Dans la pénombre de l’excellence

Trouvez-vous normal qu’une sélection nationale participe à une compétition mondiale, de surcroît sur invitation de sa fédération internationale, sans son entraîneur ? Inconcevable, n’est-ce pas ? Pas pour le ministère des Sports toutefois où la conception du sport est loin d’être compréhensible par les temps qui courent. Elle est même diamétralement opposée à ce qui se fait sur le terrain par la faute de ceux qui croient tout savoir en restant scotchés derrière leurs bureaux !

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C’est donc sans leur entraîneur national, nommément Kursley Visenjoue, que les quatre boxeurs de la Fédération mauricienne de boxe française savate (FMBFS) ont embarqué mercredi pour Riyad en Arabie Saoudite. Cela, dans le but de représenter le pays ce week-end lors des World Combat Games. Une compétition au cours de laquelle la République de Maurice est pourtant le porte-drapeau de l’Afrique avec autant de sélectionnés !
Sauf qu’à l’heure de monter sur le ring, les Mauriciens, plus particulièrement Brian François-Fils, récent vice-champion du monde de combat, seront privés de précieux consignes de l’entraîneur ! Alors que pourtant l’objectif est de viser une place en finale et pourquoi pas une médaille d’or face au Français Amine Feddal. Le Rodriguais voulant prendre sa revanche sur ce même adversaire après une finale des Mondiaux de combat injustement perdue le mois dernier.
L’absence de Kursley Visenjoue constitue un gros désavantage pour cette sélection nationale. Et ça, malheureusement, ceux qui ont pris cette décision n’ont pas mesuré l’ampleur des dégâts psychologiques causés à la veille d’un départ aussi important. Ces personnes comprennent-elles au moins le fonctionnement du sport et les complexités de cette discipline ? Ou encore toute l’énergie et la patience nécessaire à l’entraîneur pour préparer ses sportifs à une compétition de cette importance ?
Il semblerait que non, car au cas contraire, on ne voit pas pourquoi une institution qui se respecte n’aurait pas répondu positivement à une requête dérisoire de…Rs 60 000 ! D’autant que les quatre boxeurs ont été, eux, totalement pris en charge par les organisateurs. Est-ce à dire que si tel n’était pas le cas, le ministère des Sports aurait refusé de soutenir cette sélection ? Cela, en a tout l’air en tenant compte des raisons bancales qui ont été avancées à la fédération mauricienne pour justifier son refus de payer pour Kursley Visenjoue.
On dira donc que le sport a une fois encore perdu face à la bureaucratie. Alors que le gouvernement a approuvé, fin juillet 2021, un plan supposé propulser l’élite vers excellence ! À quoi bon toutefois si on n’est même pas capable de débourser la modique somme de Rs 60 000 pour permettre à un entraîneur national d’accompagner ses boxeurs à l’étranger ?
Aussi, est-ce cela la bonne gouvernance, quand de gros fonds publics sont régulièrement jetés par les fenêtres ? Ce qui est certain, c’est que le cas Visenjoue prouve à quel point il est devenu normal pour ce gouvernement, par le biais du ministère des Sports, de pratiquer une politique de deux poids, deux mesures.
À moins qu’on parvient à nous convaincre par quel moyen la Mauritius Football Association (MFA) a pu bénéficier, en l’espace de trois mois seulement cette année, de près de Rs 6M du gouvernement ! Alors même que sa reconnaissance légale est toujours en suspens ! Sachez aussi que ce soutien généreux est de 100 fois la somme demandée par la FMBFS !
Désormais, il est temps que le ministre des Sports, Stephan Toussaint, nous explique ce fonctionnement interpellant. Là où la compétence et l’effort sont sacrifiés au profit de la décadence et du non-sens ! D’autant que c’est la deuxième fois qu’une sélection de boxe française voyage sans Kursley Visenjoue, après août 2021 en Autriche. Forcément, dans ces conditions, on comprend la colère de ce dernier, de même que celle de ses boxeurs, dont Brian François-Fils.
Stephan Toussaint juge-t-il cette situation sportivement correct ? Lui qui disait pourtant, début juillet au Parlement, qu’il rencontrait souvent les membres de cette fédération pour discuter et, qui plus est, que son ministère allait l’aider du mieux que possible ! Est-ce en refusant de débourser la modique somme de Rs 60 000 qu’il espère booster cette communauté ? Est-ce qu’un budget annuel de Rs 300 000 est suffisant pour permettre à des sportifs de haut niveau de viser l’excellence ?
Ce dont le sport local a grandement besoin c’est de considération, notamment ces fédérations qui, trop souvent, doivent se battre contres vents et marées. Non seulement pour exister, mais également pour faire honneur à la République de Maurice. Contrairement à ceux qui ne sont même pas capables de s’affirmer au niveau régional mais qui, pourtant, sont traités comme des princes !

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