Dessine-moi un MSM

La photo du Serjeant-at-Arms prise mardi dernier devant l’Assemblée Nationale nous a inspiré le sujet du jour. Habillé en civil, dans un accoutrement improbable, celui qui tente d’extirper les députés de l’opposition sur les injonctions du vociférateur en chef de l’hémicycle a fait sensation ce jour-là. En retournant le cliché dans tous le sens, on est arrivé à la conclusion qu’il représente l’archétype du bon soldat du MSM.
Pendant que d’autres procèdent, avec raison, à des concours de dessin de Noël à l’intention des enfants, nous avons fait ici le choix d’un exercice d’identification. Pas tout à fait dérisoire ni inutile en ces temps de célébrations, mais aussi de réflexion.
À quoi reconnaît-on un pur produit du Sun Trust ? Dessine-moi le MSM. Pas de difficulté majeure pour arriver au profil type de ce qui constitue l’ossature du parti du Premier ministre. Il est, de toute façon, facile à reconnaître.
Celui qui incarne à merveille cette caractéristique de l’orange nouveau, qui n’a plus rien à faire avec l’ère SAJ, n’est autre que Sooroojdev Phokeer. Rappelé au pays en 2004 par le PM Paul Bérenger pour des faits graves commis alors qu’il était l’ambassadeur de l’île Maurice au Caire, cet affidé a obtenu coup sur coup des “bout” de son parti.
Après un autre passage calamiteux à la chancellerie de Washington, le voilà, en bon “soldat” qui a bataillé pour faire tomber Navin Ramgoolam propulsé au poste de Speaker. Et il révèle tout ce qui fait le MSM: outrance, dominer, vulgarité, parti pris, accaparement. Il va ainsi entrer dans l’histoire pour de très mauvaises raisons.
Les statistiques fournies par le leader de l’opposition à la manifestation des parlementaires de l’opposition, mardi dernier, sont tout à fait édifiantes quant au triste palmarès déjà bien éloquent de Sooroojdev Phokeer. C’est le Speaker qui détient le record des expulsions et des suspensions avec 35 cas au compteur contre zéro pour son prédécesseur, Razack Peeroo, et 5 pour celui qu’il avait remplacé, Kailash Purryag.
Le commissaire de police présente, lui aussi, tous les attributs d’un bon sujet du Sun Trust. Investi d’un poste constitutionnel, il a néanmoins décidé de se mettre exclusivement au service du nouveau roi soleil. Il est vrai qu’avec les casseroles que lui-même et son fils traînent, il a trouvé commode de n’être que l’exécuteur des basses œuvres du politicien qui occupe le ministère de l’Intérieur.
Autre phénomène type du MSM, le directeur général de la MBC, Anooj Ramsurrun. Il n’a pas toujours présenté toutes les caractéristiques d’un bon suiveur du parti actuellement au pouvoir, mais pour lui, si on ne naît pas MSM, on peut aisément le devenir. La convergence des postures et des intérêts faisant le reste.
C’est quelqu’un qui, jadis, se revendiquait rouge plus pur que sang mais qui, malgré sa belle collection de bourdes, sur fond de dérapage communautaire et d’attaque frontale contre l’Église catholique, peut partir pour faute mais aussitôt revenir pour accomplir sa mission de glorification permanente de son bienfaiteur.
Fait rarissime chez un administrateur public censé, sous le MBC Act de 82, observer une stricte neutralité ou du moins faire semblant, c’est celui qui peut déclarer “Je ne suis pas MSM, je suis Pravind Jugnauth”. Comme si ces deux postulats étaient indissociables. Mais c’est cela le MSM : le ridicule tout le temps et le grossier, souvent.
Autre individu qui est, à lui seul, un condensé des comportements du MSM, Kenny Dhunoo. Lui aussi n’a pas toujours été un enfant du sérail orange. Il fut longtemps attiré par le coq du PMSD mais est devenu, au fil des années, un enfant chéri du Sun Trust. N’a-t-il pas été promu PPS après ses frasques notoires en Inde et son agression sur un infirmier qui n’a jamais fait l’objet d’une enquête pendant que des policiers portent plainte contre des députés manifestant pacifiquement devant l’Assemblée Nationale ?
Beaucoup de députés de la cuvée 2019, à de très rares exceptions près, sont faits du même moule. De bons petits suiveurs très zélés et de bons et dociles exécutants des ordres qui leur sont donnés. Pas besoin d’échine, de principe ou de dignité pour faire un bon MSM.
Dans la précédente législature, on avait eu l’adepte de selfie très particulier réalisé dans les toilettes du Parlement. Il y a désormais des cerfs virevoltants faisant bonne chère en plein confinement dans des chasses bien gardées où ne circulent que Franklin, ses disciples et des bouteilles à 40% minimum.
Également très typé MSM dans la conduite comme dans la mentalité, ce président du Conseil de District qui a essuyé une motion de blâme, mais qui s’accroche à son siège au lieu de débarrasser le plancher. Et son leader, qui est aussi Premier ministre, trouve tout à fait normal et décent de se pavaner en sa compagnie dans les villages de l’Est !
On reconnaît aussi les purs produits du Sun Trust dans ces innombrables organismes para-publics que compte le pays. Qui de mieux qu’un MSM pour se comporter comme ce directeur à une fête de fin d’année, avec des bouteilles vidées à un rythme effréné et dont les mains, surchauffées, se sont baladées dans les plis de la robe d’une ou deux employées. C’est aussi ce MSM notoire qui a introduit le nouveau concept de team building avec chants et exercices physiques.
Il y a aussi cet autre bon soldat du MSM qui avait été accusé d’agression sexuelle sur un jeune homme, toujours à l’Est, et qui vient de bénéficier d’un non-lieu. Et après tout ça, on ose encore détailler les bouteilles achetées par l’ancien régime et parler de Macarena ! Si c’était si mal, pourquoi faire pire ? Voilà une question à laquelle pourrait répondre le Père Noël improvisé lors d’une de ses prochaines sorties publiques.
Nul besoin de revenir sur le rapport Lam Shang Leen qui s’est révélé un véritable catalogue du MSM avec un grand nombre de ses effectifs épinglés pour leur proximité avec des trafiquants de drogue notoires.
Si ce profil très typé s’est développé, c’est parce que Pravind Jugnauth en est l’inspirateur et le modèle. Il imprime une culture très particulière au sein de son parti. Ses interventions pitoyables à l’Assemblée Nationale étant la plus éloquente des illustrations.
Josie Lebrasse

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