ATTEINTE DE SPINA-BIFIDA : À 17 ans, Jaya Chekori gère sa propre boutique artisanale

Elle n’a que 17 ans et malgré son handicap qui la contraint à se déplacer en fauteuil roulant, Jaya Chekori gère sa propre boutique artisanale, ouverte depuis un an et demi à Rivière-du-Rempart. Colliers, bracelets, peintures sur verre ou encore chemins de tables joliment cousus, la jeune fille a bravé les nombreux défis de la vie avec l’aide de ses proches pour se tenir sur ses propres pieds. Elle lorgne aujourd’hui les hôtels pour écouler les produits dont la beauté éclôt de ses jeunes mains habiles.
Jaya Chekori est une jeune fille très émotive. Lorsque nous engageons avec elle la conversation pour la première fois, nous la sentons tendue. Des sentiments liés à un parcours semé d’embûches affleurent en elle. Mais, au fond, c’est aussi une jeune très courageuse qui a su passer outre son handicap pour s’ouvrir à la vie, dans tout ce qu’elle a de plus digne, à travers le travail. Lorsque nous nous rendons chez elle, à Rivière-du-Rempart, Jaya prend la peine de se déplacer sur son fauteuil motorisé pour nous accueillir à l’extérieur.
Atteinte d’une malformation de la moelle épinière qui l’a toujours privée de mobilité et qui l’a jusqu’ici soumise à une dizaine d’interventions chirurgicales, Jaya développe tôt une inclination pour les créations manuelles. À l’âge de six ans, elle s’envole pour l’île de La Réunion en vue d’une opération chirurgicale. À l’hôtel, elle fait la connaissance d’un groupe de Français parmi lequel une femme en particulier tissera vite avec elle une longue amitié. Jaya se voit offrir de cette dernière un coffret kit pour création de bijoux de fantaisie. « Quand elle a subi cette opération, elle était plâtrée jusqu’aux hanches et c’est en étant allongée sur le lit qu’elle a commencé à confectionner un bracelet pour sa nouvelle amie », raconte la mère de Jaya.
Un présent qui devait être le point de départ d’une grande aventure pour la fillette d’alors. « J’ai gardé le contact avec cette amie qui doit nous visiter l’an prochain à l’occasion du mariage de ma soeur ». Cette correspondante, comme l’appelle Jaya, est âgée de 75 ans… « Elle encourage toujours Jaya dans tout ce qu’elle fait » ajoute la mère.
Si elle est scolarisée jusqu’en Form I, Jaya est contrainte de mettre fin à ses études à cause de ses conditions physiques. À 13 ans, elle s’inscrit donc à un cours de peinture sur toile au Centre social de Rivière-du-Rempart. Par la suite, comme elle ne peut effectuer aisément de longs trajets, c’est sa mère qui s’inscrit à un cours à la SMEDA de Triolet en vue de transmettre les connaissances à sa fille. Lorsque celle-ci prend connaissance de ce qu’a appris sa mère à la SMEDA, elle est emballée. Sa vision va loin. Elle se voit tout de suite à la tête de sa propre boutique. À l’aide de ses parents, une pièce non utilisée de leur résidence est alors transformée en boutique artisanale… C’est ainsi qu’est née Jaya Collections il y a un an et demi. Ici, elle écoule ses produits faits main : chaînes fantaisie pour mariage, bracelets, bougies, taies d’oreiller, chemins de table, peinture sur tissus et sur verre, plateau en verre peint avec des voeux de Joyeux anniversaire… Des objets artisanaux à offrir pour diverses occasions.
« Pour l’heure, ce sont surtout mes voisins qui constituent la majorité de ma clientèle », explique la jeune entrepreneuse. Quant aux parents, pour aider leur fille, ils s’occupent du marketing et approchent les hôtels de la région tout en leur laissant des dépliants sur la boutique de Jaya. Son père, qui est policier, se charge de lui procurer les matières premières en se rendant dans la capitale. « Je travaille aussi sur commande. Par exemple, il y a une touriste qui a commandé une carte de Maurice confectionnée à partir de bougies et de petits cailloux. Parfois, je fais aussi des recherches sur Internet pour m’inspirer ».
Les jours de semaine, lorsqu’elle n’a pas de commande, Jaya se rend au Northern Day Care Centre de Roche-Noire où des personnes avec divers types de handicap s’initient à la poésie, au chant et à des activités telles le badminton et le domino. Jaya est toute fière d’elle lorsque sa mère lui propose de nous montrer les deux médailles qu’elle a raflées suite à un tournoi de dominos.
Outre ses parents, il y a également sa soeur aînée, qui l’aide en faisant le bouche-à-oreille pour augmenter sa clientèle. « Tous les membres de ma famille m’aident. Même mes grands-parents ». Elle se dit reconnaissante envers ces derniers de même qu’à la Global Rainbow Foundation qui lui a offert un fauteuil motorisé. À travers cette ONG, elle a aussi fait une demande pour un cours en informatique afin d’approfondir ses connaissances en la matière. « Avec le fauteuil motorisé, je suis plus indépendante. Avant, il fallait que ma mère m’aide en poussant mon fauteuil et c’était difficile quand il y avait des pentes. Aujourd’hui, j’ai ma BMW… » lâche-t-elle avec humour. Sa mère ajoute : « Elle me fait désormais courir si tant est qu’elle va vite. Elle dispose même d’un klaxon ! ».
Jaya se dit « très satisfaite de (s)on travail. J’aimerais suivre un cours en Art & Design pour améliorer mes compétences ». Ses rêves aujourd’hui : voir s’agrandir sa boutique et élargir sa clientèle. Ceux souhaitant se procurer les bijoux fantaisie et autres objets artisanaux de Jaya peuvent la contacter au 412 91 69 ou au 5754 41 53 ou par email : jayachekori@yahoo.com. Il est aussi possible de découvrir ses produits en tapant jayacollections sur Internet.

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