Suites courues d’avance : Air Mauritius débarque la présidente de l’AMCCA

Yogita Baboo a reçu sa lettre de licenciement hier Radhakrishna Sadien dit continuer le combat contre cette décision d’Air Mauritius au niveau international

« Management has no alternative, in good faith, then to terminate your employment, with immediate effect, on grounds of misconduct, inasmuch as your acts and doings are tantamount to a “faute grave”. » Ainsi est libellée la partie clé de la lettre de licenciement adressée à l’hôtesse de l’air Yogita Baboo, signée de Jean Bernard Sadien, Head of Human Resources d’Air Mauritius Ltd, compagnie pilotée par le duo Ken Arian, CEO, d’Airport Holdings Ltd, compagnie d’État, unique actionnaire d’Air Maurtius, et Krešimir Kučko, CEO de MK. Ainsi est mis, d’un trait de plume, fin à une carrière de 27 ans de service – dont les deux dernières, “on leave without pay” – qui avait démarré les rêves plein la tête en 1996.

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Le management de MK pousse sa petitesse jusqu’à exiger que les cartes d’identité MK et DCA et tout autre bien de la société soit retournée au siège de la compagnie dès ce 11 juillet avant la fermeture des bureaux.

Dès qu’Air Mauritius Ltd a envoyé sa lettre de convocation à un comité disciplinaire à celle qui est également présidente de l’Air Mauritius Cabin Crew Association, pour ses propos en tant que syndicaliste tenus sur une radio privée, il ne faisait aucun doute que le but de la compagnie aérienne était de se débarrasser de Yogita Baboo – quitte à devoir la compenser lourdement par la suite – parce qu’elle est syndicaliste de MK et a traîné le management de la compagnie à l’Employment Relations Tribunal (ERT) qui, et ce n’est pas un hasard, est actuellement dans la phase finale du litige opposant l’AMCCA à MK, où son “cross-examination” pourrait valoir à Air Mauritius de compenser lourdement le personnel navigant après l’épisode du Covid et de l’administration volontaire.

Radhakrishna Sadien, président de la State Employees and Other Federation (SEOF) et de la Congress of Independant Trade Unions (CITU), se dit « choqué, mais pas étonné » de la décision d’Air Mauritius dans un contexte où d’autres représentants syndicaux, dans d’autres institutions étatiques, sont aussi, dit-il, « victimes d’oser dénoncer les travers du management et des passe-droits » au sein de leurs entreprises.

L’expérimenté syndicaliste ne compte cependant pas se laisser intimider par cette décision de MK et a déclaré au Mauricien hier soir : « I will continue with what I started at international level and CITU will accelerate the procedures with ILO against Air Mauritius Ltd. At a local level, we will meet SEOF executive committee and lawyers to decide the course of action to support Miss Baboo. »

Yogita Baboo, encore sous le choc, n’avait pas répondu aux sollicitations du Mauricien hier soir au sujet de sa lettre de licenciement, dont copie a été envoyée à l’AMCCA par Air Mauritius, qui espère par la même occasion mettre un frein aux velléités du syndicat. Ainsi que mettre au pas ceux qui voudraient poursuivre l’action de sa présidente, comme ceux d’autres départements de la compagnie aérienne nationale, qui n’ont signifié aucune empathie envers leur collègue.

Dans la lettre de licenciement, la direction de MK dit se référer à l’audience disciplinaire qui s’est tenue le 5 juillet, au cours de laquelle Yogita Baboo a eu l’occasion de répondre à plusieurs chefs d’accusation qui avaient été retenus contre elle par voie de lettre, datée du 23 juin, et concernant plusieurs déclarations qu’elle avait faite au cours d’une émission en direct sur Top FM Radio et Top TV Mauritius, le 25 avril.

« Imperative for you to have answered the charges »

« Management notes that you had the assistance of both a representative of the trade union and a legal representative for the purposes of the disciplinary hearing. At the outset of the disciplinary hearing, your legal representative made a statement to the effect that you would not be answering any of the charges given that they relate to your acts and doings in your capacity as the President of the Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA), and not as an employee, which led you to consider that the disciplinary hearing was illegal and, consequently, you refused to submit yourself to its jurisdiction. Following the statement made by your representatives, you chose to leave the disciplinary hearing », écrit le Head of HR d’Air Mauritius.

La direction de MK dit avoir fait le point sur les différentes dispositions légales qui ont été citées par les représentants de Yogita Baboo, à savoir les articles 30 et 31 de l’Employment Relations Act 2008 (tel que modifié) et la convention No 198 (1949) de l’Organisation internationale du travail sur le droit d’organisation et de négociation collective. « Management does not agree with their reasoning inasmuch as it holds the view that it was imperative for you to have answered the charges, in your capacity as an employee of the company, given the numerous observations, comments and remarks, which you made during the course of the afore-mentioned broadcast, and which Management considered to be allegedly derogatory, unsubstantiated, mistaken, misleading, inaccurate and/or wrong, and that despite the fact that you made such statements in your capacity as the President of AMCCA. »

La direction de MK se dit aussi d’avis que Yogita Baboo ne peut simplement pas se reposer sur l’hypothèse qu’en tant que présidente d’un syndicat, elle a le droit de faire des observations, des commentaires et des remarques, sans aucune infraction pénale, et ce, conformément à l’article 42 (3) de la loi sur la protection des données 2017 (comme modifiée).

La direction considère que les déclarations faites au cours de l’émission radio sont désobligeantes, non fondées, erronées, trompeuses, inexactes et/ou erronées, très graves et très préjudiciables, et montrent un manque total de loyauté à l’entreprise au niveau mondial. « Further, given the wide exposure, which the broadcast has been given, such prejudice has been exponentially enhanced as a result of which the image and reputation of the company as a whole, as well to those of its high-ranking officers, which you mentioned, by name, is constantly being tarnished. »

En conséquence, la direction de MK dit n’avoir d’autre choix que de mettre fin à l’emploi de Yogita Baboo, avec effet immédiat, pour faute grave, dans la mesure où elle a apporté « un trouble profond dans le fonctionnement et la marche de l’entreprise ».

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