L’hôpital: on y soigne aussi…

GAËTAN JACQUETTE

Je reviens d’un séjour à l’hôpital Victoria au Ward 8 Male (dans un nouveau bâtiment). Un précédent séjour il y a quelques années ne m’avait pas laissé que de bons souvenirs, mais cette fois-ci j’ai été agréablement surpris.

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On n’a pas lésiné sur les tests: écho, ECG, prise de sang, tout. Dans la salle d’opération j’étais entouré d’une dizaine de personnes comprenant anesthésistes et médecins qui me rassuraient à chaque étape avant l’arrivée du spécialiste. Je sentais que je pouvais leur confier ma vie les yeux fermés. Ce que j’ai fait d’ailleurs.

Lorsque je rouvrais les yeux on m’a retourné à mon lit et le personnel est aux petits soins pour rendre votre séjour agréable, vous donnant même l’envie de … revenir après un séjour trop bref. Au lit j’étais immobilisé avec le sérum au bras et une sonde ailleurs. C’est un long tube que l’on vous met dans … que l’on vous enfonce dans … enfin, que l’on introduit dans le but d’évacuer le sang provoqué par l’opération. Certes, je n’ai pas été charcuté puisque l’intervention a été réalisée au laser, mais il y avait du sang à l’intérieur. Avec une grande quantité de liquide que l’on introduit goutte à goutte dans la vessie, on évacue le sang à travers ce tube. Cet exercice s’appelle ‘wash-out’, un terme que j’ai appris par une doctoresse qui était venue me visiter le soir de l’opération pour voir si tout allait bien. Il y a donc un service ‘après-vente’ qui fonctionne même le soir! Du côté des soins, absolument rien à dire.

C’est du côté matériel que cela laisse beaucoup à désirer. Il y a trois cabines de douche pour vingt-six patients, c’est bien. Mais l’une est depuis longtemps devenue une remise où l’on range bassines, cuvettes et autres urinoirs. Douche disparue. La deuxième est libre, mais ici aussi la douche a disparu. Il y a donc une seule cabine qui fonctionne, et les patients doivent faire la queue pour prendre leur douche. Il y a deux lavabos, mais l’un n’a plus de robinet. Depuis combien de temps? Encore la queue. L’ampoule qui éclaire les lavabos est grillée, on ne la remplace pas. Les patients se rasent dans le noir.

En ce qui concerne les lieux d’aisance il y a deux cabines. L’une d’elle a une porte qui ne se ferme plus: pour l’intimité il faudra repasser. Un jour où j’étais assis dans cette cabine – l’autre était occupée – un technicien de surface a tiré doucement la porte pour ne pas m’importuner…, a passé la serpillière autour de mes pieds, délicatement toujours pour ne pas me déranger, a repoussé la porte et continué son travail. Cela me rappelle un épisode de Mr Bean où un monsieur s’est retrouvé dans presque la même situation avec Mr Bean derrière lui dans la cabine.

Mais ce qui est vraiment inacceptable c’est le grand nombre de cafards ayant infesté les guéridons des malades. Si par malheur vous y avez déposé votre nourriture ou des biscuits, ils viennent immédiatement voir si ce que vous mangez est à leur goût. Ils ne se contentent pas de se cantonner à votre guéridon, ils viennent faire du tourisme sur votre lit, surtout le soir. Ils n’hésitent pas à vous marcher dessus, histoire de bien vous faire comprendre que vous êtes un squatter sur leur terrain de jeu. Franchement dégoûtant. Dès le premier jour de mon arrivée j’ai dû demander à ma famille de m’apporter une bombe d’insecticide pour arroser mon guéridon à l’intérieur, à l’extérieur, le lit dessus, dessous, partout.

Avec les dizaines de milliards de roupies du budget de la Santé, difficile de comprendre comment on ne parvient pas à trouver quelques centaines de roupies pour acheter des bombes d’insecticide afin d’éradiquer cette peste pour le confort des malades.

C’est le seul nuage qui a assombri un séjour, qui aurait pu être parfait.

P.S. À peine rentré chez moi que j’ai dû – deux ou trois jours après – retourner à l’hôpital pour une bronchite. J’étais l’un des quelque 5,000 patients de la recrudescence de maladies des voies respiratoires en ce froid hivernal. Encore une fois j’ai été bien traité et je n’ai pas eu besoin de rester à l’hôpital.

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