Parlement : dernier virage

L’attention de toute la population sera tournée à partir de mardi vers le Parlement pour la dernière partie de la session des travaux de la 7e Assemblée nationale, qui a commencé le 21 novembre 2019. L’Assemblée sera donc dissoute automatiquement le 21 novembre prochain, à moins que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, décide de le faire bien avant, comme tout semble l’indiquer. Personne ne croit actuellement que le chef du gouvernement convoquera une élection législative partielle dans la circonscription No 10 pour remplacer l’ex-ministre Vikram Hurdoyal, qui a démissionné du Parlement après avoir été révoqué du gouvernement. Les raisons de cette révocation relèvent d’ailleurs toujours du mystère et de l’omerta. Une tentative d’Eshan Juman, du Ptr, de chercher la vérité sur ce qui s’est passé en réalité s’est heurtée au rejet de l’interpellation par le Speaker. La rumeur à l’effet que le Parlement sera dissous après l’adoption du budget va donc bon train. Ce qui fait que personne n’accorde une grande importance aux consultations prébudgétaires en cours et s’attend à un budget électoraliste.
En vérité, tous les observateurs politiques sont curieux de voir comment les parlementaires des deux côtés de la Chambre aborderont ce dernier virage, surtout que beaucoup d’entre eux ne seront plus dans l’hémicycle à la même date l’année prochaine, lors de la 8e Assemblée nationale. Il est évident que ni les parlementaires de la majorité, ni ceux de l’opposition ne feront de cadeaux aux adversaires du jour. Alors que les principaux politiques se préparent activement pour leur meeting du 1er mai, personne ne s’étonnera que le ton, d’un côté comme de l’autre, soit à la confrontation politique.
Tous les regards seront tournés vers le Speaker de l’Assemblée, qui aura à décider quelle image il voudra que la population garde de son mandat comme Speaker au Parlement. En tout cas, les sujets ne manquent pas, que ce soit pour les courses hippiques où l’écurie Maingard, qui a décidé de fermer ses portes après 17 ans d’activité, chaque semaine apportant son lot de critiques. L’opposition, elle, a déjà annoncé que ses parlementaires viendront à la charge sur plusieurs dossiers brûlants, dont l’utilisation de la piste d’atterrissage de 3 km construite à Agalega.
À propos d’Agalega, il est normal que les uns et les autres soient intéressés à visiter ce petit coin de paradis et pour voir si tout ce qu’on raconte sur l’utilisation des infrastructures aéroportuaires est avéré. On s’attend donc à ce que l’opposition revienne à la charge au sujet de la publication de l’accord conclu entre Maurice et l’Inde à propos de l’archipel. À ce stade, l’opposition n’est pas contre l’utilisation de la piste d’atterrissage pour la surveillance et la sécurité maritime de la zone économique exclusive sous le contrôle de Maurice. Il serait aussi important que toutes les parties prenantes prennent en compte l’évolution rapide de la situation dans l’océan Indien, avec la reprise des actes de piraterie au large de la Somalie, à un moment où la marine européenne est occupée à contrer les attaques des houthis contre les navires commerciaux en Mer Rouge. Ce qui a permis à la marine indienne de faire une sortie spectaculaire le 20 mars pour secourir 17 membres d’équipage du MV Ruen au cours d’une opération antipirate qui a duré deux jours. Il aurait été bon de savoir ce qu’aurait fait Maurice si les autorités militaires indiennes avaient demandé d’utiliser la piste d’atterrissage d’Agalega dans le cadre d’une telle opération. L’Inde, dans tous les cas, continue de consolider sa présence dans la région, avec des exercices militaires conjoints avec le Mozambique et la Tanzanie ces jours-ci. Intéressant à suivre sur le plan géopolitique donc.
Enfin, à Maurice, beaucoup de personnes sont dégoûtées par la guerre ouverte entre le bureau du DPP, institution constitutionnelle ayant fait ses preuves depuis l’indépendance, et la police, par le biais du commissaire et de son adjoint. Jusqu’où ira ce conflit ? De la même manière, le combat mené par le DPP pour préserver son indépendance face à la FCC nouvellement créée est suivi avec beaucoup de sympathie.

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Jean Marc Poché

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