France — Après trois nuits d’émeutes : L’angoisse des Mauriciens !

La communauté des Mauriciens vivant en France, en particulier en région parisienne, vit dans l’angoisse avec la succession de trois nuits d’émeutes d’une rare violence, affectant non seulement la capitale française, mais aussi se propageant dans les autres métropoles. Pour l’instant, le mot d’ordre demeure l’ordre et la vigilance. Mais la peur est là devant cette escalade, survenant surtout la nuit.

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Pour des Mauriciens habitant les régions périphériques, la situation se complique avec un ralentissement dans le secteur des transports publics. Avec le couvre-feu décrété dans les régions franciliennes, la tension s’est accentuée. Les stations de métro et les gares sont bondées, amplifiant la nervosité collective.

« Il y avait des attentes interminables à la gare Saint-Lazare, à Paris », confie Martine, Mauricienne qui vit dans les Yvelines et travaillant dans la capitale. « Mais heureusement, c’est le calme du côté de chez moi. Cependant, comme les émeutes et la mort du jeune Nahel sont dans toutes les conversations, nous faisons très attention à ce que nous disons. C’est trop sensible actuellement », fait-elle comprendre. « Comme les confrontations surviennent dans la soirée, nous évitons de rentrer tard. Je me suis organisée pour avoir tout ce dont j’ai besoin à portée de main. Pour ne pas sortir. D’autant qu’il y a le couvre-feu », poursuit la jeune femme.

De son côté, Chantal, qui a quitté Curepipe pour s’installer dans l’Essonne, en île de France, explique qu’elle se sent pour le moment protégée, étant loin des quartiers chauds. Mais elle reste vigilante.

A Pont de Sèvres, à trois kilomètres de Boulogne, ville où réside Joey, photographe d’origine mauricienne, des jeunes ont incendié des voitures et un garage automobile. Mais à Boulogne, il y règne un calme plat. « Ce n’est pas le genre de quartier où il pourrait avoir des émeutes. C’est pour cela que personne n’en parle dans les commerces », explique-t-il. « Mais des villes comme Châtillon et Sèvres, jusqu’à présent calmes, ont connu aussi une nuit agitée avec des pillages. Ces deux villes sont proches de la mienne. Et toutes les trois sont dans le département des Hauts de Seine, où il y a eu des émeutes », indique-t-il. Pour l’instant tout comme Chantal, il dit suivre de près les événements à travers les médias.
Charles, jeune entrepreneur mauricien dans le monde de la mode, et qui vit entre Paris et Marseille, supporte assez mal la tension qui s’est installée dans certains quartiers. Pour beaucoup de personnes, les émeutes ont ravivé des moments difficiles des attentats terroristes. Les mêmes angoisses, les mêmes crises à gérer…

De Paris, où il se trouve actuellement, il confie avoir pris connaissance des actes de vandalisme dans des endroits qu’il fréquente régulièrement lorsqu’il est à Marseille. « J’ai été épargné ! » lâche-t-il, avec un petit air de soulagement.
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Damien M. (étudiant mauricien à l’Université de Rouen) : « Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie »
« Je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. En France, il y a souvent des manifestations, mais là, je n’avais jamais vu ça. Une telle violence ! C’était comme la guerre… Ça m’a réveillé jeudi vers 1h du matin, et cela a duré jusqu’à 3h. Je suis allé dans la rue, pas loin, pour constater de visu des violences, pour avoir une idée de ce qui se passait. C’est pire qu’à la télé. J’en tremble encore.

« Partout, il y avait du feu, des départs de feu qui n’arrêtaient pas parce que les pompiers étaient débordés et que les cocktails Molotov volaient dans tous les sens. Ces jeunes, parfois très jeunes, se couvraient la tête. Ils étaient descendus en ville, pas loin de là où j’habite. Ils cassaient tout sur leur passage. Les vitrines de magasins et des commerces pas protégés. Ils étaient incontrôlables. Les forces de l’ordre ne pouvaient pas intervenir assez vite. Comme s’ils devaient éviter l’affrontement direct et ne pas exciter davantage ces jeunes en colère, et qui en voulaient à la police.

« Moi, je me suis réfugié pour ne pas être pris dans cette violence; je tremblais comme une feuille. J’ai fini par regagner mon logement, où c’était plus calme. J’ai appelé mes parents pour les rassurer. Mais dans le quartier, tout brûlait : des bâtiments officiels, les poubelles, les voitures, les distributeurs d’argent, le mobilier urbain. Les routes étaient désertes. Ça fait trois ans que je vis ici, j’ai toujours trouvé la région assez calme. Je connais pas mal de gens dans le quartier et ils sont tous choqués de l’ampleur que prennent les protestations contre les circonstances.

« Je comprends la colère, même si je pense qu’il y a d’autres moyens de s’exprimer. S’en prendre aux services publics et finalement pénaliser les travailleurs, les étudiants et les habitants, en brûlant les voitures, c’est nul. D’habitude, c’est la police qui est visée, mais là on est passé à quelque chose de plus violent, car ce sont des bien publics qui profitent à tous qui sont sabotés. Nous comprenons tous le drame par rapport à la mort de Nahel, mais ça s’est passé à Nanterre, à plus de 200 km. Pas ici. Nous espérons tous que cela va se calmer rapidement, mais nous nesavons pas… Si j’avais su, je serais rentré à Maurice pour mes vacances, mais je ne m’attendais pas à cela… J’ai eu la peur de ma vie ! »
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Eelam Buisson-Kanaksabee, adjointe au maire d’Elancourt : « Cette montée de violence fait peur »
« Depuis 3 jours bientôt, plusieurs villes de France connaissent des violences urbaines. Sur Elancourt, dans les Yvelines, on déplore des dégâts comme dans bien d’autres villes sur des zones restreintes et à des heures tardives.

Cette montée de violence fait peur bien évidemment, même si le quotidien de beaucoup de personnes n’est pas forcément impacté. Ce qui est désolant, c’est que de nombreux bâtiments publics ont été brûlés et saccagés : écoles, mairies, commissariats. Cela va prendre du temps pour se remettre de telles dégradations, sans parler des coûts engendrés. »

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