Margaret Thatcher Première Ministre… C’était il y a 45 ans.

VEENA PULTON

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Il y a des événements qui changent le cours de l’histoire et les mentalités. En 1975, un vent de changement souffle sur la classe politique en Grande-Bretagne. C’est du jamais vu. Pour la première fois, une femme est élue à la tête d’un parti politique : le Parti des Conservateurs. Cette femme, c’est Margaret Thatcher.

Le 3 mai 1979, une nouvelle ère politique s’installe dans le Pays de Sa Majesté. À l’issue de la victoire du Parti Conservateur aux élections législatives, c’est encore Margaret Thatcher qui fera la une des médias. Élue cette fois-ci Première Ministre et Première femme Cheffe du gouvernement d’une grande puissance occidentale, Margaret Thatcher briguera trois mandats consécutifs, de 1979 à 1990. Mais durant ces années de règne, le Royaume-Uni est dirigé non par une seule dame mais par deux : Sa Majesté la Reine Elisabeth II et Margaret Thatcher.

Comme tous ses prédécesseurs, la Première Ministre Margaret Thatcher s’installe au 10 Downing Street, centre névralgique du gouvernement britannique, pour y exercer ses fonctions. La porte laquée noire du 10 Downing Street, surnommé Number 10 par la presse anglaise, est un symbole historique du pouvoir britannique depuis plus de 200 ans.

Dans son livre intitulé “From Grantham to Falklands” , l’écrivain Charles Moore retrace le parcours exceptionnel de Margaret Thatcher, “fille d’un épicier et d’une couturière”, qui évolue à Grantham, sa ville natale, au sein d’une famille protestante méthodiste. Après ses études de chimie à Sommerville College de la prestigieuse Université d’Oxford, Margaret Roberts épousera Denis Thatcher, un riche industriel, celui qui restera toujours à ses côtés et avec qui elle aura des jumeaux, Mark et Carol.

À seulement 24 ans, Margaret Thatcher s’engage en politique. Elle est d’ailleurs la plus jeune femme à se porter candidate pour devenir députée. Avocate, spécialisée en droit fiscal, membre du Parti des Conservateurs, l’ascension politique de Margaret Thatcher est fulgurante. En 1959, élue à Finchley, au nord de Londres, elle restera députée jusqu’en 1992. Mais la jeune politicienne doit faire preuve d’une détermination et d’une opiniâtreté sans faille à une époque où l’engagement d’une femme en politique, qui, de surcroît, est mère de famille, n’est pas accueilli favorablement.

Ministre de l’Éducation de 1970 à 1974, l’ambition de Margaret Thatcher l’amènera finalement jusqu’au sommet de l’État britannique. Lorsque la Première Ministre s’attèle à gouverner le Royaume-Uni, le pays est déjà embourbé dans une crise sociale et économique avec une inflation galopante, aggravée par un puissant mouvement syndical. Une vague de grèves de grande ampleur paralyse le pays, ce qui restera dans l’Histoire comme “ l’hiver du mécontentement” (Winter of discontentment). Réformer afin d’enrayer le déclin et réduire les déficits, tel est le cheval de bataille de la Première Ministre. En appliquant des réformes néo-libérales, la nouvelle Cheffe du gouvernement vise à rendre une économie exsangue enfin compétitive.

Il n’y a pas de doute que Margaret Thatcher s’affirme comme “une femme de conviction et non une femme de consensus.”  Et ce n’est pas un hasard si elle est surnommée TINA “There Is No Alternative.”  En défendant avec verve ses réformes jugées radicales et impopulaires, Margaret Thatcher les assume avec son aplomb de conservatrice. D’ailleurs, elle honore, pour le meilleur et pour le pire, le sobriquet clivant Dame de fer, que lui affuble un journal russe : “You turn if you want to. The Lady’s not for turning. ”

Mais en 1981, la mort de Bobby Sands, affilié à l’IRA, (Armée républicaine irlandaise), suivie de celle d’autres détenus, en ont fait le symbole de la lutte contre « l’occupation britannique » mais également celui de l’intransigeance de la Dame de fer. En effet, Margaret Thatcher refuse de négocier avec les grévistes de la faim qui réclament le statut de prisonniers politiques. En 1984, la Première Ministre échappera de justesse à un attentat revendiqué par l’IRA.

Néanmoins, en 1982, la guerre des Malouines (Falkland Islands) entre l’Argentine et le Royaume-Uni donnera l’occasion à Margaret Thatcher de redorer son blason de Première Ministre. Lorsque, contre toute attente, les Îles Malouines situées dans l’océan Atlantique sud et occupées par le Royaume-Uni, sont envahies par la junte militaire argentine, Margaret Thatcher durcit le ton et décide de répondre par la force. Le conflit militaire alors engagé se conclut par une écrasante victoire du Royaume-Uni et contribue à la chute de la dictature militaire argentine. Margaret Thatcher dont la popularité est en berne, jouit alors d’un nouveau charisme.

1983, deuxième triomphe du Parti Conservateur aux élections et deuxième victoire de Margaret Thatcher, ce qui lui laisse les coudées franches pour poursuivre une politique de libéralisation économique. Mais en 1984, à la fermeture d’une vingtaine de mines de charbon, éclate un conflit social d’une ampleur inédite. En guise de protestation, le Syndicat national des mineurs (National Union of Mineworkers) lance une massive grève nationale émaillée d’affrontements. Mais Margaret Thatcher, sans état d’âme, fait plier le mouvement syndical par des mesures draconiennes. 

De 1985 à 1987, le “thatcherisme” vit ses plus belles années. En effet, réélue triomphalement en 1987, Margaret Thatcher accède au pouvoir pour la troisième fois consécutive. La Première Ministre peut savourer ses victoires contre le mouvement syndical, l’expansion financière de la City et l’internationalisation de l’économie britannique. Mais certains diront que c’est durant cette période que la Dame de fer commence à perdre contact avec les réalités. Beaucoup d’économistes critiqueront “sa politique trop stricte et aveugle…” mais la Dame de fer ne dévie pas de la ligne qu’elle s’est fixée.

Autant détestée qu’admirée, la popularité de Margaret Thatcher est fluctuante. En novembre 1990, celle qui n’a jamais perdu d’élections en tant que Première Ministre, sera remerciée par son propre parti, motivé officiellement par un regain d’impopularité dû à l’usure du pouvoir, à un style personnel autoritaire et à l’erreur tactique de la poll tax, projet de réforme des impôts locaux. Margaret Thatcher, jusqu’ici l’unique femme Première Ministre de l’histoire du Royaume-Uni, aura régné avec poigne pendant 11 ans et demi. C’est en 2002 que la Dame de fer se retire de la vie politique après avoir publié ses Mémoires, un ouvrage qui fera couler beaucoup d’encre. Le 8 avril 2013, Lady Margaret Thatcher tire sa révérence à l’âge de 87 ans.

“Révérée, détestée, admirée, conspuée : peu de personnalités auront provoqué des sentiments aussi intenses et contrastés que l’ancienne Première Ministre britannique, Margaret Thatcher.” (Extrait Le Monde)

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