Haro sur l’extrémisme, l’intolérance et l’obscurantisme

Une semaine après les incidents de la Citadelle, une vague d’indignation continue de se manifester à travers le pays. Même la polémique autour de la CSG, qui a émergé à la suite d’une interpellation parlementaire, n’a pas encore dissipé la colère latente qui prévaut parmi la population, toutes communautés et religions confondues.

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La population mauricienne et les chancelleries étrangères présentes dans l’île suivent avec attention les enquêtes menées par la police et la suite qui sera donnée à cette affaire. Nous assistons depuis le début de la semaine à une série d’interpellations qui se poursuivent. Une bonne quinzaine de personnes, venues de différentes régions de l’île, et faisant partie visiblement d’une bande organisée, ont été arrêtées jusqu’ici.

L’irruption de cette bande armée et masquée dans la Citadelle pour s’en prendre aux musiciens, et qui a traumatisé les spectateurs venus passer en famille un après-midi musical pour une cause philanthropique, a été condamnée à l’unanimité. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a condamné ces « actes fortement répréhensibles, qui n’ont pas leur place au sein de notre nation arc-en-ciel ». Il dira aussi que son gouvernement « condamne de façon véhémente toute forme de violence à travers le monde » et qu’il veillera à ce qu’il n’y ait « aucun compromis pour ceux qui mettent en péril notre harmonie sociale ».

Même son de cloche du côté de l’entente de l’opposition. « L’alliance Ptr-MMM-PMSD condamne le plus fermement possible l’incident qui s’est produit à la Citadelle samedi soir. Nous suivrons de très près le comportement de la police », devait ainsi laisser entendre Paul Bérenger. Jeudi, lors de l’assemblée générale de l’AHRIM, le ministre du Tourisme, Steven Obeegadoo, a, en présence de représentants du groupe hôtelier Attitude, condamné avec force ce qui s’est passé. « Nous sommes un État de droit », a-t-il rappelé.

Vendredi, c’était au tour de l’évêque de Port-Louis, Jean Michaël Durhone, d’affirmer que « Maurice s’est réveillée choquée et indignée de ce qui s’est produit à la Citadelle lors d’un concert pour célébrer les 15 ans d’un groupe hôtelier ». Ajoutant : « Des artistes se produisaient et le public s’était réuni pour célébrer la fraternité et la paix. Ce qui devait être un moment d’unité et de solidarité avec les plus pauvres s’est transformé en scène d’intimidation. »

La grande question est de savoir comment les autorités responsables de la sécurité ont pu se laisser surprendre. De même, pourquoi les officiers de sécurité présents, qui transmettent les messages des assaillants aux organisateurs, n’ont-ils pas alerté leurs supérieurs au plus haut niveau instantanément, au lieu d’intervenir pour demander l’arrêt du concert, comme l’a expliqué un coorganisateur dans l’édition de Le Mauricien de vendredi.

En ce qui nous concerne, il est inacceptable qu’une force extrémiste, que ce soit politique ou religieuse, vienne dicter à des citoyens mauriciens les musiques ou les chansons qu’ils souhaitent entendre. Si on se sert aujourd’hui d’une chanson pour prétexte afin d’entreprendre des actes de violence inacceptables, demain, ce sera quoi ? Pour des livres ? Assisterons-nous à des autodafés de livres qui déplaisent à certains ? L’extrémisme, l’intolérance et l’obscurantisme doivent être condamnés sans compromis dans une nation démocratique, multiculturelle et multireligieuse comme Maurice. C’est la raison pour laquelle la suite des enquêtes est suivie avec le plus grand intérêt.

Quant à la polémique autour de la CSG, alors que l’opposition s’est engagée dans une attaque tambour battant, Business Mauritius propose que la CSG soit limitée aux pensions de retraite. Mais le ministre de Finances, Renganaden Padayachy, reste, lui, imperturbable. Se contentant de dire qu’il est normal que tout le montant recueilli soit transféré dans le Consolidated Fund et que le budget du ministère de la Sécurité sociale fasse provision pour le paiement de la pension. Cette attitude donne actuellement lieu à des spéculations sur les sources de financement futures de la pension.

Les regards semblent en tout cas aussi tournés vers les négociations en cours entre Maurice et la Grande-Bretagne concernant le dossier Chagos, bien que personne ne veuille vendre la peau de l’ours avant… Affaire à suivre.

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