Nouvel enjeu : Eco-Sud consolide son plaidoyer pour les droits de la nature

L’impact des crises climatiques sur les populations vulnérables analysé

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La nécessité d’octroyer un statut constitutionnel aux droits environnementaux mise en avant

À l’occasion de la Journée de la terre, observée le 22 avril, et dans le cadre des débats parlementaires sur l’Environment Bill, l’Ong EcoSud a organisé une table ronde sur les droits de la nature. Plusieurs intervenants, dont l’ancien Directeur des Poursuites Publiques (DPP), Me Satyajit Boolell, Senior Counsel, ont donné leur avis sur l’importance d’avoir un statut juridique pour la nature. Des Ong engagées dans les droits humains ont aussi témoigné de l’impact du changement climatique sur les groupes vulnérables.

« Crises environnementales et sociales : pourquoi et comment les lier aux droits de la Nature ? » Tel était le thème choisi par EcoSud pour cette table ronde, qui réunissait une dizaine d’intervenants. Rachèle Bhoyroo, chargée de communication d’Eco-Sud, indique que depuis octobre 2023, une collaboration a débuté avec 11 autres Ong œuvrant dans le domaine des droits humains.

« Nous reconnaissons que les problèmes environnementaux sont interconnectés et exigent une réponse holistique qui inclut toutes les sphères de la société. Les groupes vulnérables, qui sont souvent les plus touchés par les défis environnementaux, devraient être au premier plan des efforts politiques et de plaidoyer », fait-elle ressortir.

Elle cite en exemple les inondations, survenant toujours dans des régions où il existe une certaine précarité. Elle a fait référence aux personnes qui habitent dans des maisons en tôles et qui doivent faire face aux intempéries de plus en plus importantes. « Nous nous retrouvons aussi aujourd’hui dans un contexte où il y a des Gated Communities, qui impactent déjà les populations présentes dans ces régions, car elles sont exclues. Il faut aussi faire le lien entre la perte de la biodiversité avec de tels développements et l’impact sur les gens », ajoute-t-elle.

Autant de raisons qui poussent EcoSud à adopter une approche sociale dans son plaidoyer. « Souvent, les organisations à vocation sociale ne sont pas consultées sur des problèmes liés à l’environnement. » Des membres d’organisations comme PILS, Genderlinks, Breast Cancer Care, Ailes, Riple Association, Collectif Arc-en-Ciel ou Young Queer Alliance, entre autres, ont témoigné de l’impact des crises environnementales sur les membres des communautés vulnérables. Rachèle Bhoyroo cite l’exemple d’Inclusion Mauritius, qui s’occupe des personnes ayant de handicap physique ou intellectuel.

« Les crises environnementales, par exemple lorsqu’il y a des restrictions lors des pluies torrentielles, peuvent mener à une rupture dans leur thérapie. Malheureusement, le Disability Bill qui vient d’être voté à l’Assemblée ne fait pas mention des effets de l’urgence environnementale sur la vie des gens », précise-t-elle.

Elle prend encore l’exemple des personnes transgenres qui, font déjà face à de nombreuses discriminations. « Est-ce qu’en cas d’urgence climatique, une personne transgenre se sentirait à l’aise pour aller dans un centre de refuge ? Déjà qu’elles ont des difficultés à avoir accès au travail et au logement. C’est pour cela que nous avons voulu faire le lien entre la question environnementale et la vie des gens », se demande-t-elle.

Cette table ronde a aussi été l’occasion d’aborder la responsabilité de tout un chacun face au changement climatique. « Nous sentons que les gens ont envie de savoir. Les associations veulent écrire des projets pour leurs bénéficiaires affectés par le changement climatique. »

Dans tout cela, la question des droits de la nature a été centrale aux discussions. « À Maurice, nous avons de petites lois, mais la nature n’a pas encore de statut constitutionnel. Le nouvel Environment Bill n’en fait pas mention. Pourtant, certains pays ont déjà pris les devants dans ce domaine. Nous devrions nous en inspirer. Il n’y a pas de modèle tout fait, mais nous pourrions adapter, selon notre spécificité », déclare-t-elle.

Elle estime que les prochaines élections générales seront aussi un test pour voir quelle importance les partis politiques accorderont aux droits environnementaux dans les programmes, qui seront proposés à l’électorat.

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