Botswana : « C’est l’Afrique entière qui s’intéresse à la décolonisation »

Les représentants du Botswana qui intervenaient devant la CIJ dans l’après-midi d’hier sur les effets juridiques de la séparation de l’archipel des Chagos de Maurice en 1965, Chuchuchu Nchunga Nchunga, “Deputy Government Attorney” et Shotaro Hamanoto, ont dans leur intervention soutenu avec force que « c’est l’Afrique entière qui s’intéresse à la décolonisation ».

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Chuchuchu Nchunga Nchunga et Shotaro Hamanoto du Botswana répondaient hier devant la CIJ à une affirmation faite la veille par un représentant du Royaume-Uni selon laquelle la résolution adoptée par les Nations unies avait été entièrement rédigée par Maurice sans concertation avec les autres pays africains.

« Le moins qu’on puisse dire de manière diplomatique est que cette affirmation est regrettable », a affirmé le légiste Shotaro Hamanoto. Il a rappelé la motion présentée par le représentant du Congo aux Nations unies. De plus, la conférence des chefs d’États de l’Union africaine, dont fait partie le Botswana a en janvier dernier soutenu à l’unanimité une résolution concernant les Chagos qui s’inscrit dans le cadre de la décolonisation de l’Afrique.

Les représentants du Botswana ont également réfuté l’argument britannique selon lequel les dirigeants mauriciens étaient consentants au détachement des Chagos. Ils ont soutenu que les documents qui ont été rendus publics démontrent clairement que le Premier ministre d’alors, Harold Wilson, avait menacé de ne pas accorder l’indépendance à Maurice s’il refusait d’approuver le détachement des Chagos. Harold Wilson avait aussi utilisé un langage menaçant contre Maurice. « De manière sans équivoque, il n’y a pas eu de consentement valable », ont-ils soutenu. 

Quant au fait que cette question relevait des relations bilatérales entre Maurice et le Royaume-Uni, ils ont souligné que ce n’était pas la première fois que cet argument était utilisé par les Britanniques. Lors des débats à l’Assemblée générale des Nations unies, il avait été utilisé pas moins de 18 fois lors de l’intervention du représentant britannique. Il n’avait pas, pour autant, réussi à convaincre les membres de l’Assemblée qui avait adopté la motion avec une forte majorité. Pour eux, la Grande-Bretagne a bel et bien violé les résolutions des Nations unies, notamment la résolution 1514 qui condamne le démembrement d’un territoire avant son accession à l’indépendance. Et ils ont réclamé que le Royaume-Uni mette fin à l’occupation des Chagos immédiatement.

Auparavant, le représentant du Belize Ben Joratowitch avait dénoncé le Royaume-Uni, qui au lieu de respecter les résolutions des Nations unies, a non seulement démembré le territoire mauricien avant son accession à l’Indépendance mais a également créé immédiatement une nouvelle entité, le BIOT qui avait sa propre souveraineté.

Pour sa part, la représentante du Brésil, Regina Maria Cordeiro Dunlop, ambassadrice du Brésil auprès des Pays-Bas, a félicité la Cour internationale de justice pour son rôle dans la promotion de la paix et de la justice et pour un monde plus juste. Pour elle, les questions que la CIJ est appelée à traiter concernent non seulement la décolonisation des Chagos mais tous les cas de décolonisation qui attendent d’être réglés. Elle a également rejeté l’argument britannique selon lequel cette question ne concernait pas la CIJ mais qu’elle aurait dû trouver une solution dans le cadre d’un dialogue entre Maurice et le Royaume-Uni. Elle a observé que presque toutes les dépositions soumises par les pays insistent sur la dimension de la décolonisation et l’autodétermination. De plus, le dossier a été confié au CIJ par l’Assemblée générale des Nations unies afin que soit indiquée la ligne à suivre. Et que l’avis consultatif sera, par conséquent, remis aux Nations unies.

Pour elle, le détachement des Chagos du territoire mauricien n’était pas conforme aux législations internationales concernant l’autodétermination et la décolonisation. Elle a plaidé en faveur de l’achèvement de la décolonisation du territoire mauricien.

Les représentants de Chypre, Costa Clerides, Attorney General, Mary-Ann Stravrinides et Polyvios G. Polyviou, ont également plaidé en faveur de la décolonisation. D’entrée, le premier intervenant a dénoncé le fait que le terme base militaire est utilisé pour poursuivre la colonisation d’un pays. Il a cité le cas de Chypre dont 3% du territoire sont retenus par le Royaume-Uni comme une “british colony” afin de maintenir une base militaire. Il a considéré que la question de colonisation était plus que jamais d’actualité aujourd’hui.

Les intervenants ont également soutenu que les questions qui sont posées par l’Assemblée générale de l’ONU n’avaient rien à voir avec les relations bilatérales mais concernaient la décolonisation et le droit à l’autodétermination dans son ensemble. Ils ont également réfuté l’argument de consentement parce que les discussions entre le Royaume-Uni et Maurice se déroulaient entre un pays dominant et une colonie. Ce qui fait que les forces étaient inégales et que la Grande-Bretagne n’avait pas laissé de choix à Maurice.

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