours de “l’homicide involontaire” ? Un délit bateau qui ouvre la porte à tous les abus et à l’arbitraire. Sans vouloir dédouaner le conducteur du camion qui a pris feu sur l’autoroute à Pailles, il y a des faits qui interpellent.
Pour spectaculaire que l’accident a été, il n’y a pas, à ce jour, de mort d’homme ou de femme enregistré, mais le chauffeur du poids lourd, lui, reste en détention pendant que la dame au téléphone qui tue est libre comme l’air. Et le Premier ministre réclame la collaboration de tous pour faire reculer les accidents de la route !
Si le bilan des victimes de l’asphalte est impressionnant, si la conquête de l’Ouest pour mettre hors d’état de nuire les barons locaux ne ressemble plus qu’à un mauvais feuilleton, le soleil, lui, s’est étrangement couché à l’Est, cette semaine.
C’est rare, surtout sous un régime aussi oppressif, partisan et privilégiant l’embrigadement aveugle que, non pas des seconds couteaux, mais de tout petits canifs arrivent à pratiquer des entailles aussi visibles dans l’armure des puissants.
La saga du Conseil de district de Flacq est pleine d’enseignements. C’est l’histoire d’une résistance en interne qui ne s’est jamais vue au MSM où on fait vœu permanent d’allégeance, de fidélité et où l’on n’hésite pas à comparer le leader à Jésus juste parce qu’il est, par le plus pur des hasards, né un 25 décembre.
C’est l’histoire d’un protégé de ministre, Kishore Kumar Jeewooth,qui essuye une motion de blâme et qui, fort de ses soutiens, choisit d’ignorer le désaveu et de continuer à chauffer le fauteuil de président du Conseil de district. Or, loin de s’avouer vaincu devant l’inacceptable inertie du ministre Anwar Husnoo, le conseiller Chandra Dev Bundhoo qui est, depuis vendredi, le nouveau président de Flacq, a porté le dossier devant la Cour suprême.
Le juge Patrick Kam Sing a convoqué le ministre des Administrations Régionales, jeudi dernier, pour entendre ses explications. Mais tous au gouvernement redoutant l’issue inéluctable de l’affaire, ils ont préféré obtempérer et révoquer le président en sursis et en surplace Jeewooth, avant de se voir administrer une claque par le judiciaire.
En filigrane de cette affaire, la vraie fausse menace de démission du ministre de l’Agro-Industrie, Vikram Hurdoyal. Les défections, cela ne fait peut-être que commencer parce qu’à l’approche des échéances, des envies d’ailleurs vont, sans doute, naître en nombre.
L’année se termine quand même bien pour le MSM. Depuis que le protagoniste de la Stag Party a été mutée aux Affaires Étrangères, le dîner de fin d’année du corps diplomatique a été transformé en fête de fin d’année du parti orange au Sun Trust. Les clichés choisis par un confrère pour illustrer la participation à un exercice qui, jadis, était très solennel, sont éloquents.
Entre ceux qui démontrent toute leur obséquiosité vis-à-vis de leur bienfaiteur et qui confirment ainsi leur statut de goalkeeper et les proches parents, il y avait aussi, ce 27 décembre à l’Hôtel Hilton, l’avouée personnelle du chef et même les banians poissons qui sont probablement aussi nuls en géopolitique qu’en relations internationales, si ce n’est en géographie élémentaire.
Mais ces photos ont eu moins un mérite. Elles confirment qu’avec ce régime, entre famille, petits copains, parti et État, il y a plus que la confusion. Il y a une collusion malsaine. Espérons que ceux qui aspirent à remplacer ces individus qui n’ont aucune stature d’homme d’État et qui n’ont aucune notion de la ligne de démarcation qui devrait exister entre parti et État, s’engagent à promouvoir une vraie culture républicaine.
Parce qu’il y a une vraie urgence à restaurer l’impartialité de l’État. Et que l’année 2024 soit celle, non pas des promesses matérialistes qui infantilisent les électeurs, mais celle d’une gestion qui rassure par son exemplarité à tous les niveaux.

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