Tourisme – Grand-Baie Bazar : Les opérateurs crient leur désespoir

Il n’y a pas que la New Wing du Marché central, connue comme le « bazar touris », qui est presque déserte. Aménagé en l’an 2000 dans une structure en tôle, Grand-Baie Bazar, un lieu très visité par de touristes, est resté fermé depuis le premier jour du confinement.

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Alain Dawoo occupait un étal dans ce marché depuis 20 ans. ll y vendait des produits artisanaux aux touristes. Il avait quatre employés sous sa charge. Il leur a offert une compensation avant de les forcer au chômage car il ne travaille pas depuis le premier jour du confinement. « En tant que père de famille et grand-père, ce n’était pas facile de prendre une telle décision et de me séparer des employés qui étaient toujours à vos côtés dans des moments difficiles », confie Alain au Mauricien, la voix remplie d’émotion. « Je n’avais malheureusement pas le choix. Je n’arrive plus à payer mon loyer. Je me retrouve chaque jour enfoncé dans la spirale de la dette. C’est insoutenable. » Alain a frappé tout récemment à la porte d’une institution bancaire pour solliciter un emprunt. « Je n’ai reçu qu’une partie de la somme. Ranbours det a drwat a gos, somm la disparet landemin mem. Nepli kone ki pou fer. Sitiasion byen dir », avoue-t-il.

Ils sont une centaine de locataires d’étal qui se trouvent dans la même situation qu’Alain. Les affaires ne marchent plus pour eux depuis la propagation du coronavirus. « Mais avec la fermeture des frontières, il n’a y aucun touriste qui vient à Maurice. Je dois me conformer à la décision qui a été prise dans le sillage de la COVID-19 Act qui a accordé un moratoire de six mois pour le paiement du loyer aux propriétaires par tranches de septembre 2020 à 2021. Cette mesure concerne les locaux commerciaux. Bizin atan ki pou fer ? »

King Leung Pah Hang, le directeur de Bazar Grand-Baie, ne sait plus où donner la tête. Il a rencontré quelques locataires lors d’une réunion il y a deux semaines. « Je leur ai proposé de me payer 40% du loyer à partir du mois d’avril jusqu’à la fin du mois d’août. Ils n’ont pas pu honorer leur engagement jusqu’à l’heure. La situation est catastrophique. Mo finn oblize ferm bazar. Mo nepli kone kot pou met la tet. C’est triste de laisser mourir un business pour lequel j’avais consacré beaucoup de temps. »

King Leung Pah Hang lance un appel au gouvernement : « Il faut rouvrir les frontières. » Il sait pertinemment bien, dit-il, que ce n’est pas facile de prendre une telle décision. « Nous devons apprendre à vivre avec le coronavirus. Le gouvernement doit mettre chacun devant ses responsabilités en imposant des mesures strictes qu’il faut respecter. Finn ariv ler pou ouvrir frontier. Parski ena bocou fami ki depann lor sekter touristik dans Moris. Sinon kapav ena bocou vol avek violeans, agresivite. »

Mijoree loue un espace à Grand-Baie Bazar depuis 20 ans. Il s’est spécialisé dans la vente de produits artisanaux. « Je n’ai pas travaillé pendant trois mois. Les activités peinent à démarrer. Comme je travaille principalement avec les touristes, je suis au chômage, je n’ai pas de revenus. Pa pe kapav pay lokasion pou lemoman. Nou ti pou kapav soufle inpe si gouvernman ti donne enn ti ede. Parski nou pa kone ziska kan frontier pou ferme pou rekomans travay. »

Simla P. est mère de trois enfants, âgés entre six et 26 ans. Elle occupe elle aussi un étal depuis 20 ans. « Je ne m’attendais pas à vivre une telle situation. Jamais. Mes deux enfants et mon époux sont au chômage. Nous vivons un cauchemar tous les jours. Nous traversons des moments difficiles. Je souhaite que la situation retourne à la normale le plus vite possible et que le gouvernement fasse un effort pour nous soulager. »

Devi est très inquiète pour l’avenir. Elle travaille, elle aussi, depuis 20 ans dans ce marché. Elle a entendu parler d’un plan d’aide des autorités pour le secteur touristique. En attendant l’arrivée des clients, elle va dans son magasin chaque matin pour mettre de l’ordre et se débarrasser des produits qui, à ce jour, ne valent plus grand-chose. « Zot fini abime dan peryod konfinnman. » Pour sa part, Joseph qui opère dans cet endroit depuis une vingtaine d’années, dira : « Nous ne pouvons plus payer nos loyers. Nous souhaitons que l’Etat nous vienne en aide à travers le Government Wage Assistance Scheme. »

Les locataires écrivent aux autorités

Dans une lettre adressée en date du 3 juillet aux autorités, le Stall Owner of Grand-Baie Public Market souligne : « We have learned that the Mauritius Revenue Authority (MRA) is ensuring the survival of those business who are directly related to the tourism sector by helping them to pay their employees, rent among others. We have been aware by the owner of Grand-Baie Public Market that his company does not pay for any sort of touristic licences to the Tourism Authority, hence disabling us to be eligible to apply this scheme. We hereby pray the relevant Authority to provide us with a remedy by allowing us to participate in the scheme of the Mauritius Revenue Authority. »

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