Rafah : une catastrophe humanitaire annoncée

Au départ, le gouvernement israélien avait décrété qu’il allait faire disparaître les traces du Hamas de la bande de Gaza. Dans un premier temps, les grandes démocraties ont accepté que le gouvernement israélien pratique la loi du talion et venge ses centaines de morts du 7 octobre par des dizaines de milliers de morts de civils palestiniens comprenant, vieillards, hommes, femmes, enfants et bébé. Pour mener à bien son « projet », tacitement accepté par les grandes démocraties — qui en plus lui fournissent les armes pour le réaliser —, le gouvernement israélien a obligé plus de deux millions de Palestiniens à abandonner tout ce qu’ils avaient dans le nord pour se réfugier au sud de la bande de Gaza. Plus de deux millions de Palestiniens ont dû fuir leurs habitations systématiquement bombardées et réduites en ruines par l’armée israélienne. Aujourd’hui, ce qui reste des bâtiments de Gaza n’a rien à envier avec ce que l’armée syrienne — et les combattant de Daesh — ont fait de villes entières en Syrie. Il ne reste que des ruines, du déluge de bombes — fournies par les grandes démocraties, pourtant à cheval sur le respect des lois quand il s’agit des autres. Des ruines d’où les humains ont été chassés. Tout au moins ceux qui n’ont pas été tués dans les bombardements. N’ayant pas réussi à « exterminer » ce qui reste du Hamas, le gouvernement israélien continue la destruction des bâtiments de la bande de Gaza, et son Premier ministre a annoncé son intention de raser Rafah, une des agglomérations du sud et a invité les Palestiniens à aller se réfugier ailleurs. Mais où ? Sur la lune ? Comme vient de le demander un responsable de l’Union européenne qui, comme l’ONU, n’arrête de dire que Gaza est en train de concentrer dans un espace restreint tout ce que l’on peut imaginer de foyers de maladies — ou d’épidémies — découlant de la malnutrition — certains parlent même de famine —, du manque d’eau, de vivres, de toilettes. Est-ce qu’obliger des êtres humains à survivre dans de telles conditions n’équivaut pas à un génocide ? Ah non ! disent les grandes puissances démocratiques, il ne faut pas utiliser ce genre de mots qui pourrait blesser le Premier ministre israélien. À la place, il vaut mieux utiliser le terme catastrophe humanitaire et pas « cauchemar humanitaire », terme souvent utilisé par le secrétaire général des Nations Unies, que les dirigeants des grandes démocraties ne semblent plus entendre. À moins qu’ils n’aient cessé de l’écouter.
Non satisfait d’avoir détruit les habitations de plus de deux millions de Palestiniens et provoqué une crise sanitaire d’une ampleur jamais atteinte, le Premier ministre israélien ne semble pas vouloir s’arrêter. Il a annoncé une offensive militaire terrestre de grande envergure sur la ville de Rafah. Située au sud de la bande de Gaza, cette ville, dernier centre urbain encore partiellement intact de la bande de Gaza, est considérée comme étant le dernier bastion militaire du Hamas. Du point de vue du Premier ministre israélien : elle doit donc être rasée. Depuis le 7 octobre, la population de cette ville a été multipliée par six et compte aujourd’hui 1,4 million des 2,4 millions qui habitaient la bande de Gaza. Les réfugiés et les habitants de Rafah ont été sommés par l’armée israélienne de quitter la ville pour aller plus au sud. Mais plus au sud, il n’y a rien, sinon la frontière avec l’Égypte, qui n’a aucune intention de l’ouvrir pour accueillir des réfugiés palestiniens, et… la mer. C’est cette impossibilité d’aller plus loin qui a poussé le responsable de l’Union européenne à demander si les Palestiniens devaient aller sur la lune. Il semblerait toutefois que l’annonce de la prochaine offensive de Netanyahou a enfin réveillé les grandes démocraties. Son intention de raser Rafah en repoussant les Palestiniens vers la frontière égyptienne et la mer a incité les Américains et les Européens, dont le président français, à dénoncer le danger de voir une telle offensive provoquer une catastrophe humanitaire. Ils semblent oublier — ou ne pas savoir — que bien avant l’attaque projetée sur Rafah, les Palestiniens chassés du nord pour se réfugier au sud de la bande de Gaza vivent depuis des semaines dans une situation de catastrophe humanitaire. Face à la détermination de Benyamin Netanyahou « d’exterminer » ce qui reste du Hamas à Rafah, il faudrait prendre la seule mesure susceptible de stopper le Premier ministre israélien : arrêter de lui fournir des armes. Est-ce que les grands États démocratiques qui sont ses fournisseurs — et ses bailleurs de fonds — le feront ? Ou est-ce qu’ils le laisseront réaliser la catastrophe humanitaire annoncée ?

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Jean-Claude Antoine

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