Un complexe profond

Ce n’est pas seulement le chef du gouvernement qui s’est couvert de honte avec le film scabreux, minable et dégueulasse qu’il a joué mardi dernier à l’Assemblée Nationale, mais le pays tout entier. Parce que les images des simagrées qui s’y sont déroulées, question téléguidée, arrangée, détails en longueur fournis suite à des supplémentaires, censées, dans la bonne et vraie tradition westminstérienne, être posées de manière spontanée suivant les réponses liminaires, sont d’un mauvais goût et d’un niveau de bassesse sans doute jamais atteint par le législatif.

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Nous n’aurions jamais voulu écrire cela mais, après le palier qui a été allègrement franchi mardi, des constats s’imposent et des évidences explosent. Il est désormais de notoriété publique que le leader du MSM, qui doit malheureusement souffrir d’un complexe profond, peut être celui du refoulé et qui demande une expertise psychologique, a une approche très particulière vis-à-vis de tout ce qui touche au sexe.
Il voit des sadiques et des pervers partout, sauf dans son camp où de vrais détraqués ne manquent pas. Qui ne se souvient de ce député qui prenait des photos de son sexe depuis l’enceinte du Parlement pour les envoyer à une dulcinée qu’il convoitait et de ceux qui participent à des parties, stag ou rave non loin de Grand-Bassin, peut-être pour aller vite se racheter après leurs escapades libidineuses.

Il cible, comme porté par une obsession maladive, la vie intime de Navin Ramgoolam. Maintenant, ce n’est plus le Viagra qui se trouvait dans les coffres saisis en 2015, mais des comprimés, des stimulants et des boosters à la testostérone.
Hier, c’étaient des expressions comme “coulouté” balancées sur des estrades publiques pour parler de la “sirène”. Avant-hier, c’étaient des propos comme les pères de famille qui se sentiraient rassurés de laisser leurs filles dans une chambre seules avec lui, contrairement à ce qu’il considère comme de dangereux prédateurs à la tête de tous les autres partis politiques.

Le plus triste dans ce qui a suivi la minable tirade qui a souillé l’hémicycle, mardi, c’est que, furieux, des opposants ont investi la toile pour s’en prendre copieusement et sans ménagement, non seulement au Premier ministre lui-même, affublé de tous les épithètes, mais à ses proches qui ont été traités de tous les noms. Voilà où mène une sortie orchestrée pour tenter de diminuer un adversaire !

Sooroojdev Phokeer, de qui plus personne n’attend le moindre sursaut, a laissé faire tout au long de cette séquence morbide montrant qu’il est plus que jamais complice de toutes les manœuvres grotesques de la majorité. Il a non seulement autorisé des réponses qui n’avaient rien à voir avec l’intérêt public, mais il a même accepté qu’à un moment. l’ancien PM travailliste soit désigné comme la “bête”, selon un script qui avait déjà été écrit pour lui par ses écrivassiers de bas étage, probablement atteints de la même frustration pathologique.

Le plus révoltant est que cet agent du MSM installé au perchoir a systématiquement empêché les élus de l’opposition de s’interposer et d’invoquer la violation flagrante des Standing Orders. C’était carrément du bullying face à tout député de l’opposition qui, ne pouvant plus accepter un tel spectacle affligeant, tentait de faire entendre raison au PM. C’était soit des excuses, soit l’expulsion directe.

Il n’y a pas que l’obsession de Pravind Jugnauth pour la vie personnelle de Navin Ramgoolam qui suscite de légitimes interrogations. Sa nervosité s’est décuplée depuis le 1er mai. En jouant au matamore et en y allant tout seul, la vérité lui a brutalement éclaté au visage. Malgré les énormes moyens déployés, ce fut un bide.
Il comptait peut-être sur ce test pour tenir les municipales après des sorties bien orchestrées dans les agglomérations urbaines, mais il a dû redescendre sur terre et mesurer que lui-même autant que son gouvernement n’avaient pas les faveurs de la population. C’est cette même nervosité qui explique son incroyable agressivité et sa vulgarité le 12 mai face aux journalistes à l’occasion de l’inauguration de l’auto-pont du Quai D.

Devant faire face à la dure réalité et pas démocrate pour un sou, tout l’a déjà prouvé, le PM a procédé au renvoi des élections municipales à 2025, à la limite de l’échéance. Les dernières municipales remontent au 14 juin 2015. Les électeurs des villes devront continuer à s’accommoder de médiocres administrateurs et de villes agonisantes pour encore deux ans.
Une provocation dont ils se souviendront certainement au moment d’être appelés aux urnes pour les élections générales qui, elles, ne peuvent pas être renvoyées par un texte laconique voté à majorité simple selon les caprices de ceux qui se considèrent comme les puissants du jour.

Sans craindre de paraître ridicule, ce n’est pas le ministre des Administrations Régionales, ce fidèle bibelot acquis par le MSM, qui a été envoyé au front pour trouver une explication foireuse au renvoi du scrutin urbain, mais le ministre passe-partout Avinash Teeluck, flanqué du ministre Soodesh Callychurn – qui, lui, a oublié d’inclure sur son application Mopri la comparaison des prix de l’essence avec d’autres pays pour démontrer à quel point ce gouvernement pille littéralement les consommateurs – et de Sandra Mayotte, celle qui se plaît à jouer avec délectation les faire-valoir.

Dans un tel paysage sinistre avec tous les vents contraires s’abattant sur lui, gageons que le gouvernement n’aura d’autre choix que de faire ce qu’il sait faire de mieux, continuer à endetter le pays, défoncer la caisse et distribuer des cadeaux aux seniors et à d’autres dans le prochain budget pré-électoral.

Et le plus triste est qu’il s’en trouvera parmi les personnes du 3e âge, ceux et celles qui applaudiront, en oubliant que c’est sans doute avec les Rs 10 milliards ponctionnés du réservoir d’essence de leurs enfants et petits-enfants qu’ils seront augmentés !
Josie Lebrasse

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