Un chapelet de fadaises

Le leader de l’opposition a entièrement raison. La série de meetings publics tenue par le MSM, ces dix derniers jours, ont non seulement été caractérisés par une débauche de moyens indécente en ces temps de vie chère et la vulgarité de ses animateurs, mais elle a aussi été marquée par une somme considérable de fadaises débitées tant par les seconds couteaux que par leur chef lui-même, Pravind Jugnauth.

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Oui, ce fut un chapelet de fadaises là où certains avaient pu penser que ces vacances parlementaires seraient le temps de l’organisation des municipales, dont la dernière édition s’était tenue le 14 juin 2015. Une éternité! Un long moment de décrépitude pour les villes et une période plus que suffisante pour jauger la performance des conseillers et des maires. Le bilan? L’approximation d’agents politiques qui se sont improvisés gestionnaires.
Non, pas de municipales en vue, même si elles doivent, en principe, se dérouler avant juin 2023, soit à une année de la campagne pour les prochaines élections générales. À moins que ce ne soit un nouveau renvoi qui soit à l’agenda du gouvernement.

Lors de ces sorties publiques au quotidien, rien sur les échéances démocratiques et rien sur ce qui touche à la vie des Mauriciens. Pas un mot sur le maintien des taxes obsolètes sur le prix du carburant, comme celle prélevée pour les vaccins, alors même que le pays n’en achète plus et qu’il est en train d’administrer des doses périmées à la population.
Non, rien de sérieux. Et toujours pas le moindre commentaire sur les indélicatesses de son député Kenny Dhunoo tant sur le sol mauricien qu’à l’étranger. Il y eut aussi beaucoup de platitudes dans ces éructations répétitives. Elles se sont aussi souvent transformées en auto-buts dans un exercice ridicule d’auto-flagellation.

À bien y voir, ces rassemblements étaient, en fait, une réponse à la campagne de Sherry Singh contre son ancien “mam kole”, le leader du MSM. Sa déposition à la police suivant l’accusation de “sniffing” n’a produit aucun résultat jusqu’ici. L’essentiel des interventions premier ministérielles a, en effet, eu pour cible l’ancien directeur général de Mauritius Telecom, celui-là même qu’il avait installé à ce poste en 2015.

Dans son exercice de Public Notice Question, la nouvelle version de la PNQ adressée à Sherry Singh, cet ancien intime de la cuisine, Pravind Jugnauth s’est auto-administré un certificat d’incompétence. Puisqu’il vient parler de faits qui datent de 2018. Ce qu’il prétend dénoncer renvoit à sa propre gestion des affaires publiques. Soit il ne savait pas ce qui se passait, soit il le savait et il a délibérément choisi de fermer les yeux. Mais dans les deux cas, il est coupable d’ignorance ou de complicité.

Lorsqu’il vient suggérer que l’argent qui a servi à payer son épouse et son beau-frère pour l’acquisition d’un immeuble leur appartenant à Rose-Hill ne serait pas au-dessus de tout soupçon, il vient explicitement reconnaître que les vendeurs ont bénéficié de “proceeds of crime”, ce qui est un délit sous la loi de la République. Avant de débiter des fadaises, il vaut mieux réaliser un petit exercice d’introspection.

Tout aussi burlesque l’affirmation du leader du MSM selon laquelle le MMM se fourvoierait en s’associant au PMSD. Or, à moins qu’il ne souffre déjà d’amnésie à 60 ans, c’est bien sur la plate-forme d’une alliance MSM/MMM/PMSD en 2000 qu’il a, lui-même, pu enfin trouver un siège de député, après avoir été électoralement terrassé en 1995 dans la 11e circonscription, Vieux Grand-Port/Rose-Belle.

Son petit couplet sur la drogue n’en est pas moins surréaliste. Celui qui vient d’accueillir à nouveau Roubina Jadoo-Jaunboccus en son sein après qu’elle a obtenu de la Cour suprême une correction partielle des conclusions de la commission Lam Shang Leen et qui se fait représenter par nul autre que Raouf Gulbul et que les Geanchand Dewdanee et Shakeel Baulauck l’ont cotôyé de près et que des proches de ministres ont de drôles d’accointances avec les trafiquants Gurroby, il est plutôt mal placé pour donner des leçons aux autres partis politiques.

Et s’il s’en prend à Reza Uteem parce que ce dernier n’a pas défendu un trafiquant de drogue mais qu’il a plutôt défendu le droit, celui de ne pas commettre un outrage à la Cour dans l’affaire Uricek, il fait preuve d’une malhonnêteté intellectuelle évidente, sachant qu’aucun avocat du MMM ne défend des trafiquants de drogue.

Son courroux vis-à-vis du député mauve vient du fait que ce dernier lui a balancé en pleine figure à l’Assemblée Nationale, l’année dernière, qu’il peut toujours fanfaronner, additionner les milliards de drogue saisies mais qu’il n’a, à son actif, aucun baron ou gros trafiquant pris la main dans le sac, jugé, condamné et qui se retrouve derrière les barreaux. C’est assez pour clouer le bec à celui qui se présente comme le grand pourfendeur des marchands de la mort.

Et lorsqu’on sait que les 95 kilos de cocaïne arrivés en même temps que Mauricio, la première rame du tramway, et que la tractopelle qui convoyait la drogue des riches est passée, en juillet 2019, sous les yeux et le nez du Premier ministre et d’un aréopage d’officiels partis fièrement réceptionner le matériel roulant et que l’enquête n’a abouti à rien, trois ans après, et que les observations de la commission Lam Shang Leen ont été ignorées, on devrait se la jouer un peu plus modeste.
D’autant que Pravind Jugnauth et son fameux “radar” étaient apparemment tous deux hors-service et qu’ils n’ont pu détecter cette quantité considérable de drogue valant Rs 1,4 milliard. À quoi bon balancer les milliards si, derrière, personne à appréhender ni à mettre durablement hors d’état de nuire ?
Peut-être que c’est parce qu’il sait que ses sorties à répétition se sont révélées stériles que le PM a décidé de s’offrir une petite escapade, ce week-end à Rodrigues, là où ses amis de l’OPR ont été écartés de la gestion du gouvernement régional. Bonne tyrolienne et, un conseil, faut surtout porter les habits qui vont avec pour ne pas devenir la risée de la toile !

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