Mauvaise ère…

Les deux flics ripoux qui ont été identifiés, épinglés et déplorés cette semaine jettent à nouveau le discrédit sur cette institution nationale, déjà fortement pénalisée par des comportements peu honorables de plusieurs de ses éléments. Le phénomène des brebis galeuses au sein de la force policière locale n’est pas récent. Mais ce qui est nouveau, et louable, ce sont ces victimes qui ont pris le courage de dénoncer et d’aller même porter plainte. Aller jusqu’au bout, donc, de la vérité. Un signe du ras-le-bol des uns et des autres mauriciens face à un trop-plein d’abus en tous genres ayant gangrené le quotidien de nombreux compatriotes. Et également un signe révélateur d’une attitude qui ne trompe pas : assez joué comme ça, il est temps de se ressaisir ! Trop, c’est trop ! Il faut absolument se réveiller et prendre des actions!

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Enfin ce peuple, souvent traité de docile, voire servile, prouve donc qu’il peut sortir de sa douce torpeur et taper du poing sur la table pour se faire entendre quand il le faut. Et c’est tant mieux. Parce qu’avec la léthargie légendaire, d’une part, et la frousse des représailles, de l’autre, nombre de Mauriciens ne savent plus sur quel pied danser !

Est-ce sous l’administration d’Anil Kumar Dip que la Mauritius Police Force (MPF) connaît ses plus mauvais jours ? C’est sous la direction de cet homme pourtant salué par nombre de ses pairs à sa nomination, et ce, malgré que pesait déjà sur ses épaules l’affaire de son fils, qu’une succession de cas de policiers faisant le déshonneur de l’uniforme sont mis au jour. Outre une épidémie de “planting”, tantôt chez des opposants au régime politique en place, tantôt chez des anonymes pour des raisons pas si occultes que ça, plusieurs éléments de la MPF ont poussé la grande majorité des hommes en bleu, et qui font bien leur boulot, il faut le concéder, à baisser la tête face aux critiques et, surtout, face aux preuves et justifications de leurs actes ignobles.

Le débat autour de la corruption au sein de la police ayant été ramené dans l’actualité avec ces deux cas rapportés, l’on ne peut, une fois de plus, que réclamer une refonte en profondeur de nos services de police. Serti, cela va de soi, d’une révision des conditions de travail et des salaires. Il ne fallait pas attendre la Commission Lam Shang Leen pour comprendre que les policiers, officiers de prisons et de la douane, et autres fonctionnaires, qui succombent aux appels des sirènes qui mènent le bal du trafic de la mort le font principalement par appât du gain. Tant que les fonctionnaires seront corruptibles, l’avantage sera pour les caïds et la mafia.

Pravind Jugnauth est-il conscient de cela ? Et prend-il des mesures pour changer la donne ? Une réforme en profondeur de la force policière comprend un réapprentissage des valeurs que représente l’uniforme. L’appel pour recruter d’anciens de la police lancé cette semaine, également, se sont dits plus d’un, allait en ce sens : pour recadrer ces recrues qui ont perdu les repères et qui n’ont plus aucune notion d’intégrité, de respectabilité et d’honneur. Mais non. L’idée n’a probablement même pas effleuré les “spin doctors” de M. Jugnauth !

Quelle ironie !

La fin de cet hiver peu classique cette année, le phénomène El Niño menant la danse, est caractérisé par les catastrophes naturelles dans le monde qui s’enchaînent. Le passage de la tempête Daniel à Derna, en Libye, causant des milliers de morts, et le tremblement de terre, la semaine dernière, dans la région de Marrakech, au Maroc, réclamant des milliers de vies également, ont plongé le globe entier dans la stupeur et la tristesse. Et il ne faut pas oublier la sonnette d’alarme tirée par l’OMM. Depuis le 14 juillet dernier, l’instance a alerté les dirigeants de la planète, les priant de prendre des précautions d’urgence pour protéger les peuples et l’écosystème face au déchaînement climatique.

La responsabilité citoyenne est tout aussi bien engagée. Tant pour redorer le blason de nos policiers que pour nous protéger, ainsi que notre faune et notre flore, chaque Mauricien doit aussi prendre la responsabilité de ses actes. Il n’y aura aucun changement remarquable qui s’opérera sans l’apport de tout un chacun, marchant de pair avec des mesures nationales mises en place.

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