Non-assistance à peuple en danger…

J’ai lu avec attention dans Le Mauricien le témoignage de Ludvilla, une jeune enseignante et mère de famille, dont un bébé de 15 mois qu’elle allaite. Un vendredi matin, elle se sent mal et veut faire un test PCR mais on lui demande d’attendre lundi. Elle prend donc l’initiative de faire le test dans une clinique privée. Elle est testée positive à la Covid-19 et là, commence la galère. À la clinique, on lui dit d’attendre que le ministère de la Santé l’appelle. Elle est anxieuse et désemparée, n’ayant personne vers qui se tourner. Ce n’est que mardi qu’elle reçoit un appel du ministère mais on ne lui demande que des renseignements administratifs : nom et adresse. On ne lui propose aucun soin. C’est un Médecin à Domicile qui acceptera finalement de l’ausculter et de lui donner un traitement.

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Le parcours du combattant de Ludvilla est celui de milliers de Mauriciens depuis quelque temps. Ceux qui ont la chance d’avoir un médecin parmi leurs proches ont pu bénéficier d’un traitement. Pour les autres, c’est le parcours du combattant.

Beaucoup de Mauriciens se retrouvent donc à la maison avec des symptômes. Ils n’ont aucune indication sur la marche à suivre et, surtout, aucune information leur permettant de savoir à quel stade de la maladie ils sont et comment elle est susceptible d’évoluer. Est-ce si difficile d’établir des protocoles simples à suivre et accessibles au grand public ? des informations claires accompagnant différents scénarios ? Beaucoup de ceux qui sont morts à la maison n’avaient pas les informations qui auraient pu leur sauver la vie.

Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir s’auto-diagnostiquer. La première fois que j’ai entendu parler de l’oxymètre, c’est à travers une émission du Dr. Gujadhur. Ce petit appareil est précieux, surtout pour les personnes à risque, mais il est cher. Le Dr. Gujadhur avait proposé qu’on puisse le louer à la pharmacie. Je n’ai pas entendu de suivi à ce sujet.

Il est évident que, dans cette situation de crise, il nous faut des leaders proactifs, qui ont une vue d’ensemble de la situation et de ses implications, capables d’anticiper et de communiquer clairement et efficacement avec la population. Plus que tout, en matière de santé, la confiance est un maître-mot. Je suis persuadée que la grande majorité du personnel de santé fait son travail difficile avec beaucoup d’abnégation et de sérieux, mais peut-on ignorer totalement les témoignages de personnes qui se sont senties abandonnées dans les hôpitaux en tant que patients de la Covid-19 ? Pourquoi n’y a-t-il pas de transparence sur ce qui s’y passe et les soins accordés aux patients ?

Après avoir eu une très bonne gestion au début de la pandémie à Maurice, il y a eu un tel manque d’anticipation ou un excès de confiance, lorsqu’il y a eu un assouplissement des restrictions, que la situation est devenue hors de contrôle.  Par exemple, connaissant l’aversion des Mauriciens pour la discipline, il aurait été important de garder quelques vis serrées, quitte à les desserrer petit à petit. Connaissant le fragile état de santé d’une bonne partie de la population, souffrant de diabète et de maladies cardiovasculaires, il aurait fallu la cibler avec des informations spécifiques, destinées à la conscientiser davantage sur les risques encourus et la rassurer quant à la marche à suivre en cas de problème.

Non, nous ne sommes pas tous égaux devant la maladie, ni devant le vaccin ni même devant d’éventuels traitements. Notre devoir est de protéger les personnes les plus vulnérables. À moins que nous soyons devenus un peuple de sans-cœur, décidés à se divertir à n’importe quel prix.

La fin de l’année arrive à grands pas. Nous sommes adultes et vaccinés (ou du moins, je l’espère !) et nous n’avons besoin de personne pour faire ce qu’il convient de faire, ce qu’il est juste de faire, ce qu’il est en notre pouvoir de faire. Quelles décisions allons-nous prendre, en toute responsabilité, pour nous protéger et protéger ceux qui nous entourent ? Dans ce climat où tant de familles sont endeuillées, allons-nous vivre follement et laisser sur le bord de la route un grand nombre de nos compatriotes ? Ou allons-nous adopter un peu de sagesse, pour nous amuser et fêter en toute sécurité et en toute sobriété ?

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